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Coup de gueule d'un Juif québécois

Ce coup de gueule n'a d'autre but que d'ouvrir le débat et de ne pas retomber dans la dichotomie dans laquelle nos parents et nos grands-parents se sont enfargés. C'est à notre génération commune, israélienne, palestinienne et autre, de trouver la solution. Et celle-ci ne passe pas par les insultes.
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Je n'ai rien publié sur mon profil Facebook depuis plusieurs jours maintenant. Tous ceux qui me connaissent assez bien peuvent deviner ma peine et comprendre à quel point telle chose relève de l'exploit. J'ose penser que justement, mes «amis» Facebook, le sachant très bien, ont choisi ce moment spécifique pour m'inonder de diverses insultes et propos haineux.

«Sale vendu», «Tu comprends rien, reste dans ton monde de petit Juifs», «À cause des gens qui pensent comme toi, des enfants meurent (...)», «Je n'aime pas les sionistes comme toi»... voilà, entre autres, ce qu'est devenu mon lot quotidien depuis que le conflit israélo-palestinien fait rage. D'ailleurs, je ne suis pas le seul.

Je savais bien que les Québécois avaient la langue bien pendue et qu'ils étaient gourmands de controverses. Pourtant, je pensais que derrière ces travers se cachait le peuple le plus tolérant au monde. Aujourd'hui, je suis fâché et blessé.

Je n'ai jamais senti le besoin de prendre part au lourd et épineux débat qu'est le conflit israélo-palestinien. Ayant fait mes études secondaires dans une école de confession juive, croyez-moi quand je vous dis que j'en ai entendu parler chaque jour, opération terrestre ou non, trêve ou non.

Je pensais qu'en quittant la petite école privée de Saint-Laurent pour rejoindre le collège et l'université 100 % québécoise, je n'allais plus en entendre parler. J'ai eu tort et le plus choquant pour moi a de loin été la virulence des propos, qui m'ont atteint comme des missiles.

J'ai étudié à l'Université du Québec à Montréal en journalisme et la diversité confessionnelle et culturelle qui y régnait n'a jamais été un problème pour quiconque. Au contraire, cet éventail renforçait nos liens d'amitié.

Aujourd'hui, j'ai l'impression que mon monde a basculé. Me suis-je fourvoyé durant toutes ces années?

Il paraît que pour se disputer, il faut être deux. Justement, analysons mes torts.

J'ai pris position en faveur d'Israël publiquement. Oui, je soutiens Israël et je trouve tout à fait légitime pour l'État juif de se défendre bec et ongles pour sa survie. J'ai été «aimé» les pages Facebook des forces armées israéliennes, du premier ministre Benjamin Netanyahu, du ministère de la Défense israélienne et j'ai partagé plusieurs photos de soldats israéliens. J'ai aimé les statuts Facebook pro-israéliens de mes amis du secondaire, chose que je n'avais pas faite depuis des années. Encore là, ça pouvait aller et j'ai eu le droit qu'à seulement quelques remarques désobligeantes.

Mais c'est lors d'un rassemblement pro-israélien, mardi soir dernier, auquel j'ai assisté, que pour mes connaissances la goutte a fait déborder le vase.

De quoi était-il question? Organisé par la Fédération juive CJA, le rassemblement se voulait pacifiste et les internautes étaient invités à partager les moments forts sur Twitter, avec le hashtag #StandWithIsraël.

En bon communicateur que je suis, j'ai décidé de me prêter au jeu et cela m'a valu la haine de mes compatriotes. On m'a affublé de tous les noms, mais surtout de vouloir la mort d'un peuple. Comme si ces accusations n'étaient pas suffisantes, on m'a accusé d'être personnellement responsable des enfants morts dans la bande de Gaza.

Je suis fâché, oui. Il semblerait qu'aujourd'hui, vouloir la paix n'appartient plus qu'à un seul camp. Si je comprends bien, pour être en faveur de la sécurité des civils et des enfants, il faut être Palestinien? Laissez-moi vous dire que non, bien au contraire.

