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La réinsertion sociale des prisonniers québécois est en péril

Qu'est-ce que 55 000 $ par année - la subvention annuelle que reçoit le SSACA depuis 1997 - alors qu'on permet une meilleure réhabilitation des détenus? Les dommages collatéraux de cette perte de subvention se chiffrent bien au-delà de ce montant.
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L'heure est grave, le 30 juin prochain, les contrevenants incarcérés de l'établissement de détention de Québec n'auront plus accès aux bénévoles du Service de support et d'accompagnement pour contrevenants adultes (SSACA) qui les écoutent et les accompagnent dans leur cheminement de remise en liberté. En effet, ce service communautaire, qui favorise la prévention de la récidive et la réinsertion sociale des personnes contrevenantes adultes par le biais d'un jumelage entre une personne bénévole et une personne ayant un dossier judiciaire, ne se verra pas renouveler sa subvention par le ministère de la Sécurité publique du Québec.

Dernière ce service essentiel intégré au Centre d'action bénévole de Québec, il y a Roland Pelletier, coordonnateur des 25 bénévoles qui offrent leur temps pour les prisonniers. Je connais Roland depuis plusieurs années déjà. Il me parle fréquemment de son travail, chaque fois avec une passion contagieuse. Il me raconte à quel point les bénévoles font une différence dans le parcours des détenus. Que c'est souvent à l'issu des rencontres avec les bénévoles que les personnes acceptent d'intégrer des ressources dédiées à la toxicomanie ou à la santé mentale. Il faut dire que ce n'est pas rien que de permettre aux détenus d'avoir un contact avec un membre de la société civile, et ce sans rapport d'autorité, sans uniforme. Cela permet une relation particulière, précieuse même.

Si rien ne se passe, Roland ne pourra plus œuvrer à la mission du SSACA, pas plus que les bénévoles. Il est minuit moins une, le 30 juin prochain, il sera trop tard. À cet égard, le 29 mai dernier, une pétition de plus de 1200 signatures demandant la reconduction du financement du SSACA a été déposé à l'Assemblée nationale. Il est à espérer qu'une action du gouvernement sera rapidement entreprise, plus particulièrement de la part de la ministre Agnès Maltais.

Alors qu'on vient récemment de laisser l'organisme Squat Basse-ville crouler sur lui-même, seul organisme qui aidait les jeunes en situation d'itinérance ou à risque de l'être à Québec, voilà qu'on laisserait le SSACA disparaître? Est-ce trop demander que quelqu'un de la classe politique (municipale ou provinciale) daigne prendre le dossier en main et constate que cette décision de couper les vivres à cet organisme n'a pas lieu d'être. En effet, pourquoi diable mettre en péril l'expertise développée et les liens de confiance qui avaient été établis au fil des ans avec les personnes incarcérées? Qu'est-ce que 55 000 $ par année (la subvention annuelle que reçoit le SSACA depuis 1997) alors qu'on permet une meilleure réhabilitation des détenus? Les dommages collatéraux de cette perte de subvention se chiffrent bien au-delà de ce montant. Pensons aux coûts sociaux qui se verront sentir: coûts juridiques, d'emprisonnement, de psychiatrie, d'itinérance, etc.

Les détenus sont des êtres humains qui ont certes des problèmes, mais également des besoins, des idées et des buts; et qui peuvent, dans bien des cas, contribuer positivement à la société. Nul doute que la relation permise grâce au SSACA donne au détenu une meilleure estime de lui-même et contribue au succès de sa réinsertion sociale dans la collectivité.

Vivement que le gouvernement se penche sérieusement sur le dossier et que le SSACA puisse poursuivre sa mission de plus belle.

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