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«Le terrorisme est la guerre des pauvres, la guerre est le terrorisme des riches» - Peter Ustinov

Les groupes terroristes viennent de quelque part. Ils viennent de notre apathie et de notre complaisance. Bush fils, lui aussi a été réélu. Les Américains aussi sont apathiques et laissent tout passer parce que, comme nous, ils sont endoctrinés.
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Il y a des fois où je me demande: «C'est quoi au juste que les gens ne comprennent pas?» Ce n'est pas si compliqué. Les choses ont une cause et tant que l'on n'identifie pas clairement la cause à sa racine, on ne peut régler le problème. Voilà, c'est dit. C'était ma recette. Et elle s'applique à plein de choses, dont le «terrorisme». Un peu d'empathie et mettons-nous à la place d'un citoyen ordinaire quelconque qui vit sans histoire apparente en Irak en 2001. Tout baigne.

Certes, il y a Saddam Hussein qui pose problème, mais ça, on est habitué. Depuis que les Américains lui ont fourni l'aide nécessaire pour faire la guerre contre l'Iran à leur place (Timmerman, Kenneth R. The Death Lobby: How the West Armed Iraq. New York, Houghton Mifflin Company, 1991), il tient son rôle de dictateur; favorisant ses amis, éliminant ses ennemis potentiels. Bush père alors président des États-Unis, le remet à sa place lorsqu'il essaie de s'emparer des puits de pétrole du Koweït en 1990. Par la suite, Saddam reste tranquille dans son coin, permettant à notre quidam moyen en Irak d'avoir l'un des meilleurs trains de vie du Moyen-Orient, en 2003.

Bush fils devenu président à son tour entreprend une guerre contre l'Afghanistan, au lendemain de l'attentat du 11 septembre. On se rappelle, 19 terroristes ont détourné 4 avions et les ont détruits, en tuant 2 977 personnes. Pour faire justice, Bush décide donc d'attaquer un pays entier: l'Afghanistan. Cette guerre, dont le but est de débusquer Oussama Ben Laden et ses comparses, est un échec. Devant les insuccès à le trouver, Bush fils décide donc d'attaquer un autre pays. Il faut voir que la guerre en Afghanistan a coûté plus de 765 milliards de dollars. Juste ça, divisé par le nombre d'Américains, ça nous donne un coût total de 21 857$ par personne, allant des bébés jusqu'aux centenaires. Coup dur pour les coffres de l'État. L'Irak regorgeant de pétrole et en particulier Al-Qaïda, sont choisis comme cibles. On estime le nombre de morts à la suite de cette guerre à 22 5000. Les civils paient le plus lourd tribut: 172 000 morts (125 000 Irakiens, 35 000 Pakistanais et 12 000 Afghans). D'autres estimations tournent autour de 500 000 morts.

Notre quidam de 2001 a vu sa maison exploser, ses enfants tués, mutilés ou qui grandissent entre deux salves d'obus, nourrissant une haine sans borne contre ceux qui ont tué leur enfance, leur avenir. Qui est-ce qui ne comprend pas ça? Sérieusement... Qui ne comprend pas ça?

Parfois ces personnes ont des choix qui se présentent à eux, et parfois, ils n'ont pas le choix. Le pays a été rasé par les Occidentaux qui, eux, voulaient des capitaux. Il se produit environ 12 millions de barils de pétrole aujourd'hui en Irak, par jour. Au cours d'aujourd'hui, le baril se vend 41,81$. Ça fait donc près de 1/2 milliard de dollars de pétrole par jour.

La raison pour laquelle les États-Unis ont envahi l'Irak, c'est celle-là: l'argent et rien d'autre. Pas l'élimination d'armes de destruction massive qui a servi de prétexte. Pas pour libérer le peuple de son tyran (sinon, il faudrait sérieusement se tourner vers la Corée du Nord, la Somalie, la Gambie et j'en passe). L'argent ne va pas au peuple vaincu. L'argent va directement dans les poches des vainqueurs. 95% de l'économie est celle du pétrole et, depuis 2003, les revenus quittent le pays. C'est comme si au Canada on perdait toute notre activité économique, sauf les pêches et le textile. On rigolerait moins.

Maintenant que l'on a probablement compris pourquoi ils nous détestent au point de se faire exploser avec des ceintures de bombes, comment est-ce que vous croyez qu'on va les convaincre d'arrêter de nous en vouloir?

Là, je veux être bien clair et sans équivoque: je suis contre le terrorisme, tant de la part des individus que de celui des États. Évidemment, quand on voit les terroristes s'en prendre à des passants qui n'ont rien à voir avec le conflit, on est horrifié et à juste titre. Ça nous touche, car celui qui prenait une gorgée de café à la terrasse, ça aurait pu être nous. Et ça fait mal, car ces gens sont innocents en partie. Ces victimes étaient comme vous et moi, et souvent, on a autre chose à faire que de penser à ce qui se passe autour de nous, mais c'est justement quand on cesse de penser et de s'interroger que nous ne sommes plus si innocents.

