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L'indépendance du pays ou le pays de l'indépendance?

Le mouvement souverainiste devra faire comprendre à la population québécoise que l'indépendance les propulsera vers un avenir meilleur et à la hauteur de ses aspirations.
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En ces temps de marasme politique au Québec, nous sommes en droit de nous pencher sur une question fondamentale. Qu'on le veuille ou non, la question de l'indépendance du Québec n'est pas réglée. Selon différents sondages, les appuis à l'indépendance oscillent toujours entre 35% et 40%, et ce, même si son principal véhicule - qu'on le veuille ou non également, le Parti Québécois (PQ) - l'a mise au rancart depuis les vingt dernières années. La course à la chefferie du PQ nous aura permis d'assister à des bagarres de toutes sortes. Certaines plaies se refermeront, d'autres non. Mais une chose perdurera tant et aussi longtemps que le mouvement indépendantiste ne changera pas son message: la confusion.

«Faire du Québec un pays»

Cette phrase, cette expression, cette affirmation résonne dans le «milieu» indépendantiste. Mais elle résonne dans la population tel un 23e «best of» de Beau Dommage. Il fait toujours bon de l'entendre, mais nous connaissons la chanson, peu importe la couleur de la pochette. Le pays versus la province. Le projet de pays. Le «on veut un pays», scandé par les militants péquistes - surtout - afin d'affirmer la volonté de propulser le Québec à l'extérieur du «carcan canadien». Toutes ces formulations, si on les extirpe du «milieu», si on les adresse à la population québécoise, semblent usées.

En observant froidement la réalité, nous pouvons constater que le pays, en quelque sorte, est bien présent. Les Québécois forment une nation non souveraine, faisant partie d'un État québécois. Nous avons, entre autres, notre impôt, notre système de santé, notre système d'éducation, notre culture distincte (langue, chanson, théâtre, danse, télé, cinéma, etc.). Le tout ne frise pas la perfection, mais pourquoi vouloir d'un pays qui existe déjà?

Le message du «milieu» indépendantiste n'est plus clair. Il ne fait plus rêver. Il ne capte plus l'imaginaire. L'objectif est, somme toute, le même: faire nos propres lois, signer nos propres traités et prélever nos propres impôts. Ces trois piliers forment la définition même d'un État indépendant de tout système empiétant dans ces trois sphères. En ce moment, dans notre pays non indépendant, il est possible de faire une partie de tout cela. L'indépendance nous permettrait beaucoup plus. Nous pouvons, à travers notre «État provincial», réaliser moult choses, mais si nous réussissions à rendre cet «État» indépendant de tout ce qui l'empêche de se réaliser pleinement, les possibilités seraient infinies.

Voilà le message que les indépendantistes devraient avoir : «Faisons de notre pays, un État indépendant». Vous me direz que ce ne sont que des mots et que tout cela veut dire la même chose. Eh bien, non! Faire miroiter aux Québécois le début de la construction d'un tout nouveau pays au Jour 1 de notre indépendance, est tout simplement faux. Sans être une fin en soi, l'indépendance nous permettra de continuer, librement et sans «fleurs du tapis», la construction de notre pays. Construction déjà entamée depuis maintenant plusieurs décennies.

L'indépendance ne signifie donc pas que, soudainement, le pays du Québec apparaîtrait comme par enchantement. Sur papier, oui. Techniquement, oui. Administrativement, oui. Comme le dit si bien Martine Ouellet, le Québec serait le 194e État à l'ONU. Mais cet État existe déjà depuis longtemps. De Duplessis à Lévesque, en passant par Lesage et Bourassa, le Québec moderne s'est construit. Parizeau nous aura presque permis de l'inscrire officiellement sur les innombrables listes des États internationaux.

Il est temps pour le mouvement indépendantiste de se recentrer sur son message indépendantiste. «Faire du Québec un pays» n'est plus, à mon avis, le message pour convaincre. «Faire de notre pays, un État indépendant» est plus moderne, plus à propos, plus en phase avec notre histoire. Sans oublier, le mouvement indépendantiste doit fuir le «nostalgisme» et sauter à pieds joints dans la cohérence.

Le mouvement indépendantiste devra faire comprendre à la population québécoise que le Québec est son pays et que l'indépendance les propulsera vers un avenir meilleur et à la hauteur de ses aspirations.

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