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Manifs étudiantes: aucune compensation d'assurance pour les blessés

Cette semaine le cas du jeune Francis Grenier est venu nous rappeler une cruelle réalité. Cet étudiant en arts de 22 ans, risque de perdre l'usage d'un oeil et il ne recevra sans doute aucune compensation d'assurance. Pourquoi? À peu près toutes les polices d'assurance prêt, en cas de maladies graves ou d'invalidité et en cas de décès vont exclurent spécifiquement la compensation pour les blessures, mutilations, ou décès si l'accident s'est produit durant une manifestation ou une émeute. C'est valide ici comme à l'étranger.
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Cette semaine le cas du jeune Francis Grenier est venu nous rappeler une cruelle réalité. Cet étudiant en arts de 22 ans, risque de perdre l'usage d'un oeil et il ne recevra sans doute AUCUNE compensation d'assurance. On se souvient que l'affrontement entre étudiants et policiers du début de semaine a dégénéré violemment. Grenier s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

Comme de nombreux étudiants, il a sans doute des cartes de crédit, un prêt-auto, une marge de crédit... qui sont assurés. Ou encore, il est peut-être assuré pour la vie ou en cas de maladie grave par le régime collectif d'un de ses deux parents. En temps normal, les assurances paieraient pour les médicaments non couverts, les soins particuliers, la réhabilitation et la perte d'usage de son oeil. On comprend que cela représente des dizaines de milliers de dollars.

Mais Francis ne touchera peut-être rien du tout. Pourquoi? À peu près toutes les polices d'assurance prêt, en cas de maladies graves ou d'invalidité et en cas de décès vont EXCLURENT spécifiquement la compensation pour les blessures, mutilations, ou décès si l'accident s'est produit durant une manifestation ou une émeute. C'est valide ici comme à l'étranger.

Par exemple, en page 25 de la convention des assurances prêts de la Banque Nationale on stipule noir sur blanc que parmi les exclusions spécifiques à l'assuré figure la participation active à une émeute, agitation populaire ou insurrection. Les manifestations étudiantes répondent effectivement à la description d'une agitation populaire. On retrouve aussi ce même genre d'exclusions dans les polices d'assurance vie de la Financière Manuvie.

Quand j'ai soulevé la question avant hier sur mon compte Twitter (@fabienmajor), Isabelle Horwath (@IsabelleHorwath) étudiante en gestion des ressources humaines à l'UQAM était estomaquée. «...Et pourtant, les manifestations sont légales sur notre territoire... #ironie ou #mauvaisefoi? C'est «l'hypocrisie capitaliste », affirme-t-elle.

Oui, manifester est un droit au Canada. Mais pour un assureur, c'est un risque bien supérieur à une promenade au parc et il n'a pas l'obligation de couvrir tous vos faits et gestes. Ainsi, l'assureur ne couvrira habituellement pas les victimes de sports extrêmes, les consommateurs de stupéfiants non prescrits ou les victimes de leur témérité alors qu'ils sont en train de commettre un acte illégal.

Quant à « l'hypocrisie capitaliste », ce n'est absolument pas le cas. Les origines des assurances s'assoient sur des mesures sociales. Les assurances sont venues compenser des inégalités flagrantes entre les classes. S'assurer revient encore moins cher que de PAYER pour des soins spécifiques. L'assurance permet encore aujourd'hui de limiter les dommages collatéraux d'un drame humain ou d'un accident.

Quand même que Francis ne soit, comme le dit son père Gilles Grenier: « qu'un pacifique, pas énervé et il ne joue pas au gros bras », il s'est malheureusement trouvé au centre d'une émeute.

Qu'en pensez-vous? Les compagnies d'assurance devraient-elles revoir ces clauses?

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