Israël, qui maintient dans des conditions de vie abjectes la population palestinienne depuis des années, a érigé un nouveau mur de la honte depuis 2002 et le premier ministre du Canada, qui appuie inconditionnellement Israël, a été élu 3 fois d'affilée. Élu par qui? Bien, élu par les Canadiens. Nous étions complices d'un gouvernement qui appuie un autre gouvernement qui massacre ces populations civiles.

Vous en voulez d'autres? Le principal acheteur de matériel militaire du Canada: l'Arabie Saoudite. Un contrat de 15 milliards de dollars. C'est beaucoup de dollars ça. Un fusil d'assaut coûte environ 1000$ (je n'ai pas magasiné, j'ai choisi le premier que Google m'a donné). Si on divise 15 milliards par 1000$, ça nous donnerait l'équivalent de 15 millions de fusils d'assaut. Évidemment, ce ne sont pas ces fusils que l'Arabie Saoudite achète, mais ça donne une idée de l'ampleur de tout ça. Ce qu'ils vont acheter, ce sont des chars d'assaut, principalement. Comme ceux qui ont servi à massacrer la population civile en 2011 et qui ont été fournis pour tuer entre 60 et 82 personnes à Bahreïn. Comme moi, vous n'avez pas donné l'ordre de ne tuer personne, mais vous avez voté pour celui qui a permis la vente d'armes à ceux qui le font. Quand on choisit de se fermer les yeux, on n'est pas si innocent que ça.

Les groupes terroristes viennent de quelque part. Ils viennent de notre apathie et de notre complaisance. Bush fils, lui aussi a été réélu. Les Américains aussi sont apathiques et laissent tout passer parce que, comme nous, ils sont endoctrinés. Endoctrinés à la consommation qui elle aussi n'arrive pas de nulle part.

Quand vous allez au centre d'achat et que vous achetez, quel est le pourcentage de produits qui proviennent du Canada? Peu, n'est-ce pas? Même que quand c'est canadien, on est surpris. Hé bien ça, c'est parce que l'on préfère (donc on fait un choix) payer moins cher que d'acheter canadien. Payer moins cher, ça veut en même temps dire que l'on exploite des gens dans d'autres pays de manière à faire des économies, quitte à ce qu'ils y laissent la santé... mais ce n'est pas de notre faute. Surprise: c'est notre faute.

L'immeuble qui s'est écroulé tuant 124 personnes au Bangladesh en 2013, vous savez quoi, ça ne devait pas être drôle de travailler là avant qu'il ne s'écroule. Les employés devaient être dans des conditions de misère absolue, surtout quand on voit leur salaire. 0,18$ par heure. Oui, vous avez bien vu. 38$ pour 208 heures de travail. Après l'écroulement, le gouvernement du Bangladesh a monté le salaire à 66$/mois5... C'est pourquoi vous payez maintenant plus cher les vêtements des compagnies (Benetton, The Children's Place, Joe Fresh que détient la société canadienne Loblaws) qui exploitaient ces femmes aujourd'hui mortes écrasées sous les décombres d'un immeuble insalubre, laissant leurs familles dans le deuil.

C'est ce que nous sommes aux yeux du monde. Ça, c'est nous, les Occidentaux, avec nos privilèges. Les privilèges que nous avons, nous les acquérons sur le dos des autres. Ce n'est probablement pas ce que l'on souhaite consciemment, mais c'est ce que nous sommes quand on se laisse aller à ne pas réfléchir, à ne pas se questionner sur les orientations que prennent nos gouvernements.

Les privilèges ne sont pas seulement l'apanage des Occidentaux par rapport aux non-Occidentaux, c'est aussi (et ce n'est pas croyable d'écrire ça en 2015) celui des blancs «de souche» par rapport aux autres. On en est encore rendu là. En France, y a des Français qui sont là depuis deux ou trois générations, mais qui, depuis deux ou trois générations, sont confinés dans des ghettos où il y a une culture différente de celle de la France blanche.

Quand on nait dans un ghetto, on comprend rapidement que les basanés n'ont pas accès au même mode de vie que les Français «de souche». Ceux qu'on a mis à l'écart et à qui on a fait comprendre qu'ils n'étaient pas les bienvenus dans cette société (ségrégation raciale, religieuse, culturelle, économique, etc.), ce sont eux qui se sont tournés vers une violence abjecte pour exprimer leur frustration. Ce sont des Français, des Belges qui ont commis ces actes, pas des Syriens.

Les terroristes de Paris sont des exclus. Pensez-vous que la solution à long terme est d'essayer d'exclure le plus grand nombre de personnes de notre mode de vie? On vit tous sur la même planète et il n'y a pas moyen d'échapper à cette réalité-là. Il va falloir qu'entre voisins, qu'entre citoyens de cette boule ronde, on arrive à s'entendre. C'est d'ailleurs comme ça que je vois les relations, des relations de voisinage. Il y a plusieurs façons de faire, mais grosso modo, quand on a un voisin, ou bien on l'accueille avec gentillesse et c'est ce que l'on aura en retour dans la grande majorité des cas, ou bien on regarde notre voisin avec méfiance, on le craint, on ajoute des verrous à la porte en plus du système d'alarme et on appelle la police quand le bruit dépasse 23h. Moi, je préfère que mon voisin m'invite à son party.

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