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Où sont nos «elders» au Québec?

Nous sommes très loin d'autres sociétés où les aînés sont respectés, hébergés et pris sous l'aile de la famille.
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S'il y a bien une chose que je retiens de mon expérience dans le Nord, c'est la présence des elders dans les communautés autochtones.

Un elder, qui en français se traduit par un aîné (mais la traduction ne capte pas totalement le sens du mot en anglais) est une personne qui incarne une forme locale de connaissance et de sagesse. Les plus jeunes, et la communauté en général, les consultent souvent pour avoir leur opinion. Une opinion sur des choix de vie ou de carrière, sur des sujets plus larges tels bannir l'alcool dans les communautés, construire un barrage hydro-électrique sur leurs terres, etc. Ils agissent souvent comme un conseil autoritaire parapolitique.

Récemment, je suis tombé sur une baladodiffusion de Noam Chomsky qui commentait la course à la direction du Parti républicain. L'épisode datait d'il y a un an, mais est toujours d'actualité.

Chomsky, linguiste et philosophe, est souvent qualifié comme un des plus grands penseurs des temps modernes. Un elder occidental. Bien évidemment, il nous mettait en garde contre le personnage, disant même que d'élire Trump comme président « serait le coup de grâce de l'humanité». Un véritable cri d'alarme, un an avant son élection.

Le problème avec nos penseurs, c'est que nous aimons bien nous complaire à les identifier et les citer, mais personne ne les écoute vraiment.

Le problème avec nos penseurs, c'est que nous aimons bien nous complaire à les identifier et les citer, mais personne ne les écoute vraiment. Ils sont présents, on les écoute d'une oreille peu distraite, mais finalement on les met au rancart et nous les consultons rarement pour nous éclairer, contrairement aux communautés autochtones.

Où sont nos elders au Québec?

Cela fait réfléchir au fait, qu'actuellement, il y a une absence d'elder dans la société québécoise.

Le traitement de nos aînés en est un beau reflet. Plusieurs sont confinés à des CHSLD et le stéréotype de la personne vieillissante, seule, dans un CHLSD beige est bien présent, et tristement vrai. Nous sommes très loin d'autres sociétés où les aînés sont respectés, hébergés et pris sous l'aile de la famille. Même moi, qui aime beaucoup mes grands-parents et qui pense souvent à eux, j'essaye de les visiter quand je peux. En fin de compte, ça n'arrive pas si souvent.

Donc, au Québec, où sont nos elders? Qui sont nos leaders sociaux vers lesquels nous pouvons nous tourner pour avoir des conseils ou pour nous faire réfléchir? Des politiciens, mais aussi des leaders de la pensée au sens plus large. Des gens qui ont une vision pour notre société.

Des gens qui vont nous montrer des photos d'ours polaires qui migrent à cause de la fonte de la calotte glaciaire, et qui vont prendre une action, pas construire un nouveau pipeline.

En ce qui me concerne, dans le domaine de la santé, j'ai bien hâte de voir un penseur se lever. Un qui pourrait aborder les vraies questions, tels le manque criant d'accès à un médecin de famille, le coût grandissant des soins de santé et le temps d'attente à l'urgence. Pas un autre politicien qui va ajouter des règles bidon, ou tenter de réinventer la roue. Je n'attends pas un Messie, juste une personne qui aura une démarche scientifique, posée et réfléchie.

En ce moment, la politique est ennuyante, les gens s'y intéressent peu. Le rôle du politicien est confondu avec leader, penseur, philosophe. On finit par choisir nos politiques basées sur l'émotion, la publicité, ou la taille du financement. On réfléchit peu à ce qui serait la juste chose à faire, mais plutôt sur nos choix disponibles.

Françoise David

Françoise David, sans approuver tous ces dires ou les politiques de Québec Solidaire, a toujours figuré pour moi comme une elder. Je l'ai toujours vu comme la maman sage, celle qui aborde des questions difficiles, mais cruciales tels la pauvreté, le droit des locataires, le féminisme, etc. La semaine passée, nous avons appris que la députée de Gouin quitte la vie politique, pour épuisement, qu'elle doit s'arrêter « avant de tomber ».

Son départ fait réfléchir, et est pour le moins symbolique. Celle que je considérais comme une des rare elders au Québec, quitte pour ce qui semble être de l'épuisement.

Cela miroite le traitement de nos elders au Québec. Finalement, nos elders, soit qu'on ne les écoute pas, soit qu'on n'en veut pas, ou soit qu'on leur fait la vie dure au point qu'ils quittent par eux-mêmes.

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Mai 2017

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