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Canal Hôtel Bagdad, août 2003... L'attaque qui a changé l'ONU

Il y a 10 ans presque jour pour jour, un terroriste a garé un camion chargé de 230 kilos d'explosifs devant le bureau de l'envoyé spécial des Nations Unies à Bagdad, Sergio Viera de Mello. La nouvelle ambassadrice des États unis aux Nations Unies, Samantha Power, était proche du diplomate brésilien.
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Il y a dix ans ce mois-ci, un terroriste a garé un camion chargé de 230 kilos d'explosifs devant le bureau de l'envoyé spécial des Nations Unies à Bagdad, Sergio Viera de Mello. Le diplomate brésilien a été tué avec 22 membres de son équipe dans l'explosion qui a ravagé l'Hôtel Canal.

Pour commémorer l'attaque, les Nations Unies, en 2008, ont déclaré le 19 août comme Journée humanitaire mondiale. Livres et documentaires ont relaté l'histoire sordide. Sergio, en utilisant son téléphone portable au milieu des décombres, a appelé à l'aide, mais le temps de réponse des équipes de secours, y compris des Américains, était trop lent et les équipes pas assez coordonnées.

Un communiqué d'un groupe extrémiste indiquait que l'opération était un règlement de compte et que Viera de Mello avait autorisé l'utilisation de la force contre les islamistes durant son mandat à titre d'administrateur provisoire des Nations Unies au Timor oriental entre 1999 et 2002.

Après l'attentat de Bagdad, l'ONU a considérablement réduit sa présence en Irak. Mais la mission a été modifiée de manière à se subordonner aux intérêts des États-Unis. Selon l'ONU, 43 millions de personnes détiennent le statut de réfugié de guerre et/ou de conflits religieux et tribaux. L'Irak, la Syrie, le Congo, le Sud-Soudan, le Nigeria ou le Bangladesh ne sont que quelques-unes des nations qui souffrent.

L'homme qui était connu simplement par son prénom, "Sergio", s'était préoccupé de la condition humaine toute sa vie. Il était toujours prêt à prendre des risques à prendre des risques pour améliorer la vie de ceux que Frantz Fanon a appelés "les damnés de la terre".

Sergio a passé une grande partie de sa jeunesse en dehors du Brésil. Son père, un diplomate de haut rang dans le ministère des Affaires étrangères, Itamarati, avait été limogé pendant le régime militaire. Sergio n'avait aucun amour pour les Américains, qui avaient soutenu la junte qui avait mis fin à la carrière de son père.

Il avait fait ses études à la Sorbonne où il se politisa et il avait participé au mouvement de Mai 1968. Après que Combat eu publié un de ses articles qui débattait des droits de l'homme, il a appris que la junte militaire dans son Brésil natal lui rendrait la vie inconfortable dès son retour.

En 1969, il a trouvé un emploi comme rédacteur au siège du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Genève.

En 1971, il faisait partie de l'équipe travaillant sur la crise des réfugiés au Bangladesh. C'était la première fois qu'une campagne multimédia internationale a tenté d'attirer l'attention sur le sort des millions de personnes déplacées par le conflit. Le guitariste des Beatles, George Harrison, a écrit la chanson "Bangladesh" pour l'occasion avec et un concert, dont les bénéfices ont été reversés à la cause a eu lieu à Madison Square Garden à New York.

Sergio s'est vu confier des missions complexes dans des zones dangereuses, y compris au Cambodge, au Kosovo, au Liban et au Rwanda, entre autres. Quand son ami Kofi Annan lui a demandé de prendre l'affectation temporaire en Irak, Sergio était à ce moment-là Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme.

À l'apogée de sa carrière, son nom était mentionné comme futur Secrétaire général dans les couloirs de l'ONU à New York et à Genève.Le Secrétaire général Annan espérait que la présence de Sergio à Bagdad pourrait éviter le chaos et les combats entre factions, qui se sont malheureusement manifestées rapidement après sa mort.

Aujourd'hui, après avoir dépensé 3000 milliards de dollars à essayer de démocratiser l'Irak, la situation est de retour au statu quo ante. Ironie du sort, le journal Foreign Policya appelé le conflit la meilleure guerre gérée par le Pentagone.

Deux ans après que les États-Unis aient retiré leurs troupes d'Irak, le duel fratricide entre chiites et sunnites a dégénéré. Le premier ministre Nouri Al-Maliki a demandé à Washington des armes et des conseillers militaires et civils.

Le général d'armée Martin Dempsey, le principal conseiller militaire du président américain Barack Obama, a témoigné devant le Congrès en juin que la demande d'assistance de l'Irak est importante, car l'escalade du conflit est un effet collatéral de la guerre civile syrienne.

Maintenant, la situation politique qui a précédé l'attaque au Canal Hôtel est de retour

Le 23 juillet, le Sénat américain a approuvé Samantha Power, le candidat du président Obama comme ambassadeur aux Nations Unies. Un défenseur des droits humains de longue date, Power a été contrainte de démissionner durant la campagne présidentielle de Barack Obama de 2008 après avoir appelé son adversaire, Hillary Clinton, un "monstre". Elle a ensuite siégé au Conseil de sécurité nationale d'Obama et soutenu l'intervention militaire en Libye.

L'ambassadeur Power est l'auteure d'une importante biographie de Sergio Viera de Mello en Anglais, Chasing The Flame, One Man's Fight To Save The World (non traduit en français). Elle a d'abord rencontré le diplomate quand elle était une journaliste couvrant le conflit du Kosovo en 1994.

Sergio était en faveur d'une solution diplomatique en Irak en 2003. Aujourd'hui, avec de nouvelles violences en Irak, est-ce que l'ambassadeur Power peut faire de même ou choisira-t-elle de rentrer dans les rangs et d'être apologiste d'un nouvel engagement militaire? Ce serait un moment triste pour la condition humaine.

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