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La CAQ: que du vent, pas de changement

On ne cesse de le dire, remplacer le Parti libéral n'est pas en soi un projet de société, surtout pas si c'est pour porter sa copie conforme, la CAQ, au pouvoir du même coup.
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Jacques Boissinot/PC

Depuis quelques mois en politique québécoise, une complaisance nouvelle s'est développée à l'égard de la Coalition Avenir Québec, que certains décrivent désormais comme une option viable à la désastreuse gouvernance libérale dont plus personne ne veut. Pourtant, le parti de François Legault fait campagne avec des perceptions et des slogans plutôt que des propositions marquant une réelle rupture avec le régime libéral qui gangrène le Québec depuis quinze ans.

Que du vent

C'est assez simple, la CAQ s'efforce de cultiver une image de changement via des amalgames douteux, dont la nécessité apparemment urgente de se débarrasser de ce qu'elle appelle les « vieux partis », soit le Parti québécois et le Parti libéral. Même si leurs valeurs et prises de position sont radicalement différentes, François Legault les met dans le même panier et implore les Québécois de se débarrasser d'eux dans un discours aussi simpliste qu'inexact. À l'entendre, on croirait que la principale force de sa formation politique est son inexpérience du pouvoir, et non son projet pour le Québec et ses habitants, dont on n'entend que très peu parler proportionnellement aux slogans creux anti « vieux partis ». Les Québécois veulent-ils vraiment appuyer un parti pour ce qu'il n'est pas plutôt que pour ce qu'il est?

Pas de changement

Si ce n'est du fait que la CAQ utilise le bleu poudre et non le rouge comme couleur principale, elle ressemble idéologiquement à s'y méprendre au PLQ. Après tout, ce n'est pas pour rien si trois des ministres les plus importants du gouvernement Couillard, soit Sébastien Proulx, Gaétan Barrette et Dominique Anglade, sont issus des rangs de la CAQ (ou de sa prédécesseure, l'ADQ, dans le cas de Proulx).

Comme le Parti libéral, la CAQ milite activement pour une hausse du salaire des médecins, ce que le gouvernement Couillard a su réaliser avec brio, admettons-le. Si c'est pour augmenter le salaire des médecins, nul besoin de changer de gouvernement, le PLQ s'en occupe.

Comme le Parti libéral, la CAQ est tout à fait ouverte à marchander le territoire québécois et y laisser passer des oléoducs polluants, pourvu qu'il y ait un chèque au bout. Il faut un leadership plus solide en matière d'environnement pour le Québec et non un gouvernement qui vende son territoire au plus offrant!

Comme le Parti libéral, la CAQ défend les garderies privées face aux CPE, pourtant une des plus grandes réussites du modèle québécois dont la qualité des services est supérieure à celle offerte par le privé. Et si le gouvernement du Québec se tenait debout pour les garderies subventionnées par l'État plutôt que de défendre le privé?

Comme le Parti libéral, la CAQ refuse de remettre en doute l'adhésion du Québec au fédéralisme canadien et, du même coup, se prive de tout rapport de force face au fédéral lors de négociations fédérales-provinciales. Il va sans dire qu'un gouvernement de la CAQ ne ferait pas avancer la cause de l'indépendance du Québec, loin de là, ce qui en fait un piètre choix pour les souverainistes au même titre que le PLQ.

Le Québec a besoin d'un gouvernement qui redonnera entre autres aux écoles et aux hôpitaux pour prendre soin de ses élèves et de ses aînés, pas de baisses d'impôts électoralistes.

Comme le Parti libéral, la CAQ veut réduire la taille de l'État québécois en promettant des baisses d'impôts bonbon aux Québécois plutôt que de réinvestir après les coupures massives infligées par le régime libéral. Le Québec a besoin d'un gouvernement qui redonnera entre autres aux écoles et aux hôpitaux pour prendre soin de ses élèves et de ses aînés, pas de baisses d'impôts électoralistes.

On ne cesse de le dire, remplacer le Parti libéral n'est pas en soi un projet de société, surtout pas si c'est pour porter sa copie conforme, la CAQ, au pouvoir du même coup. Si les Québécois veulent changer de gouvernement de fond en comble et non simplement en surface, en échangeant un parti fédéraliste de droite pour un autre, alors ils auraient avantage à regarder ailleurs que chez François Legault, car la solution qu'ils cherchent aux problèmes dont souffre le Québec depuis quinze ans ne s'y trouve définitivement pas.

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