Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Lettre à toi, ô cher ancien employeur, qui as fait de ma vie un enfer

Je n'avais pas spécialement prévu de reparler de toi, ni même de repenser à toi. Non. Depuis de longs mois maintenant, en fait depuis que tu m'as licenciée pour motifs économiques, tu ne fais plus partie de ma vie. Enfin, tu as bien essayé les premiers mois que ça soit encore le cas. Tu m'as harcelée. Chaque jour, chaque semaine pour que je te rende service. Je n'ai pas cédé, j'ai tenu bon. Mais à quel prix?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Je n'avais pas spécialement prévu de reparler de toi, ni même de repenser à toi. Non. Depuis de longs mois maintenant, en fait depuis que tu m'as licenciée pour motifs économiques, tu ne fais plus partie de ma vie. Enfin, tu as bien essayé les premiers mois que ça soit encore le cas. Tu m'as harcelée. Chaque jour, chaque semaine pour que je te rende service. Je n'ai pas cédé, j'ai tenu bon. Mais à quel prix?

Déjà, il fallait que j'accepte le fait que j'avais perdu mon travail après sept ans à travailler pour toi. Mais en plus de cela, il a fallu que je me batte contre toi. Alors que plus rien ne nous liait. Alors bien sûr, j'ai tout intériorisé et résultat, c'est mon dos qui a tout pris. À cause de toi, j'ai souffert (et souffre encore parfois) d'épouvantables douleurs au dos. Je ne te remercie pas. Je m'en serais bien passée, crois-moi.

Alors, vois-tu, en cette fin d'après-midi, sans que je ne le vois venir, tu m'es revenu en pleine gueule. J'étais en face d'une personne pour un rendez-vous plutôt important. Et puis, cette personne m'a interrompue et m'a posé une simple question: pourquoi avez-vous si peu confiance en vous?Chbam. Là, j'ai senti une énorme faille s'ouvrir en moi. La dégringolade. La dégringolade parce que la première chose qui est venue à mon esprit, c'est toi.

Les images et les souvenirs se sont mis à danser devant moi. Tous plus désagréables les uns que les autres. J'ai repensé à toutes ces fois où tu me rabaissais, où tu me faisais comprendre que mon travail n'était pas satisfaisant alors que je me tuais à la tâche. Alors, bien sûr, tu n'avais pas le cran de me le dire en face. Non. Tu étais plus vicieux que cela et le faisais en pleine réunion devant les clients. Toujours une petite remarque pour dire que j'avais mal fait ci ou ça. Alors que c'est toi qui m'avais demandé de le faire.

J'ai repensé à toutes ces fois où tu me vendais du rêve en me disant que tel projet, ce serait MON projet. Que j'avais carte blanche. Alors, moi, tu vois, j'étais ravie. Je me disais, enfin, c'est pas trop tôt depuis le temps. Alors, je me défonçais sur le projet. Ne comptais pas mes heures et rentrais chez moi le soir satisfaite de mon travail. J'avais enfin un peu d'autonomie dans le travail. Et puis, je revenais le lendemain matin et trouvais mon travail sur ton bureau, complètement modifié. Parce que tout compte fait, c'est toi qui allais t'en occuper. Tu étais comme ça, toi. Tu offrais la lune et la reprenais aussitôt.

Pas une fois en sept ans, tu ne m'as dit que tu étais satisfait de mon travail. Tu prenais toujours tout pour acquis. Élodie, elle est gentille, elle fait tout ce qu'on lui demande. Ben oui, bien sûr, vas-y mec, hésite pas. Je me rappellerai toujours de cette fois pendant mes vacances de Noël, où tu m'avais appelée en me demandant de venir d'urgence au bureau parce qu'il fallait absolument rendre un projet. J'étais sur Paris, il neigeait. Ce jour-là, tu as perdu une grande partie de mon respect, je dois te le dire.

Malgré mes congés, j'ai sauté dans le premier train. Sauf qu'à cause de la neige, il avait du retard. Alors, je suis arrivée 2h plus tard que ce que je t'avais dit au bureau. Oh le drame. Tu m'as accueillie avec un «c'est pas trop tôt, tu te moques de qui?». J'étais ravie, tu penses. Je n'étais pas de bonne humeur, j'ai fait mon travail en traînant les pieds, c'est vrai. Normal quoi. Et puis, j'ai quitté le bureau très tard dans la soirée. Et pour la première fois, j'ai osé te tenir tête et te dire ce que je pensais de cette situation. Je t'ai dit qu'il ne fallait pas que tu oublies ce que j'avais fait pour toi, un jour de vacances. Et que c'était la première et dernière fois qu'une chose pareille se produisait.

Des anecdotes comme celles-là, je pourrais en raconter des dizaines. Sept ans, c'est long avec quelqu'un comme toi. On ne s'ennuie pas, oh ça non. Je ne savais jamais de quoi allait être faites mes journées. Tu étais tellement lunatique que tout pouvait basculer à chaque instant. Pour tout. Pour rien. Toi seul comprenais tes réactions et tes humeurs dans ces moments-là.

Ce n'est qu'aujourd'hui, presque six mois après la fin de notre collaboration que je me rends compte à quel point tu m'as abîmée. À quel point ton comportement a été vicieux, caché aux autres, durant toutes ces années. Au point que je ne me rende pas compte que chaque jour, tu grignotais davantage ma confiance en moi. Comme si tu t'étais mis en tête de faire de moi une bonne à rien. Au point qu'aujourd'hui, je le crois presque. Et que je suis incapable de croire en mes capacités. J'ai l'impression que je ne sais plus rien faire.

Et tu vois, de ça, je t'en veux énormément. Je m'en veux aussi de n'avoir ouvert les yeux sur tout ça qu'une fois sortie de ton emprise. Maintenant, j'ai ouvert les yeux et je réalise qu'en réalité, le problème ce n'est pas moi. Non, c'est toi. Ta personnalité malsaine. Tu es malsain. Tu ne sais pas communiquer avec les autres autrement que par le mépris, la domination. Tu te crois le meilleur. Mais tu es si médiocre, en fait. Tu me fais limite pitié. Vraiment.

Alors aujourd'hui, je voudrais te dire qu'en fait tu m'as rendu service en mettant fin à mon contrat. Parce que je suis désormais libérée. De toi. Et je ne m'en porte que mieux. Alors oui, je n'ai plus de travail pour le moment. Mais ça ne durera pas toute la vie. Je fais ce qu'il faut pour que cela change. Mais en tout cas, je ne suis plus prise dans ta toile d'araignée.

Je revis, je ne suis plus polluée par ta mauvaise humeur, ta mauvaise foi. Maintenant que tous ces mauvais souvenirs sont réapparus, je les ai désormais balayés. Je me sens bien plus légère ce soir. J'ai compris certaines de mes appréhensions de ces derniers temps. C'est parce que, sans le savoir, j'avais ton ombre qui me suivait et me soufflait dans l'oreille que je n'y arriverai pas.

Mais, en fait, SI. Je vais y arriver parce que tu n'existes plus pour moi. Tu n'es désormais plus qu'un vague souvenir. Et désormais, je choisis de me faire confiance. À nouveau.

À voir aussi sur le HuffPost:

Sondage OpinionWay pour les éditions Tissot

7 critères de l'amitié au travail

Retrouvez les articles du HuffPost Art de vivre sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.