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Comment expliquer l’attention importante accordée au Parti québécois par les médias alors que cette formation politique arrive actuellement loin derrière le PLQ et la CAQ dans les plus récents sondages ?
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Depuis le début de l'année 2018, le Parti québécois occupe une place importante dans les médias. Certains ténors de ce parti y vont même d'attaques bien senties envers les médias et les commentateurs. C'est le cas de Paul St-Pierre Plamondon lorsqu'il affirme que journalistes ou commentateurs se font un malin plaisir à critiquer son parti. Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en rajoute sur les ondes de Télé-Québec en disant qu'il est plus facile d'obtenir de la couverture médiatique en s'attaquant au Parti québécois.

Qu'en est-il réellement ? Comment expliquer l'attention importante accordée au Parti québécois par les médias alors que cette formation politique arrive actuellement loin derrière le PLQ et la CAQ dans les plus récents sondages ? N'observe-t-on pas généralement une corrélation entre l'appui populaire présumé et le niveau de couverture médiatique ?

Pour comprendre l'attitude des médias québécois à l'égard du PQ, il est intéressant de revisiter les travaux du sociologue James H.Wittebols. Selon ce professeur en communication politique de l'Université de Windsor, la couverture de la politique se construit tel un scénario de roman-savon (Soap Opera Paradigm). Ce phénomène serait notamment favorisé par l'essor de l'information en continu. Il pourrait même s'avérer encore plus important aujourd'hui avec le caractère hybride du système médiatique où se côtoient à la fois médias numériques et traditionnels.

Selon cette théorie de cadrage, qu'est-ce qui fait courir les médias ? Pour l'essentiel, trois éléments retrouvés dans la scénarisation des romans-savons, soit : 1) une histoire en plusieurs épisodes, 2) des évènements qui se déroulent en temps réel, 3) un divertissement caractérisé par des rebondissements. On y dénote également des thèmes récurrents. Ces thèmes dominent la trame narrative. Il s'agirait du conflit, de la lutte du bien contre le mal et d'un monde d'abondance.

Or, la période que traverse actuellement le Parti québécois regroupe plusieurs de ces éléments. Il y a quelques jours, on soulignait le départ de figures importantes et bien connues. Annoncés en cascades, suivies en temps réel, le retrait inattendu d'Alexandre Cloutier, puis celui précipité d'Agnès Maltais ont été couverts comme de véritables rebondissements.

À cela s'ajoute l'intérêt manifesté par Pierre Karl Péladeau pour un retour éventuel en politique. Cette déclaration permettait le développement de nouveaux épisodes. De plus, cela engendrait une évolution dramatique en temps réel : le lendemain d'un mauvais sondage, la veille du caucus de la rentrée parlementaire et à quelques jours d'un Conseil national. Il s'en est dégagé l'image d'un chef qui n'était pas pleinement en contrôle de l'agenda médiatique.

Les médias ont alors beau jeu de se demander quel camp pourraient choisir les députés ou les militants.

Les thèmes récurrents associés aux romans-savons furent aussi de la partie. On imagine un conflit potentiel entre le chef actuel et un ancien chef. Avec Pierre Karl Péladeau, il implique un milliardaire, vedette du milieu médiatique et économique. Les médias ont alors beau jeu de se demander quel camp pourraient choisir les députés ou les militants. Certains élus succombent également à la tentation de diaboliser leurs adversaires de façon simpliste. Ils se drapent alors dans la défense du bien contre le mal.

Un tel cadrage médiatique se traduit par une couverture qui s'apparente à une forme de divertissement, et ce, au détriment des enjeux de fond. Il est cependant loin d'être évident que les téléspectateurs sont au rendez-vous de la nouvelle reprise d'un vieux téléroman. À terme, cette vision de la communication politique risque même de miner la démocratie. C'est d'ailleurs ce qui semble se produire aux États-Unis.

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