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Je suis grosse et je porte des tenues suggestives

Je milite pour le droit des gros à ne pas être stigmatisés, parce que je pense qu'il n'y a rien de mal ni de déshonorant à avoir des kilos en trop. Pour tout dire, j'adore mes courbes.
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Si vous avez déjà vu une photo en pied de moi, vous savez que je suis grosse.

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Je milite aussi pour le droit des gros à ne pas être stigmatisés, parce que je pense qu'il n'y a rien de mal ni de déshonorant à avoir des kilos en trop. Pour tout dire, j'adore mes courbes.

À cause de mes tenues suggestives, à base de petits tops, de jupes courtes, de shorts, de bikinis, de collants ou de robes moulantes, on me fait pas mal de commentaires désobligeants. Apparemment, les grosses n'ont pas le droit de s'aimer comme elles sont ni de montrer leur corps, mais elles ont tout à fait le droit de se prendre plein de remarques dans la gueule.

De la part de gens qui ne savent pas comment réagir quand ils sont confrontés à une fille comme moi qui revendique le droit de s'habiller sexy.

La bonne nouvelle, c'est que la lutte contre la stigmatisation des gros est en train de prendre de l'ampleur, et que les gens s'en rendent compte. Le hasthag #fatkini (un jeu de mot sur fat et bikini, Ndt) se répand comme une traînée de poudre sur Twitter, les tailles XXL font leur apparition dans les magasins branchés comme Forever 21 et H&M, et le mot "gros" est un peu moins péjoratif. Les choses évoluent.

Malgré ça, certains n'ont toujours pas capté qu'il faut respecter le droit des grosses à s'habiller près du corps. Je ne compte plus les parfaits inconnus qui m'ont lancé des regards libidineux cet été quand je me baladais en booty short avec un petit top.

Cinq trucs à savoir quand vous croisez une "fatshionista":

1. Respirez un bon coup

Non, vraiment. Il n'y a rien d'extraordinaire.

Si mon ventre ou mes cuisses flasques vous dérangent, allez vous faire foutre. Je fais ce que je veux de mon corps. Point à la ligne. Oh non! C'est vraiment trop injuste: on vous oblige à regarder une grosse. Bou hou!

Vous savez quand même qu'on vit dans un monde violent et angoissant, non? Ça devrait vous révolter. Alors, oubliez mon corps deux secondes.

2. Arrêtez de me regarder. Je suis une femme, pas une chose qu'on reluque

La réaction la plus courante quand je porte des tenues suggestives, ce sont les regards fixes. Il y en a qui lèvent les yeux au ciel, ou qui manifestent leur dégoût. D'autres me regardent comme si j'étais une installation d'art moderne au musée. En tout cas, je ne passe pas inaperçu.

Je comprends tout à fait que je vais à l'encontre des clichés que vous avez sur les grosses, et que je vous oblige à remettre en question vos idées reçues et vos comportements, mais essayez au moins de faire ça discrètement. Parce que je vous signale que je vous vois me regarder, et que ça me met mal à l'aise.

Je ne suis pas un objet qu'on peut examiner en détail. Je suis un être humain avant tout. Respectez mon droit à être canon et passez à autre chose!

3. Gardez vos commentaires pour vous (surtout les négatifs)

Vous ressentez peutêtre le besoin de m'humilier parce que j'ose assumer ma tenue sexy alors que je suis grosse. Ou, au contraire, de me faire un compliment sur mes choix vestimentaires. Dans un cas comme dans l'autre, ça ne m'intéresse pas.

Je veux juste commander un café crème au Starbucks, aller en cours ou finir d'écrire un article. La dernière chose dont j'ai envie, c'est de discuter avec vous de ce que je suis.

Ça peut bien sûr être agréable de recevoir un compliment, et même flatteur, mais j'ai remarqué que beaucoup de ces remarques font de mon corps un objet. Si vous avez envie de me dire quelque chose de gentil, trouvez une autre manière de l'exprimer. Et si vous êtes sur le point de me dire que j'ai des beaux nichons, évitez. Dites simplement que vous me trouvez jolie aujourd'hui.

Je sais recevoir les compliments, mais je n'ai pas envie qu'on fasse des commentaires sur mon corps. Tenezvous en à ma tenue. Comme je suis une "fatshionista", c'est surtout ça qui m'intéresse.

4. N'essayez JAMAIS de me faire culpabiliser parce que je suis grosse

Dès que je mets des trucs courts, ma mère n'arrête pas de me dire que je suis "indécente". C'est marrant, parce que je n'arrête pas de croiser des filles en minishort l'été, mais dès qu'on voit mes cuisses, c'est moi qui suis "indécente".

C'est quoi, une tenue "décente"? Et qui a inventé ce truc débile

Être adulte, c'est notamment avoir le droit de choisir sa tenue seule. La loi oblige seulement à cacher ses tétons (ne me lancez pas là-dessus) et ses parties génitales. Tout le reste est autorisé. Tant que je ne me fous pas à poil en public, je suis dans les clous.

Les remarques de ma mère déclenchent chez moi des crises de boulimie. Ce qui explique que le plus important pour moi, c'est qu'on me témoigne du respect. Sinon, ça peut me faire sombrer.

Si je vous dégoûte, ou si vous pensez que je devrais cacher certaines parties de mon corps, reportezvous aux points 1 et 3 de cette liste.

5. Encouragez-moi de temps en temps

Il y a des jours où j'ai besoin d'être encouragée, comme tout le monde. Alors quand vous likez une photo de mon ventre sur Instagram, ou que vous me dites que je suis belle en commentaire d'une vidéo YouTube, ça me fait du bien.

Ce qui est encore plus important, c'est que ça m'encourage à encore repousser les limites. Alors si vous trouvez que ce que je fais est génial, ou si vous aimez une de mes tenues, diteslemoi. Pas la peine d'en faire des tonnes: mettre une photo ou un tweet dans vos favoris, ou partager cet article, c'est déjà suffisant.

C'est même ce que vous pouvez faire de mieux.

Erin McKelle est auteur, activiste et étudiante. Elle publie ses tribunes dans la rubrique "Women" du HuffingtonPost américain.

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