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L'américanisation tranquille

Ce 24 juin, comme à tous les ans, sera le seul jour de l'année où il sera bien vu chez les jeunes d'écouter de la musique québécoise.
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Dans un peu plus d'une semaine, on fêtera la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale des Québécois (et non de la francophonie canadienne, n'en déplaise à M. Trudeau). Ce 24 juin, comme à tous les ans, sera le seul jour de l'année où il sera bien vu chez les jeunes d'écouter de la musique québécoise. En effet, une sévère aversion pour le contenu local fait rage dans les écoles secondaires à un tel point que c'en est devenu préoccupant. Le français n'est plus la langue du divertissement et cela se ressent particulièrement chez les adolescents.

Il y a environ deux ans, mon enseignant de français a présenté un projet de présentation orale au groupe : chacun devait choisir un auteur-compositeur-interprète francophone pour le faire connaître à la classe. Quelle a été la réaction des élèves ? Mépris généralisé. C'est qui Daniel Bélanger ? Félix Leclerc ? Connais pas. Seule Marie-Mai a été épargnée de l'indifférence massive qui affligeait la classe. Pour moi, cela a suffi à démontrer d'une part la nécessité de travaux de la sorte et d'autre part, que les élèves du secondaire ne se divertissent presque pas en français.

Si vous apostrophez un adolescent dans la rue pour lui demander son chanteur préféré, les chances sont qu'il ne vous répondra pas Louis-Jean Cormier. Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, la langue anglaise est perçue comme « cool » et branchée. Le français, c'est du passé : une langue fonctionnelle qui nous a vus naître, mais dont on se débarrasserait volontiers pour maîtriser parfaitement l'anglais. C'est là que l'on constate à quel point l'américanisation a frappé le Québec de plein fouet et continue de prendre de l'ampleur, car cette influence américaine toujours plus forte est la cause principale de cette désaffection pour le contenu francophone qui survient chez les jeunes.

On est loin de la préférence nationale, bien au contraire, on rejette des œuvres simplement parce qu'elles proviennent de chez nous !

Au secondaire, on carbure aux séries américaines, aux films américains et à la musique américaine. Il est vrai que les États-Unis produisent du contenu culturel fort intéressant et qu'on ne devrait pas s'en priver, mais là où il y a un sévère problème, c'est lorsque ces ados branchés sur les États vont refuser de regarder un film ou d'écouter de la musique simplement parce que la création en question est québécoise. On est loin de la préférence nationale, bien au contraire, on rejette des œuvres simplement parce qu'elles proviennent de chez nous ! Comme si le fait qu'un contenu soit québécois le rendait automatiquement inférieur et indigne de notre temps.

Voilà un front de plus sur lequel mener la constante bataille pour la pérennité du français, la culture. C'est indéniable, il est beaucoup plus facile d'aimer une langue, d'en être fier, lorsque c'est à travers elle qu'on se divertit et qu'on passe du bon temps. Il faut mettre en valeur le contenu québécois et en faire la constante promotion pour que le français regagne une place respectable comme divertissement chez les Québécois de tous les âges non pas en supprimant complètement l'anglais, mais en prenant la place qui lui revient comme seule langue officielle du Québec. N'oublions jamais que cette langue est le ciment de la société québécoise et que lorsque le ciment craque, les fondations s'écroulent sous le poids de cette américanisation et de l'inévitable anglicisation qui s'ensuit.

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