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Pourquoi l'unilinguisme anglais au MAC?

Pourquoi ces Québécois qui font partie de l'élite peinent à voir l'importance du français pour la démocratisation de l'art sur notre territoire?
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Nos artistes québécois font le tour de la planète pour offrir au monde ce qu'il y a de plus précieux pour la diversité culturelle mondiale, soit un art issu de créateurs qui ont baigné dans ce riche univers culturel, social et politique québécois. Ces créateurs se distinguent parce qu'individuellement, ils ont un regard sur le monde qui nous éloigne de l'homogénéisation de la pensée. L'art québécois produit en 2016 traduit les préoccupations individuelles d'un artiste influencé par sa société, qui devrait être de langue française.

Le Musée d'art contemporain (MAC), quant à lui, reflète ce que ses dirigeants en 2016 veulent léguer au monde dans le contexte de leur société. Dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir, une dame qui a visité l'exposition de l'islandais Ragnar Kjartansson se désolait de voir que les projections vidéo étaient unilingues anglaises. Comme l'islandais n'est pas aussi parlé dans le monde que le français, qui est la sixième langue en importance, il est raisonnable de penser que l'artiste islandais qui veut se faire comprendre le fasse en anglais. On peut comprendre que nos artistes qui s'exportent dans le monde usent de l'anglais pour qu'un maximum de touristes à Barcelone, Bali ou Vienne comprennent ce qu'ils apportent à la beauté du monde. On peut aussi comprendre que le C.A. et le président du MAC, Alexandre Taillefer, veuillent faire voir aux Québécois la beauté du monde de cet artiste islandais.

Je me suis rendu sur place et, effectivement, le MAC expose l'œuvre de Kjartansson en anglais, sans sous-titres français.

La première question qui m'est venue a été de me demander si les musées allemands, italiens, japonais et chinois projetaient des œuvres destinées à leur population uniquement dans une autre langue que leur langue nationale.

Je me suis aussi demandé pourquoi ces Québécois qui font partie de l'élite peinent à voir l'importance du français pour la démocratisation de l'art sur notre territoire. Que font ceux qui ne comprennent pas l'anglais ?

Enfin, je me suis demandé si cette élite québécoise savait pourquoi on avait érigé à cet endroit au tournant des années 1970 la Place des Arts, l'UQAM, l'échangeur Berri-de-Montigny et le siège social de Desjardins. Aux yeux de l'élite canadienne-française de l'époque, il fallait bâtir et réunir des institutions publiques et bancaires francophones pour que nous développions un centre-ville où la finance, la culture et le haut savoir se feraient en français.

Aujourd'hui, cette élite québécoise si performante au niveau mondial oublie que si elle occupe des sièges de C.A aussi importants que celui du MAC, c'est bien parce que nos aïeux canadiens-français voyaient plus loin qu'une manne touristique à satisfaire. Ils voulaient que cette nation canadienne-française puisse avoir accès aux beautés du monde dans leur langue.

Aujourd'hui, le téléphone a sonné pour que le Mouvement Québec français demande des excuses publiques et la démission du responsable de cet impair. À titre de directeur général et porte-parole du Mouvement, je n'en ferai rien, car ce qui m'intéresse, c'est de comprendre pourquoi cette élite québécoise choisit des dirigeants unilingues anglais chez Agropur, à la Banque Nationale ou chez Ivanhoé Cambridge de la Caisse de dépôt et placement.

Pourquoi les dirigeants de chaînes québécoises de restauration rapide choisissent des listes de lecture unilingues anglaises ? Pourquoi les représentants du Conseil du patronat, des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, de la Chambre de commerce de Montréal réclament-ils des assouplissements aux critères de connaissances du français en immigration ?

Pourquoi le C.A du Musée d'art contemporain, composé uniquement de Québécois, n'a pas le réflexe d'exiger la traduction avec des sous-titres en français des œuvres qu'il présente ? Pourquoi tout l'affichage du musée est-il «en bilingue» intégral plutôt qu'«en bilingue» où le français serait nettement prédominant ?

L'anglicisation en cours est uniquement celle désirée par une élite assise sur des sièges forgés pas nos aïeux fédéralistes et indépendantistes qui rêvaient d'un Québec où le français serait la langue commune dans l'espace public. Dans ses actions et ses choix, cette élite est responsable de préserver le caractère français désiré par la Charte de la langue française. C'est davantage qu'une obligation légale, c'est un devoir pour la préservation de la diversité culturelle et linguistique mondiale et pour que le monde s'ouvre au Québec.

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