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Terne souveraineté

Je vois tous ces souverainistes se débattre comme des diables, à tenter de nous convaincre de «leur» souveraineté, et je me dis qu'il y a somme toute peu d'intérêt à joindre cette mêlée.
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Récemment, Pierre Karl Péladeau annonçait la fondation d'un institut de recherche sur la souveraineté. L'institut, un think tank sur la souveraineté, sera, semble-t-il, indépendant du Parti québécois (PQ) et aura pour objectif de fournir aux indépendantistes un argumentaire renouvelé. Il aura aussi pour mission de rallier les cyniques, qui incluent par ailleurs une importante proportion de jeunes. M. Péladeau espère ici, à défaut de leur insuffler un ardent désir de faire du Québec un pays, les convaincre par la raison.

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De mon côté, j'ai bien peur que tout cela ne soit qu'un coup d'épée dans l'eau. Je vois tous ces souverainistes se débattre comme des diables dans l'eau bénite, à tenter de nous convaincre de «leur» souveraineté, et je me dis qu'il y a somme toute peu d'intérêt à joindre cette mêlée.

Le PQ se confond dans un discours fumeux quant aux «modalités» d'accès à la souveraineté, s'imaginant qu'il ne faut qu'expliquer pour persuader, et oubliant l'importante composante émotionnelle de la persuasion; la maladroite CAQ fait un énième virage, toujours dans l'espoir de ficeler une vision assez populiste pour damer le pion au PQ comme parti des Québécois ― cette fois-ci jouant sur la vieille corde unioniste; QS se dit résolument souverainiste, mais si, et seulement si, le nouveau pays porte leur couleur.

Il ne faut pas s'étonner si ces partis sont devenus des repaires de convaincus pensant parler au nom du peuple. Au final, ils prêchent tour à tour pour leur paroisse devant un parterre de modérés peu attirés par leur ferveur et leur certitude de détenir la vérité.

Il faut dire que le côté rouge n'est pas non plus très reluisant. Le fédéralisme s'est métamorphosé en une doctrine du statu quo, figée par la peur de paraître trop bleu pour les rouges et trop rouge pour les bleus. Ajoutons à cela que le Parti libéral du Québec (PLQ) a su se positionner comme le parti par défaut du Québec en monopolisant les lieux communs politiques («250 000 emplois», «la santé et l'éducation»), poussant ainsi tous les autres partis à tabler sur des idées forcément plus marginales.

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Je fais partie de cette génération née dans l'époque bouillonnante du référendum de 1995 et qui, bien qu'elle n'ait pas été assez vieille pour y participer, en connaît plutôt bien les tenants et aboutissants. Cette génération pour qui l'option souverainiste n'est pas que teintée de ces figures édulcorées qu'on nous propose aujourd'hui, mais aussi de celles qui ont fait l'Histoire. Ayant grandi dans un milieu souverainiste, j'ai évidemment tendance à pencher du côté bleu plus que rouge. En revanche, je dois l'avouer, je suis aujourd'hui plus stimulé par le vent de changement et les idées qu'amène Justin Trudeau que par l'ensemble du discours nationaliste québécois.

Ces observations me font dire qu'il faut, non sans une certaine amertume, reconnaître que le fédéralisme a gagné, ne serait-ce que pour le moment. À force de fuir comme la peste tout enjeu attisant potentiellement la flamme nationaliste, les fédéralistes ont réussi à forcer durablement la division des forces souverainistes. Le morcellement qu'elles vivent est le résultat de cette stratégie et les a rendues irréconciliables. Tristement.

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L'esprit québécois n'est pas mort pour autant. Notre Histoire demeure, avec ses figures inspirantes, ses coups durs et ses leçons. Nos traditions, notre langue, notre culture ne disparaîtront certainement pas. Nous ne cesserons pas d'être les descendants de ces Canadiens-français «nés pour un petit pain» mais qui ont trimé dur pour se sortir de la misère, nous offrant par le fait même un meilleur futur.

Si le Canada n'est pas compatible avec le Québec, alors les échecs du passé se répèteront et le souverainisme s'imposera de nouveau. Et puis qui sait, le Canada a peut-être réellement changé?

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