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Gens du PQ, «vous êtes pas écœurés de mourir...»?

C'est reparti pour un tour. Un tour dans le train du Parti québécois qui s'éloigne dangereusement de son désir de faire l'indépendance.
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C'est reparti pour un tour. Un tour dans le train du Parti québécois qui s'éloigne dangereusement de son désir de faire l'indépendance. Le souverainisme toujours vigoureusement contre lui-même. Alors que la défaite de 2014 aurait dû mettre un terme définitif et immédiat à l'étapisme et attentisme stratégique du Parti québécois - cet «étapisme qui impose au PQ de se convertir à la critique politicienne au détriment du procès du régime, embrassant une vision essentiellement gestionnaire combinée aux dangers d'une usure du pouvoir et d'une intériorisation des réflexes de la gouvernance provinciale», tel que le diagnostiquait Simon-Pierre Savard-Tremblay dans Le Souverainisme de province, voilà qu'on continue d'œuvrer sur le chemin du défaitisme et du pessimisme, et où le Salut ne viendra que par «la prise de pouvoir».

Gens du PQ, en répétant ad nauseam que la population ne veut pas entendre parler de référendum et d'indépendance, ne voyez-vous pas que vous nuisez à la cause? Votre cause. À chaque fois que vous dites que les Québécois ne sont pas prêts, qu'ils n'en veulent pas, qu'ils ont peur, c'est vous qui sortez les épouvantails et errez à faire naître la fibre du pays chez les citoyens.

Le PQ doit comprendre que le pays ne commencera à se faire que lorsque les gens qui ont à cœur l'indépendance en feront ouvertement la pédagogie avec éloquence et fierté. Puis qu'il est improductif de tout miser sur le référendum (sur ce providentiel grand soir) en niant toutes les autres actions possibles pour les souverainistes, soit des actes de construction du pays réel, ces derniers tout à fait légitimes auprès de la population, surtout quand on s'avance à visière levée.

Pour convaincre les masses, il importe d'investir un courage véritable comme s'il n'y avait rien de plus naturel et d'essentiel que de défendre ce à quoi on croit et s'abreuve: l'indépendance et la liberté.

On peut parler de tout avec l'indépendance: d'économie, d'écologie, de culture; l'indépendance est un projet noble et porteur qui a tout pour séduire. Alors, pourquoi l'emballer si souvent d'un voile noir et l'entasser aux côtés des ordures? Quand, lors de la course à la chefferie, Cloutier et Lisée évoquaient brièvement le projet d'indépendance, il y avait cette impression d'écouter des fédéralistes prendre la parole, de par leurs postures trop souvent défaitistes.

La suite désolante est connue: le PQ abdique (encore) sur l'indépendance pour les 6 prochaines années. Jean-François Lisée n'a pas manqué de clarté à ce propos: «Il sera clair pour tous qu'un gouvernement du Parti Québécois élu en octobre 2018 ne tiendra pas de référendum, n'enclenchera aucune démarche souverainiste de gouvernement, ne dépensera pas un sou de fond public pour son option pendant ce mandat.» (mai 2016). C'est tristement limpide et démissionnaire.

Psychologie 101

Alors qu'on imagine mal un parti vert reporter leurs politiques écologistes dans un 2e mandat, de même qu'un parti féministe remettre aux calendes grecques les luttes féministes au profit d'un redressement des finances, pourquoi le PQ joue-t-il ce jeu inutile qui ne sert que des objectifs à court terme? Ce n'est pas très invitant, ni pour les indépendantistes ni pour les indécis. Comment le PQ pense-t-il convaincre alors qu'il ne semble plus y croire lui-même? Pourquoi j'achèterais la Ferrari au concessionnaire si le vendeur me la cache à tout bout de champ, qu'il me répète «pas maintenant», «vous n'êtes pas prêt», puis me dit de revenir dans plusieurs années? Et ainsi, comment le peuple québécois peut-il s'éprendre de l'indépendance si on ne lui en vante pas les mérites en lien avec son quotidien?

C'est un non-sens, qui éclaire non pas une trahison - car les péquistes demeurent des souverainistes passionnés, mais révèle une peur viscérale chez certains d'épouser ses idéaux, le tout propulsé par un électoralisme à courte vue. Et le PQ d'envoyer -sans le vouloir peut-être- le message à la population que l'indépendance est inquiétante -on doit la cacher, ne pas en parler- et donne d'une certaine façon raison aux campagnes de peur des adversaires.

Un projet comme l'indépendance qui interpelle le désir de liberté et de plein épanouissement d'un peuple a pourtant tout pour convaincre et mobiliser la population. «J'ignore quelles connaissances ont nos dirigeants indépendantistes de la psychologie des masses. Cependant, quelle qu'elle soit, ils n'ont manifestement pas encore réussi à la transposer dans leur programme d'action politique», écrivait si justement Philippe Émond. Pour convaincre les masses, il importe d'investir un courage véritable comme s'il n'y avait rien de plus naturel et d'essentiel que de défendre ce à quoi on croit et s'abreuve: l'indépendance et la liberté. Que ce n'est pas un honteux radicalisme dont on doit taire l'affirmation.

Nécessaire clarté

De toute manière, le PLC et la CAQ attendent de pied ferme le PQ sur la question de l'indépendance. Au lieu de répondre bêtement «il n'y en a aura pas» au spectre référendaire si chèrement utilisé historiquement par le PLC, il ne viendrait pas aux têtes dirigeantes du PQ de contrôler pour une fois le discours indépendantiste? D'assumer leur option que diable! D'arriver armé d'arguments en faveur de l'indépendance, et de contrecarrer les viles attaques par une confiance en soi inébranlable, amoureux du Québec que nous sommes. Que notre but est de faire l'indépendance et que nous y travaillons dès maintenant puis davantage une fois au pouvoir. Comme Bourgault le clamait si bien : «nous avons le devoir de ne rien cacher à la population de ce que nous croyons nécessaire et vrai».

Par ailleurs, environ 40 % des Québécois sont favorables à l'indépendance, et ce, alors que le PQ fait peu ou pas de pédagogie de l'indépendance depuis belle lurette. Répétons-le: 40%. C'est énorme. Parlez-en aux indépendantistes catalans et écossais qui récoltaient bien moins avant le début de leurs mobilisations respectives.

L'histoire du PQ («conditions gagnantes», «gouvernance souverainiste», etc.) n'a de cesse de se répéter en farce grossière telle une variation malheureuse du Jour de la marmotte qui aurait pour titre Le jour des péquisteries. Si ce n'était pas le destin d'une nation qui se jouait là...on pourrait toujours en rigoler, mais la réalité est autre et il y a un prix à payer à laisser au vestiaire le courage de ses convictions.

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