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Chiens dangereux: le maire Coderre en guerre contre les experts?

Au lieu de se fier à la science et de consulter les experts, le maire Coderre a choisi plutôt de mener une campagne de peur en faisant du «pitbull» l'ultime responsable de toutes les failles du système actuel.
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Alors que les SPA et SPCA du Québec tentent depuis des années d'inciter les municipalités à améliorer la gestion animalière sur leurs territoires respectifs, voilà que depuis quelques mois, le Maire Coderre tente de dépeindre la SPCA de Montréal (et tous ceux qui opposent son règlement, peu importe la raison) comme un lobby menaçant qui n'a que faire de la sécurité du public. Pourtant, ce sont ces organismes, largement sous-financés, qui se démènent pour contrer la surpopulation animale, prévenir et sanctionner la négligence, et appliquer davantage les lois et les règlements en vigueur; toutes des actions qui préviennent des tragédies comme celle de juin dernier à Montréal.

Je crois qu'il faut le répéter, car il semblerait que ce ne soit pas encore clair pour tous, la SPCA de Montréal est l'expert le plus compétent, de loin, pour conseiller la Ville sur sa gestion des chiens dangereux. Que le maire Coderre ait refusé de rencontrer son principal fournisseur en matière de services animaliers avant de rédiger sa règlementation qui contient une interdiction absurde de chiens de type pitbull, dépasse l'entendement. S'il l'avait fait, peut-être comprendrait-il que sa politique est mal conçue, ne fera rien pour augmenter la sécurité du public, gaspillera de précieux fonds publics et se traduira par la destruction ou le déplacement (coûteux) de centaines de chiens parfaitement adoptables chaque année. Ce n'est pas pour rien que tous les experts, allant des principaux groupes de protection animale aux associations professionnelles de médecins vétérinaires, s'entendent pour dire que les lois spécifiques à certaines races de chiens sont inefficaces et n'ont plus leur place en 2016. Heureusement, la Cour Supérieure du Québec a suspendu les dispositions problématiques jusqu'à ce qu'une décision finale soit rendue, donnant ainsi du temps aux experts pour plaider leur cause. Nous pouvons et nous devons faire mieux que ce règlement.

Force est de constater que le pitbull n'a pas seulement une grande mâchoire, il a aussi le dos large!

Les lois qui visent certaines races de chiens sont d'une autre époque et en rapide déclin. Le maire peut bien défendre son règlement brouillon en citant quelques exemples de villes qui ont présentement des interdictions de chiens de type pitbull, par contre, ce qu'il ne mentionne pas, c'est que les villes qui rejettent ou révoquent ces interdictions sont beaucoup plus nombreuses que celles qui en adoptent. Des centaines de municipalités nord-américaines, dont un grand nombre au Canada, l'ont fait. Aux États-Unis, 20 États (incluant le Colorado, New York et la Floride) ont adopté des lois qui interdisent aux municipalités d'adopter un quelconque règlement visant des races de chiens. Des pays en entier ont remis en doute l'efficacité des interdictions de races de chiens, que ce soit le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l'Espagne. N'en déplaise au maire, ce n'est pas l'émotion, mais bien des faits scientifiques et des études sérieuses qui ont tranché la question pour toutes ces juridictions.

Au lieu de se fier à la science et de consulter les experts, le maire Coderre a choisi plutôt de mener une campagne de peur en faisant du «pitbull» l'ultime responsable de toutes les failles du système actuel. Peu importe quelle est la véritable race du chien impliqué dans cette tragédie, peu importe si la Ville de Montréal n'a jamais appliqué son propre règlement lorsque le chien en question a mordu deux personnes, et peu importe si le propriétaire du chien ne prend aucune responsabilité dans ce drame... Force est de constater que le pitbull n'a pas seulement une grande mâchoire, il a aussi le dos large!

En apprenant des erreurs de la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec a maintenant une occasion de mettre en avant une stratégie efficace d'encadrement des chiens dangereux, c'est-à-dire une législation qui s'applique à tous, qui comprend des mesures efficaces pour améliorer la sécurité de la communauté, et qui focalise sur l'éducation du public et la responsabilisation de tous les propriétaires de chiens. En outre, en investissant de façon significative dans l'application des lois provinciales déjà existantes, le Québec aiderait les SPA et SPCA qui, rappelons-le sont largement sous-financés, à aborder la gestion animalière de façon holistique, ce qui serait une étape significative dans l'encadrement de chiens dangereux.

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