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Depuis que Richard Martineau s'est permis de critiquer des étudiants qui ont osé déguster un verre de sangria à la lumière du jour, la question sur les dépenses des étudiants semble s'être multipliée. Martineau n'est certainement pas le seul à avoir utilisé cette tactique pour faire valoir son opinion, car on peut l'observer dans de nombreux débats sur la question de la hausse. L'argument suit toujours la même formule pathétiquement prévisible: «Les étudiants ont juste à se priver de leur (insérer objet de valeur) et ils pourront couvrir la hausse».
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Cela fait maintenant plus de cinq semaines que la grève étudiante persiste à travers le Québec. Alors que l'on parle d'un « printemps érable», la cause est loin d'avoir un support unanime auprès de la population. Les débats sur la place publique ont été mémorables, enrichissants et nous ont donné l'opportunité de nous questionner sur les valeurs québécoises et de faire le point sur nos priorités. La différence d'opinion sur la question de la hausse des frais de scolarité nous permet de nous poser des questions essentielles quant à l'avenir du Québec.

Par contre, alors que la tension monte, il semble que le débat ait pris une tournure déplorable. Depuis que Richard Martineau s'est permis de critiquer des étudiants qui ont osé déguster un verre de sangria à la lumière du jour, la question sur les dépenses des étudiants semble s'être multipliée. Martineau n'est certainement pas le seul à avoir utilisé cette tactique pour faire valoir son opinion, car on peut l'observer dans de nombreux débats sur la question de la hausse. L'argument suit toujours la même formule pathétiquement prévisible: «Les étudiants ont juste à se priver de leur (insérer objet de valeur) et ils pourront couvrir la hausse». Qu'on parle de sangria ou de MacBook, le raisonnement reste le même. Une logique qui insinue que seuls les étudiants qui commandent des pichets d'eau et qui utilisent un portable Windows 95 ont la légitimité d'être contre la hausse.

Depuis quand est-il acceptable d'attaquer les choix personnels d'une partie de la population afin de justifier une coupure budgétaire? Est-ce qu'on suggère aux personnes âgées de sauter leur partie de bingo pour payer leur médication? Verrait-on des tweets du genre: « Une autre permanente pour grand-maman? La belle vie! » J'en doute. Si ce n'est pas concevable de questionner les finances individuelles des personnes âgées, pourquoi est-il légitime de le faire pour les étudiants? Si on se fie à la logique de cet argument, toute coupure budgétaire serait justifiée et n'importe quel problème social facilement réglable. Besoin d'un pap-test? Facile. Saute les frappucino ce mois-ci! Besoin d'assurance-emploi? Facile. Choisis ordinaire au lieu de suprême à la pompe! Problème réglé!

Vous qui êtes pour la hausse, je respecte que vous soyez contre la gratuité et pour le dégel des frais de scolarités, mais ce n'est pas en inspectant les achats des étudiants que vous allez me convaincre de la validité de votre point de vue. Si vous supportez la hausse, expliquez-moi pourquoi. Ne fouillez pas dans mon sac pour me dire que mon argument ne vaut rien parce qu'il y a un iPod à l'intérieur. Ce n'est pas moi qui risque de manquer de crédibilité, c'est vous. Il y a longtemps qu'on a déterminé qu'au Québec, l'éducation n'est pas juste un choix, mais bien un droit. Alors discutons des compromis que nous pouvons faire ensemble pour rendre l'éducation accessible au lieu de nous perdre dans une discussion futile sur la gestion de portefeuille des étudiants. Quand les mots sangria, MacBook et iPod auront quitté la conversation sur l'accessibilité aux études, nous serons un peu plus proches d'un véritable débat de substance et d'une vraie solution.

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