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Cours d'éthique et de culture... libérale

Reste maintenant à savoir si les libéraux respecteront le calendrier de la loi ou s'ils seront tentés de déclencher les élections avant octobre 2018.
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En regardant l'actualité des derniers mois, on se demande où ça s'arrêtera. Les scandales se succèdent à un rythme fou : mauvaise gestion, gaffes, allégations de copinage et de corruption. Décidément, les libéraux de Philippe Couillard en ont plein les bras. C'est presque devenu une routine. À chaque fois, ils se réfugient derrière le vernis des institutions: laissons la justice faire son travail, respectons la présomption d'innocence, ce ne sont que des éléments cités hors contexte, etc.

Réputés pour leur capacité à serrer les rangs, les libéraux montrent des signes de dissension et d'impatience. Le ras-le-bol de Guy Ouellette la semaine dernière et les rumeurs concernant des comtés libéraux offerts à d'autres personnes en sont des exemples éloquents.

Pour se défendre, les libéraux font maintenant courir le spin du complot médiatique. Qu'un ministre aussi expérimenté que Pierre Moreau fasse une sortie en règle contre les médias en dit long sur l'état de désespoir qui règne dans les troupes libérales. «Là, ça ressemble à un tir groupé qui ressemble à une position politique à l'encontre du parti qui représente le gouvernement», allègue-t-il.

Si Pierre Moreau remet en question l'indépendance des médias en insinuant qu'il y a une commande politique, il commet la même faute qu'il leur reproche. Un ministre qui accuse les médias sans fondement en leur reprochant de faire leur travail, c'est plutôt embêtant.

Pourquoi devrait-on reprocher aux médias de déterrer les dossiers qui paraissent suspects et de scruter les actions du gouvernement? Le contraire serait bien plus inquiétant.

Premièrement, les médias ne doivent pas être confondus au système de justice. C'est comme si on empêchait un journaliste de publier un article sur l'arrestation d'un présumé fraudeur en prétextant qu'il n'a pas encore été reconnu coupable. Les médias ont le droit et le devoir d'informer le public.

Les médias remplissent un rôle essentiel en démocratie. On dit souvent qu'ils en sont les chiens de garde. Ce rôle est de plus en plus menacé par la crise économique des médias : les revenus publicitaires des médias traditionnels sont en chute libre, un tiers des postes de journalistes ont été perdus au cours des six dernières années, des journaux ont fermé leurs portes, des assemblées législatives ne sont plus couvertes à temps plein à la suite de coupures, etc.

Dans un tel contexte, il est difficile de reprocher à un média comme Quebecor d'allouer davantage de ressources à la couverture des affaires politiques. Pierre Karl Péladeau n'est plus chef du Parti Québécois. Il dirige une entreprise privée.

Pourquoi devrait-on reprocher aux médias de déterrer les dossiers qui paraissent suspects et de scruter les actions du gouvernement? Le contraire serait bien plus inquiétant. Imaginons une société où le gouvernement aurait carte blanche pour tout faire, sans jamais être inquiété par les médias. Je vous prédis une faillite rapide de la démocratie... et de votre portefeuille.

Chose certaine, toutes les questions éthiques qui planent sur le gouvernement libéral doivent avoir l'effet du supplice de la goutte pour le premier ministre. Toutes ces nouvelles font de l'ombre aux bons coups de son gouvernement. Il doit avoir hâte que les Québécois retournent à leur barbecue pour l'été, mais il sait que la saison estivale ne sera qu'un pansement temporaire.

Une série d'options se dresse maintenant devant Philippe Couillard. Le premier ministre pourrait être tenté de rebrasser les cartes avec un remaniement et une prorogation. À l'automne, il restera un an avant la prochaine élection générale au Québec. N'oublions pas que le procès de Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté pourrait avoir lieu cet automne ou à l'hiver 2017... Reste maintenant à savoir si les libéraux respecteront le calendrier de la loi ou s'ils seront tentés de déclencher les élections avant octobre 2018. Des rumeurs persistantes à l'Assemblée nationale disent que des commandes auraient été passées à la machine pour des scénarios d'élections impliquant un scénario automnal. Chacune des options comporte son lot d'avantages et d'inconvénients. Chose certaine, je ne voudrais pas être à la place du premier ministre actuellement.

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