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Entente avec QMI: que se passe-t-il avec le Centre Vidéotron?

Il est paradoxal de voir que le maire semble s'impatienter envers le gestionnaire du Centre Vidéotron, QMI, alors que son administration a fait un «cadeau» plutôt incompréhensible à l'entreprise en 2016.
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Le 31 mars dernier, nous apprenions que le déficit du Centre Vidéotron est beaucoup plus élevé que prévu. Lorsque l'administration Labeaume a vendu le projet aux citoyens de Québec, elle nous affirmait que le déficit serait de 600 000$ par année dans un scénario sans équipe de hockey. Or, il est de 3,7 millions de dollars. Six fois plus élevé que prévu. Le maire a déclaré qu'il commençait à être impatient.

Il est paradoxal de voir que le maire semble s'impatienter envers le gestionnaire du Centre Vidéotron, QMI (filiale de Quebecor), alors que son administration a fait un «cadeau» plutôt incompréhensible à l'entreprise en 2016.

L'entente initiale signée en 2011 entre la Ville de Québec et le gestionnaire du Centre Vidéotron prévoyait que ce dernier devait remettre ses états financiers à la Ville. En mars 2016, il y a eu un revirement de situation. Désormais, QMI n'est plus tenue de fournir ses états financiers et ses prévisions à la Ville. L'opposition à l'hôtel de ville a décrié l'entente, mais l'écho médiatique a été limité.

En effet, le conseil exécutif de la Ville de Québec a voté une résolution dans la plus grande discrétion pour avaliser une nouvelle entente avec le gestionnaire de son amphithéâtre pour restreindre de façon drastique l'accès aux états financiers et aux prévisions de l'entreprise.

L'entente stipule que les états financiers et les prévisions de QMI seront désormais conservés dans les bureaux de l'entreprise et que seuls des représentants de la Ville pourront y avoir accès.

L'entente stipule que les états financiers et les prévisions de QMI seront désormais conservés dans les bureaux de l'entreprise et que seuls des représentants de la Ville pourront y avoir accès. Ils seront liés par une entente de confidentialité et pourront seulement prendre des notes personnelles.

Également, lorsque quelqu'un fait une demande d'accès pour obtenir ces informations financières, QMI demande à la Ville d'invoquer le secret commercial, financier, industriel ou technique pour ne pas les fournir (articles 23 et 24 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics).

Et comme les notes personnelles sont exclues des documents qui sont accessibles aux demandes d'accès à l'information (article 9), force est de constater qu'il sera désormais extrêmement difficile, voire impossible, d'obtenir les états et prévisions du gestionnaire du Centre Vidéotron.

Tout au plus, la lettre d'entente prévoyait que le Service des finances de la Ville travaillait avec QMI sur la transmission d'un document comptable établissant les résultats sommaires nécessaires pour ses activités comptables. Ce document est-il complété à l'heure actuelle et que contiendra-t-il?

Une des conséquences malheureuses de cette situation est une difficulté accrue à accéder aux informations pour connaître le déficit d'exploitation du Centre Vidéotron. Si l'opposition veut connaître le déficit de l'amphithéâtre, elle doit faire une demande d'accès à l'information et effectuer ses propres calculs. Ainsi, actuellement, Démocratie Québec évalue le déficit à 5,2 millions, alors que la Ville l'évalue à 3,7 millions de dollars.

Si tout ceci semble avoir été fait en toute légalité, les questionnements soulevés par cette affaire sont d'ordre politique:

- Si QMI voulait protéger ses états financiers pour des raisons de compétitivité, pourquoi est-elle devenue gestionnaire d'un amphithéâtre qui appartient à une entité publique (Ville de Québec)?

- Pourquoi QMI et la Ville de Québec n'ont-ils pas convenu dès 2011 que les états financiers ne seraient pas remis à la Ville de Québec? Qu'est-ce qui a changé entre 2011 et 2016? Pourquoi la Ville accepte-t-elle d'avantager QMI de la sorte?

- Les finances de QMI influencent directement la Ville de Québec, puisque cette dernière doit éponger une partie des déficits d'exploitation de l'amphithéâtre. Cet amphithéâtre a été financé par les deniers publics (370 millions de dollars). Par conséquent, est-il légitime que l'accès aux états financiers et aux prévisions du gestionnaire du Centre Vidéotron soit si fortement restreint?

- Le Centre Vidéotron pourra-t-il être rentable un jour sans la présence d'une équipe de la Ligue nationale de hockey? Cet espoir qu'on nous fait miroiter depuis de nombreuses années se concrétisera-t-il? QMI anticipe-t-elle que les déficits s'accumuleront?

Toutes ces questions méritent des réponses et devront être débattues en campagne électorale. La Ville affirme que l'amphithéâtre représente un actif de 370 millions de dollars. C'est bien, mais... qui l'achèterait demain matin?

Actuellement, on tente de nous vendre un autre projet de grandeur qu'est le SRB. Un projet pour lequel nous manquons cruellement d'informations. Faudra-t-il abaisser le tablier du pont? Comment s'organisera le transport pour avoir accès au SRB? Est-ce que cela améliorera vraiment la congestion routière qui provient des périphéries? Les trajets actuels de métrobus (800) seront-ils restreints?

Avec les mauvaises surprises qui s'accumulent dans le dossier du Centre Vidéotron, il faudrait s'assurer qu'on ne fait pas encore une fois miroiter un méga projet aux résidents de Québec, un autre projet pour lequel on semble mettre la charrue avant les bœufs et qui est susceptible d'apporter son lot de dépassements de coûts, une facture qui sera ultimement refilée aux citoyens, déjà fortement taxés.

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