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Sherbrooke: la réforme du maire Sévigny sert-elle les intérêts de la population?

Après plusieurs années au pouvoir, le maire Sévigny pense-t-il à ce point être au-dessus de la mêlée pour s'extraire de la démarche démocratique ? Aspire-t-il à gouverner à la Régis Labeaume en faisant fit de toute opposition; ne détaillant ni ne motivant ses différentes démarches et prises de décisions?
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Comme citoyen de Sherbrooke, c'est en toute bonne foi que j'aimerais croire aux bonnes intentions du maire Bernard Sévigny lorsqu'il affirme vouloir réformer la gouvernance de Sherbrooke, notamment par un redécoupage des arrondissements et une diminution du nombre d'élus. Malheureusement, le manque d'éclaircissements et la non-transparence flagrants démontrés jusqu'à maintenant par son administration et lui-même m'amènent à douter fortement de la démarche.

Premièrement, nulle part M. Sévigny n'a démontré la pertinence de son entreprise de réingénierie ni n'a pu détailler les possibles conséquences politiques et structurelles qui découleront de sa réforme. Dans son discours, il est essentiellement question de chercher à sauver de l'argent et à simplifier l'appareil municipal, le tout en martelant la formule éculée « faire plus avec moins ». Comme si c'était aussi simple! A-t-il effectué une étude de faisabilité avant toutes choses? Avant de couper dans le vif, pourquoi ne pas détailler convenablement et explicitement le travail réel d'un élu, par exemple, ne serait-ce que pour entrevoir ce qu'il adviendrait de mettre en place des suppressions de postes ? Quels seront les impacts réels sur la population desservie et représentée ? Qu'en sera-t-il de l'importance de la proximité des conseillers municipaux, de la pertinence du travail sur le terrain et au final, de l'attention véritable qui sera accordée aux besoins des citoyens et citoyennes?

Ajoutons que dans ce dossier, il est déplorable que le maire qualifie souvent de « gaspillage » les dépenses liées au travail des sept conseillers municipaux qui pourraient être remerciés après l'adoption de la réforme. À coup sûr, cela n'aide en rien la valorisation du travail de conseiller municipal, entretenant plutôt un cynisme vis-à-vis la chose politique.

Deuxièmement, M. Sévigny semble faire peu de cas de l'opposition exprimée de part et d'autre à l'égard de sa réforme de la gouvernance et il ne semble pas véritablement vouloir donner corps à la démocratie participative. La preuve? Il affirmait récemment à la télévision de Radio Canada que « la carrure du projet, soit quatre arrondissements et 12 élus, ça ne change[ra] pas et ça ne pourra pas changer au terme de la consultation ». Alors que des consultations permettent généralement aux citoyens d'influencer les décisions de la Ville en y allant de suggestions et de bonifications à considérer, cela ne sera pas le cas ici, M. Sévigny ne saisissant manifestement pas le sens du mot consultation. Il apparaît que pour faire belle figure et se montrer ouvert à la discussion, on nous sert plutôt de belles consultations cosmétiques. « Le processus [...] semble davantage un exercice de relations publiques qu'une consultation publique permettant la bonification du projet. », laissait d'ailleurs entendre, dans une lettre ouverte, Annie Godbout, conseillère municipale. Pour un parti qui s'engage dans son programme à « aller encore plus loin en matière de participation citoyenne », disons que c'est plutôt raté.

Troisièmement, il est à craindre que la réforme tende vers la création d'un déficit démocratique. En effet, en agrandissant, par exemple, les districts électoraux et en souhaitant une plus grande centralisation au sein de Sherbrooke, il sera plus difficile pour des candidats indépendants d'être élus, les partis politiques disposant généralement de plus de ressources. Passé de 19 - dont 10 sont indépendants - à 12 conseillers municipaux favorise inévitablement les partis bien installés, le parti de Sévigny en première ligne. Il ne faudra désormais que six personnes pour obtenir la majorité des voix au conseil. Puis, comme le soulignait Luc Larochelle, de La Tribune, un nombre pair tel que 12 conseillers est pernicieux, car il accorde de facto au maire en place le vote qui fera la différence en cas d'égalité au Conseil. Alors que le maire Sévigny et son équipe de Renouveau sherbrookois adoptent une attitude plutôt cavalière depuis que leur parti est quasiment majoritaire, la réforme proposée risque de n'entrainer que plus de partisanerie à l'hôtel de ville. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la fameuse réforme est prévue pour les élections municipales de 2017, stratégie il y a.

Après plusieurs années au pouvoir, le maire Sévigny pense-t-il à ce point être au-dessus de la mêlée pour s'extraire de la démarche démocratique ? Aspire-t-il à gouverner à la Régis Labeaume en faisant fi de toute opposition; ne détaillant ni ne motivant ses différentes démarches et prises de décisions?

Faut-il rappeler à celui-ci qu'il n'a pas carte blanche pendant les quatre prochaines années? Qu'en tout temps, il doit se rapporter à la population, la solliciter, l'écouter, et, plus que tout, faire preuve de retenu et de mesure?

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Avril 2018

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