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Le syncrétisme religieux

Depuis plusieurs années, il y a une recrudescence de la spiritualité et des notions qui en découlent. Des gens de divers horizons sociaux se livrent à une quête intérieure ou encore se tournent vers l'au-delà afin de calmer leurs angoisses personnelles, de [re]trouver un équilibre dans leur vie ou pour donner un sens à leur existence.
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Depuis plusieurs années, il y a une recrudescence de la spiritualité et des notions qui en découlent. Des gens de divers horizons sociaux se livrent à une quête intérieure ou encore se tournent vers l'au-delà afin de calmer leurs angoisses personnelles, de [re]trouver un équilibre dans leur vie ou pour donner un sens à leur existence.

Souvent, pour y parvenir, ces personnes qui se prétendent spirituelles font du syncrétisme religieux, c'est-à-dire qu'ils puisent à leur guise dans les grandes religions et les différents systèmes de croyances pour ensuite les interpréter à leur manière.

C'est justement là que le bât blesse. Oui, ils se réfèrent à des notions spirituelles ou religieuses, mais celles-ci sont généralement mal comprises et donc sans véritables portées ou encore, elles sont incompatibles.

Pour mieux concevoir ces problèmes derrière le syncrétisme, voyons d'abord ce qui est entendu lorsqu'on fait référence à la spiritualité. Cela implique qu'il existe une essence ou un état supérieur au monde sensible et matériel, mais qui le transcende. La dénomination de cette essence varie d'une conception spirituelle ou religieuse à l'autre et est généralement connue sous le nom d'âme, d'esprit, de dieu, de force ou autres. Une cosmogonie s'appuie ensuite sur cette essence, c'est-à-dire qu'une conception globale de l'univers ainsi qu'un système de croyances qui en permet l'unité y tire sa source.

Ainsi, si on se réfère au christianisme, Dieu serait grosso modo le créateur de l'univers, Adam et Ève n'auraient pas respecté son commandement et ont mangé le fruit interdit. Pour les punir, Il les condamna à une vie misérable en les expulsant hors du Paradis. Et, si leurs descendants désirent y retourner un jour, ils doivent respecter les enseignements véhiculés par Jésus-Christ, le « dernier prophète », jusqu'au moment de leur mort. Il y a donc là une conception de l'univers de même qu'un système de croyances qui s'appuient sur Dieu, l'essence supérieure. Si on ne considère pas cet aspect, cette croyance s'avère futile.

Au même titre, il y a une cosmogonie pour le bouddhisme. L'univers existerait depuis toujours et l'esprit des êtres vivants y serait confiné à l'intérieur d'un cycle de réincarnations. Le but ultime des esprits est de se libérer de l'emprise du corps pour finalement ne devenir qu'un esprit pur, errant dans l'univers. Pour qu'ils y parviennent, les hommes doivent se plier aux enseignements de sagesse et de compassion établis dans le monde sensible, tel que prescrit par le bouddhisme. Encore une fois, il y a une logique à respecter et pour qu'elle soit valable, il faut accepter la prémisse de l'existence des esprits.

Il y a donc une cosmogonie dans le christianisme, le bouddhisme, aussi bien que dans toutes les autres formes spirituelles. D'ailleurs, que l'existence de l'essence soit fondée ou non n'est pas ce qui importe. Ce qui est fondamental, c'est qu'il existe un système de croyances logique et cohérent qui tire sa source de cette essence et auquel l'être humain peut se référer afin de guider son existence, de lui donner un sens.

Mais au Québec particulièrement, la cosmogonie chrétienne implantée par le clergé durant des siècles a rapidement été délaissée lors de la seconde moitié du 20e siècle, lorsque jugée trop autoritaire et dogmatique. Plusieurs personnes, qui ont longtemps cru au bienfait du système clérical pour les éclairer, se sont alors retrouvées en peu de temps sans repères existentiels et, par le fait même, devant un vide ontologique. Seulement, leur quête de sens était bien présente.

La preuve est que, un grand nombre y est allé d'une approche plus individuelle du divin pour combler ce vide. Ils ont en quelque sorte conservé les rituels phares du christianisme comme le baptême ou le mariage tout en y incorporant de nouveaux éléments extérieurs.

Du coup, depuis ce bouleversement, des mariages ont encore lieu à l'église, mais ceux-ci peuvent désormais être adaptés selon les croyances particulières des mariés. Certaines cérémonies peuvent être célébrées sous le thème de Star Wars parce qu'il s'agit d'un des films cultes des mariés en plus d'avoir grandement influencé leur génération.

Dans la même veine, lors d'un décès, plutôt que d'enterrer le défunt selon les rituels religieux traditionnels, une famille peut décider de répandre les cendres à la mer sous prétexte que, de son vivant, la personne n'a jamais été croyante, mais, comme elle était une amante de la nature et a toujours rêvé de faire une croisière, son esprit sera à l'eau à jamais.

D'autres ont pour leur part conservé certains aspects de la tradition chrétienne, tout en y incorporant des éléments d'une autre tradition spirituelle. Il n'est donc plus rare de voir un enfant se faire baptiser dans les règles de l'art du christianisme, car les parents sont issus de cette religion, mais celui-ci sera de plus familiarisé avec les rituels bouddhistes, car ils rejoignent aussi les valeurs profondes de ses parents.

Le rapport avec les saintes Écritures a également été personnalisé et est parfois même interprété de manière douteuse. Par exemple, certains en sont venus à croire que les fondements du christianisme sont erronés pour la simple et bonne raison que dans son livre Da Vinci code, Dan Brown y soutient que Jésus aurait eu un enfant avec Marie-Madeleine.

Or, un des problèmes avec ces approches syncrétiques, c'est que les cosmogonies ne sont pas respectées. En effet, en prenant pour acquis que l'au-delà existe, il n'est pas cohérent de colliger différentes croyances afin de les faire siennes, car chaque système de croyances a sa propre logique interne, qui elle, a pour objectif de procurer un sens cohérent à l'existence humaine. Chaque système de croyances fait référence à un au-delà sur lequel s'appuie l'ordre de l'univers.

On ne peut donc pas mélanger christianisme et bouddhisme par exemple puisque leur conception est diamétralement opposée. Pour l'un, l'univers est fini et contrôlé par Dieu, alors que pour l'autre, l'univers est infini et soumis aux aléas de l'esprit humain, qui lui, se trouve dans le cycle des réincarnations. Dès le départ, leurs conceptions sont incompatibles. Point.

Un autre problème du syncrétisme est lorsque les prémisses de l'existence d'essence(s) supérieure(s) ne sont pas acceptées. Le syncrétisme devient de facto illogique et sans sens, car la base du religieux ou du spirituel provient de l'au-delà, c'est-à-dire d'un Dieu, d'une force, d'esprits, etc. Si cela n'est pas accepté initialement, comment pouvoir prétendre qu'il est possible de colliger des éléments de diverses religions? C'est impossible. Il devient illogique de se prétendre spirituel, sans toutefois reconnaître l'existe d'une essence qui fonde la spiritualité à laquelle on adhère. Ces gens ne sont pas spirituels : il n'y a pas de transcendance.

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