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Pourquoi faut-il tourner le dos à la fourrure?

La vie des animaux qu'on élève et qu'on tue pour leur fourrure est tout simplement horrible.
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«Au moment où nous essayons tous d'être conscients de la façon dont nos modes de vie affectent la nature, la fourrure est un excellent choix. (...) La fourrure est un produit écologique, un vrai cadeau de la nature. » La phrase est tirée du site Fur is Green, une initiative du Conseil canadien de la fourrure. On peut entre autres y lire que « les trappeurs sont des véritables praticiens environnementalistes » et on comprend les éleveurs n'ont qu'une obsession, le bien-être de leurs bêtes.

La campagne Fini la fourrure, initiée par la SPCA de Montréal et l'Association pour la protection des animaux à fourrure (APFA) avec le soutien des Cosmétiques LUSH donne un tout autre son de cloche. Les faits sont là, les images sont troublantes. La vie des animaux qu'on élève et qu'on tue pour leur fourrure est tout simplement horrible.

Une mode cruelle et polluante

L'utilisation de fourrure est à la mode. L'an dernier, le British Vogue estimait que 70 % des designers en avaient utilisé dans leur collection d'automne hiver. L'industrie a bien réussi à s'éloigner de l'image des manteaux de fourrure ensanglantés qu'on a pu voir dans les pubs de PETA il y a une vingtaine d'années pour nous convaincre que la fourrure, est une fibre écolo et que les animaux qui sont tués pour nous habiller ont eu une vie heureuse.

Au Canada, plus de trois millions d'animaux sont tués pour leur fourrure chaque année. Dans le monde entier, ils sont plus de cent millions et 85 % des peaux viennent de fermes d'élevage où les conditions de vie des animaux sont terribles.

Des conditions qu'on jugerait inacceptables pour nos animaux domestiques et même les animaux qu'on mange. Les animaux élevés sur des fermes à fourrure sont gardés loin des regards dans des cages minuscules et dénudées. Alors qu'il est interdit de garder un chien en cage, on l'accepte pour les renards; on garde aussi en cage des visons qui passeraient 60 % de leur temps dans l'eau s'ils étaient dans leur environnement naturel.

Il n'y a pas que les conditions de vie de ces animaux qui sont horribles. Leur mise à mort l'est tout autant. Pour les renards, c'est l'électrocution anale et pour les visons, la chambre à gaz. En 2001, L'Union européenne a commandé une étude qui concluait que l'utilisation de ces chambres à gaz était inhumaine. Ici, c'est la norme.

L'Angleterre, de l'Écosse et de nombreux autres pays ont déjà décidé d'abolir l'élevage d'animaux pour leur fourrure. D'autres pays comme la Suède et la Suisse ont adopté des règlements très stricts sur les conditions d'élevage. L'effet de ces règlements ne s'est pas fait attendre : les élevages de fourrure ont disparu dans ces pays parce que les producteurs ne pouvaient assumer financièrement cette réglementation. Bien-être animal et col de fourrure bon marché ne font pas bon ménage.

Comme toute production animale, les déchets générés par les fermes d'élevage polluent l'air, l'eau et le sol. L'industrie consomme également beaucoup d'énergie pour élever les animaux et traiter les peaux. De plus, le tannage des peaux nécessite l'utilisation de produits chimiques cancérigènes pour contrer le processus naturel de biodégradation.

Et le trappage alors?

L'histoire du Québec est remplie de coureurs des bois, nos vaillants cowboys à cas' de poil. De bons gars, qui n'ont pas peur d'affronter le froid qui pour rapporter quelques peaux. De nos jours, on se doute que le trappage est moins artisanal, mais Fur is Greeen nous apprend qu'il est tout de même nécessaire, voire écolo : « En l'absence d'intervention humaine, la faune est souvent sujette à des cycles radicaux, de surpopulation, maladie et famine. Ceci est un processus certainement « naturel», mais peu humanitaire. Les méthodes de piégeage modernes permettent aux trappeurs d'aider les populations d'animaux sauvages à demeurer plus stables, saines et abondantes. » Bref, on leur rend service en les piégeant.

Ce qu'on ne nous dit pas, c'est que les pièges sont conçus pour retenir un animal malgré lui. Il peut rester ainsi, pris au piège, pendant quelques jours. Exposé aux éléments, aux autres animaux, il souffre souvent de la faim, de déshydratation et de blessures qu'il s'inflige en tentant de sortir du piège. Et lorsque le trappeur revient enfin, un animal qui n'a pas déjà succombé est traité à coups de pied, matraqué ou étranglé - ou tué par d'autres méthodes brutales pour préserver la peau. Il faut aussi savoir que les pièges ne discriminent pas entre les animaux qui les déclenchent. Une étude de l'association vétérinaire américaine indique que jusqu'à 67 % des animaux coincés dans des pièges ne sont pas des victimes intentionnelles.

Si on recyclait la fourrure?

La semaine dernière, j'étais l'invitée d'Isabelle Maréchal pour discuter de fourrure et Mariouche Gagné de la marque Harricana était au bout du fil. La designer travaille à partir de fourrures recyclées et ses pièces uniques en font rêver plus d'une. J'ai moi-même longtemps souhaité avoir une de ses créations dans mon bas de Noël. Madame Gagné défendait son industrie en expliquant qu'il est plus écolo d'acheter une création de qualité, produite à partir de fibres recyclées qu'un manteau "cheap" qui ne tiendra qu'une saison. On s'entend sur l'importance de réutiliser et de recycler plutôt qu'acheter du neuf et qu'acheter des vêtements de piètre qualité ne règlera rien. Reste que porter de la fourrure recyclée demeure problématique.

Pourquoi? Parce que porter de la fourrure (de la vraie, de la fausse, de la recyclée) encourage les autres à en porter et perpétue la mode. Si les fermes d'élevage de renards et de visons existent, si les trappeurs continuent de gagner leur vie, c'est à cause de notre appétit pour les cols de poil. C'est tout le contraire qu'il faut faire : encourager la mode à ne pas utiliser la fourrure, qu'elle soit vraie ou non, pour renverser la tendance.

Il faut remettre la fourrure où elle doit aller : dans notre histoire, pas sur nos manteaux d'hiver. On n'a absolument pas besoin de traîner ce symbole de souffrance sur nos épaules. Alors on fait quoi ? La campagne Fini la fourrure nous encourage à donner nos manteaux à des centres qui s'occupent des animaux sauvages abandonnés. Ils seront utilisés pour garder les animaux bien au chaud. On peut aussi les donner à des organismes qui viennent en aide aux personnes qui vivent des situations difficiles. Les employées de La rue des femmes qui aide les femmes en situation d'itinérance m'ont confirmé qu'elles toujours besoin de vêtements chauds. Pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups, tourner le dos une fois pour toutes à une industrie polluante et cruelle en aidant ceux et celles qui en ont vraiment besoin?

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