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Savoir planifier son immigration, l'autre tabou

Il n'est pas surprenant que l'immigration contribue à l'anglicisation du Québec. Le problème, ce ne sont pas les immigrants, mais nos élus qui ne savent pas et n'osent pas savoir planifier.
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Les 17, 18 et 23 août se tiennent à l'Assemblée nationale les consultations sur la planification de l'immigration pour la période 2017-2019. Le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion fournit aux participants qui veulent y présenter un mémoire plusieurs documents de référence tout à fait exceptionnels. Ces documents répondent à 99,5 % des questions que les Québécois peuvent avoir sur l'immigration.

Cependant, il manque deux informations essentielles au Mouvement Québec français (MQF) pour donner son avis sur les seuils proposés de 51 000 individus pour 2017 et 2018 et de 52 500 pour 2019. Afin d'appuyer la proposition du gouvernement, le MQF aurait aimé que Madame la ministre Kathleen Weil et son ministère rendent disponibles dans leurs documents de consultation deux choses incontournables, soit le coût unitaire de francisation d'un immigrant, et des prévisions démographiques sur 50 ans qui traitent de la langue maternelle, de la langue parlée à la maison, de la langue de travail et de la langue parlée dans l'espace public.

Prévisions démographiques sur la langue

Est-il préférable pour le français d'accueillir annuellement 80 000 immigrants où la moitié des ressortissants sont francophones et où l'autre moitié est composée de francotropes (immigrants qui proviennent des pays colonisés par la France comme l'Algérie ou de pays de langues latines), ou doit-on choisir d'avoir seulement 19 000 immigrants comme en 1987 où la simple connaissance du français ne franchissant pas la barre des 35 %?

Pourquoi la ministre Weil propose-t-elle le chiffre de 51 000, au lieu de 60 000 comme le voulait notre premier ministre, M. Philippe Couillard?

Sur quelle base scientifique Jean-François Lisée du Parti québécois se fie-t-il pour proposer de réduire le nombre d'immigrants en accusant le gouvernement d'idéologisme en matière de seuil d'immigration?

Si tous les gouvernements depuis que le Québec est allé chercher certains pouvoirs en immigration en 1991 avaient établi les seuils d'immigration en se basant sur des prévisions démographiques sur 50 ans en fonction du nombre, mais surtout de la composition linguistique de chaque cohorte que nous recevons annuellement, l'immigration ne contribuerait pas à l'anglicisation en cours, mais au fait français, comme le voulait Robert Bourassa lorsqu'il est allé chercher ces pouvoirs en immigration.

Il n'est pas surprenant que l'immigration contribue à l'anglicisation du Québec.

À la lumière des documents de consultation remis par le MIDI et par l'argumentaire qui sous-tend le choix de 51 000 du gouvernement, ce n'est pas cette année que nous pourrons faire un choix éclairé sur le seuil optimal. Pourtant, en 2011, l'Office québécois de la langue française (OQLF), par le biais des études du réputé démographe Marc Termote, démontrait l'effet sur le français d'ici 2056 en fonction de divers scénarios d'immigration. Selon un des scénarios à 60 000 immigrants par an, le français comme langue la plus souvent parlée à la maison passerait de 69 % à 57 % d'ici 2056 dans la région de Montréal, soit une baisse phénoménale de 12 %.

Devant une telle baisse annoncée et les données disponibles, où sont les trois partis d'opposition pour demander que plusieurs scénarios démographiques sur la langue soient offerts à la population par le gouvernement pour ces consultations?

Coût unitaire de francisation d'un immigrant

Une étude de l'Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) de janvier 2016 démontrait que le Québec rate la cible en matière de francisation de l'immigration. Pourtant en 2014, c'est plus de 300 millions de dollars que le Québec a reçus du gouvernement fédéral pour l'accueil, l'intégration et la francisation de l'immigration.

Avec une telle somme, quelle pourrait être une des raisons qui expliqueraient nos insuccès? Nos élus qui font chaque année l'étude des crédits du gouvernement sont-ils capables d'établir le coût unitaire de francisation d'un immigrant? Sont-ils en mesure d'affirmer que le gouvernement erre ou non dans les montants qu'il octroie annuellement en francisation?

Qui de la CAQ, de QS ou du PQ peut nous dire si la francisation d'un immigrant est de 5 000 $, 10 000 $ ou 15 000 $ ?

Si 20 000 immigrants foulent annuellement le territoire en déclarant ne pas connaître le français, quelle somme doit être déboursée par le gouvernement québécois pour que la francisation soit optimale et réussie?

Comme depuis 25 ans nos élus choisissent les volumes d'immigration sans se baser sur des prévisions démographiques et qu'ils n'ont aucune idée de ce que l'État doit débourser pour franciser un immigrant, il n'est pas surprenant que l'immigration contribue à l'anglicisation du Québec plutôt qu'au fait français.

Le problème, ce ne sont pas les immigrants, mais nos élus qui ne savent pas, ou plutôt qui n'osent pas, savoir planifier!

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