Lorsque le magazine Maclean's a ridiculisé et attaqué le peuple québécois à travers le Bonhomme Carnaval, c'est un bouclier d'indignation qui s'est levé. Lorsque le Hamas lance des missiles sur Israël, c'est un bouclier qui les déroute.

Certes, vous allez me dire que le Québec n'est pas allé envahir avec des chars d'assaut les autres provinces anglophones. Je vous répondrais qu'en 2006, les conservateurs de Stephen Harper ont accordé au Québec le droit légitime à être reconnu en tant que nation distincte et qu'en revanche, la charte du Hamas prône la destruction de l'État d'Israël tandis que la nôtre défend les droits et les libertés.

Chers lecteurs, je veux attirer votre attention sur le fait qu'être pro-palestinien aujourd'hui ne veut absolument rien dire. Se dire pro-palestinien, c'est faire preuve de démagogie. Personne de censé n'est contre le peuple palestinien, de la même façon que personne n'est contre l'écologie, l'art ou la culture!

Réveillez-vous! Israël est en guerre, mais contrairement à ce qui est dit, ce n'est pas une guerre contre les Palestiniens, mais contre le Hamas, une cellule terroriste menaçant la survie d'un peuple fort de son histoire: le peuple d'Israël.

Lorsque les journaux et les grandes chaînes télévisées parlent de massacres perpétrés par l'armée israélienne, ils oublient de dire que c'est le Hamas qui continue de bombarder Israël même en période de trêves. C'est le Hamas qui fait déclencher des centaines de sirènes aux quatre coins de ce petit pays, terrorisant des familles entières. Mais surtout, c'est le Hamas qui se sert des civils, et notamment de ses propres enfants, comme chairs à canon, pour s'assurer de la sympathie de la communauté internationale.

Bien sûr, des enfants meurent et cela n'est pas tolérable. Mais assister à une manifestation dont le slogan est #StandWithIsraël ne veut pas dire se réjouir de la mort d'innocentes personnes, mais plutôt comprendre les raisons de ce drame.

Les jeunes Israéliens sont comme moi: ils veulent la paix, mais pas au mépris de la leur.

Être de gauche aujourd'hui au Québec n'est plus tendance, comme la dernière élection provinciale l'a largement prouvé. Il faut être d'extrême gauche! Or, Québec solidaire et sa chef Françoise David (dont la botte secrète est une gentillesse qui semble sincère) surfent sur l'idée de faire du conflit israélo-palestinien le conflit Québec-Canada.

Personnellement, j'aurai plutôt vu Israël comme le village d'Astérix, entouré tel qui l'est de tous ces pays arabes, semblablement au Québec, province francophone enclavée au milieu de populations anglophones. Eh ben non. Figurez-vous que le village, jumelé au Québec, c'est la bande de Gaza.

Je n'avais pas compris tout ça. Je n'avais pas l'intention de m'immerger dans ce débat.

Je me pensais un vrai Québécois, comme tout le monde, un jeune homme immigré depuis 12 ans, vivant en parfaite harmonie et intelligence avec des gens formidables. Est-ce que mon idée générale des Québécois a changé? Non, parce que je lutte contre les amalgames, phénomène dont je suis la victime. Cependant, plus on aime, plus on est déçu.

Je réitère mon propos principal: oui, je suis pro-Israélien et oui je suis un fervent défenseur de la paix pour tous. D'ailleurs, c'est avec un grand plaisir que je rencontrais un Palestinien pour lui dire à quel point je n'ai absolument rien contre lui et que je reconnais son droit à vivre en sécurité où il le désire.

Si une telle prise de position me fait valoir mille et une insultes de mes propres amis, c'est que je me suis trompé toutes ces années sur ce Québec que j'aime passionnément et que je veux pouvoir représenter fièrement comme un fleuron de sa diversité.

Ce coup de gueule n'a d'autre but que d'ouvrir le débat et de ne pas retomber dans la dichotomie dans laquelle nos parents et nos grands-parents se sont enfargés. C'est à notre génération commune, israélienne, palestinienne et autre, de trouver la solution. Et celle-ci ne passe pas par les insultes.

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