1- A Most Violent Year de J. C. Chandor
En seulement 3 films, J. C. Chandor s'inscrit comme l'un des grands. Avec A Most Violent Year, magistrale incursion dans le mythe du rêve américain, on retrouve un souffle tragique et une mise en scène d'une luxuriante précision qui n'est pas sans rappeler Le Parrain de Coppola - il y a aussi un peu de James Gray et de William Friedkin. Le film peut compter sur un sens de la narration splendide, un duo d'acteurs impeccable, une photo clair-obscur et une tension formidable. Tout en sobriété, Chandor accouche d'un chef d'oeuvre.
2- A Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence de Roy Andersson
Un film philosophico-comique et absurde comme Roy Andersson sait si bien le faire. Fascinante utilisation de plans fixes via des décors aux mille trouvailles, un rythme ingénieux, la présence et les mouvements des comédiens dans le cadre, le travail sur le son et la lumière.
3- World of tomorrow de Don Hertzfeldt
Film d'animation du cinéaste indépendant allemand Don Hertzfeldt, qui, en quelques 15 minutes et des poussières, livre autant d'idées de mise en scène que de questionnements existentiels sur le devenir de l'humanité. Il est question de souvenirs, d'identité, de fin du monde, d'amour, de questionnements philosophiques et scientifiques ; de ce qui fait l'humanité. Un bouleversant voyage dans le futur, à la fois bizarre, drôle et sublime. À voir absolument.
4- It Follows de David Robert Mitchell
Il arrive trop rarement dans nos sales obscures que nous faisions connaissance avec la peur, la viscérale, comme à l'époque des «classiques» de l'horreur. De renouer avec la peur, voilà qui fait plaisir, via une ingénieuse et terrifiante idée de départ.
5- The Assassin de Hou Hsiao-Hsien
Peut-être bien le plus beau film de l'année. Un film de sabre contemplatif aux mouvements et couleurs somptueux. Prix de la mise en scène à Cannes.
6- White Bird in a Blizzard de Gregg Araki
Gregg Araki en mode «Mysterious Skin», donc plus tranquille, qui investigue le rêve américain sur un fond de shoegaze et cold-wave. Simple et beau.
7- Kingsman: The Secret Service de Matthew Vaughn
Animé d'une énergie assez jouissive, le film revisite le film d'espionnage avec bonne humeur, entre ironie, hommage et originalité. Chapeau à la scène des «feux d'artifices», véritable gourmandise visuelle et musicale, mais également aux scènes d'action dans le bar et dans l'église, rafraichissant.
8- Mad Max: Fury Road de George Miller
De loin, le meilleur blockbuster de cette année; un univers et une mythologie rapidement campés, un montage halluciné, des effets à saturation, une énergie old-school, un montage sur le speed, des effets d'accélération, etc. Malgré l'action qui défile à toute allure, malgré le côté bourratif, tout reste d'une lisibilité et d'une efficacité exemplaire.
9- Cloud of sil maria de Olivier Assayas
Film sur l'art et sur le métier de comédienne. Direction d'acteurs impressionante. Observations fascinantes des liens entre Binoche and Stewart.
10- Slow West de John Maclean
Sympathique et émouvante ballade dans le cadre d'un western aux enjeux simples et aux couleurs chaleureuses.
11- The Forbidden Room de Guy Maddin
Expérimental, baroque, expressionniste! Les films de Guy Maddin sont épris d'une créativité folle et puissent avec amour dans le cinéma des années 20-30. Doté d'un montage frénétique et malin, la dernière offrande de Guy Maddin confirme encore une fois tout le bien qu'on pensait du bonhomme.
12- Ex Machina de Alex Garland
Premier film fort réussi. Mise en scène clinique qui épouse adéquatement le fond du film (intelligence artificielle, l'humanité, etc.)
13- The Gift de Joel Edgerton
Thriller minimaliste, mais aux effets fort bien mesurés, et qui distille un malaise diffus savoureux.
14- Sicario de Denis Villeneuve
Ne serait-ce que pour la mise en scène tout en maitrise de Denis Villeneuve.
15- Youth de Paolo Sorrentino
Deux octogénaires en repos dans un luxueux hôtel évoque leur vie passé. En ressort des questionnements souvent juste, parfois naif, sur la vieillesse, la jeunesse, l'art, la vie. Comme souvent avec Paolo Sorrentino, c'est à la lisière de la branlette intellectuelle et du chef-d'œuvre. Quoi qu'il en soit, il y a là maîtrise formelle et contemplation.
16- Queen of Earth de Alex Ross Perry
Huit clos psychologique qui fascine par son ambiance à la Polanski, son montage sonore et à sa façon de cadrer le visage de ses héroines.
17- Wild tales de Damián Szifrón
Le film se compose de plusieurs histoires qui tournent autour de l'injustice et de la mort. Certains segments sont absolument joussif de par leurs retournements de situation absurde et leur mise en scène dynamique. Le premier et le troisième segment en tête.
18- Reality de Quentin Dupieux
Le film Réalité est le terrain de la réalité, du rêve, du rêve éveillé et des mises en abyme. Dupieux fait ainsi parfois du Lynch, mais en plein jour et sans perversité, pour un film étrange et attendrissant.
19- The Duke of Burgundy de Peter Strickland
De sensualité, de beauté plastique, de cadrages recherchés, de direction photo sublime, de fétichisme, ce film est amplement fait.
20- Tu Dors Nicole de Stephane Lafleur
Un humour noir, un décalage, un flottement, voire une poésie du quotidien, enveloppent ce doux film tourné dans un noir et blanc hors du temps. Un été pas comme les autres pour Nicole, et une expérience filmique envoutante pour le spectateur.
Mentions:
Love, Phoenix, Jauja, Beasts of No Nation, Hard to be a god, Welcome to New York, Inside out, Toyko tribe, Shaun The Sheep, Saint Laurent, Citizenfour, Chorus, What We Do in the Shadows, Mission Impossible - Rogue Nation, Kung fury, Trois souvenirs de ma jeunesse, Snow Therapy, Hill of Freedom, Taxi Téhéran, Heaven knows what, Love & Mercy, Hacker, Lost River, Irrational Man, The Tale of the Princess Kaguya, ...
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