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Chilliwack Cattle Sales: le double standard, devant les tribunaux et dans nos assiettes

Presque deux ans après la diffusion de l'enquête menée par Mercy For Animals (MFA) dans la plus grande ferme laitière du Canada, des accusations viennent d'être portées contre l'entreprise Chilliwack Cattle Sales en Colombie-Britannique.
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Presque deux ans après la diffusion de l'enquête menée par Mercy For Animals (MFA) dans la plus grande ferme laitière du Canada, des accusations viennent d'être portées contre l'entreprise Chilliwack Cattle Sales en Colombie-Britannique.

Sept employées devraient comparaitre en cour au mois d'avril. Les images tournées par MFA avaient choqué le pays tout entier. Il faut dire que la vidéo montrait des travailleurs frapper violemment les vaches et utiliser des chaines et des tracteurs pour soulever par le cou des animaux malades. Des vaches blessées - avec de plaies ouvertes - étaient laissées sans soins vétérinaires.

Mais avant de se réjouir que justice soit faite, on doit lire entre les lignes. En effet, les accusations ont été portées en vertu de la loi provinciale en matière de bien-être animal et non en vertu du Code criminel, et ce, malgré le fait que les sévices imposés aux animaux étaient clairement volontaires et extrêmement brutaux. Qu'est-ce que ça change? Les accusations criminelles sont beaucoup plus sérieuses car elles comportent le risque d'un casier judiciaire et la possibilité de peines beaucoup plus sévères, y compris des peines d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à cinq ans. En revanche, les contrevenants à la loi provinciale, sont simplement passibles de, tout au plus, 75 000 dollars d'amende et de deux ans d'emprisonnement.

En réalité, il ne s'agit pas là d'un détail d'ordre administratif. Si les victimes avaient été des chats ou des chiens, il ne fait pas de doute que les accusations auraient été de nature criminelle. Ainsi, le mois dernier, un Ontarien a été condamné à deux ans de prison en vertu du Code criminel pour avoir ligoté son chien avec du ruban électrique.

De même, en 2014, un autre homme avait été condamné à l'emprisonnement après avoir battu un chien. Le juge avait qualifié les pratiques «déplorables, barbares et cruelles». Mais on peut s'interroger: en quoi les pratiques qui avaient cours à Chilliwack sont-elles moins graves, barbares ou cruelles que celles qui concernent des animaux de compagnie? Et surtout, qu'est-ce qu'il faut faire pour que les vaches, les cochons et les poules des élevages industriels soient protégés par le Code criminel?

Au-delà du double standard dont sont victimes les animaux d'élevage, le problème demeure que ce ne sont pas forcément les pires sévices qui sont amenés devant les juges. Les pratiques habituelles de l'industrie demeurent parfaitement légales. Or, pas besoin d'enquêtes en caméra cachée pour savoir qu'un grand nombre de vaches laitières passent leur vie attachées, souffrent d'être séparées de leur veau à la naissance, ont le pis régulièrement enflammé, les sabots ensanglantés et qu'elles prendront inexorablement le chemin de l'abattoir.

Dans notre société productiviste, les vaches sont, de fait, traitées comme de simples machines à produire du lait, durant leur courte vie de quatre ou cinq ans. Pourtant, tous les spécialistes s'entendent pour dire qu'il s'agit d'êtres intelligents et sensibles, à l'instar de nos chats et de nos chiens. Autrement dit, le problème n'est pas seulement celui des cas de cruauté extrêmes qu'on découvre à chaque fois qu'on mène des enquêtes: c'est la norme généralement acceptée.

On accepte que les animaux de ferme subissent des traitements qu'on n'oserait même pas imaginer pour nos animaux de compagnie. Ce n'est donc pas seulement en cour, mais aussi chez nous, dans nos assiettes et nos frigos, qu'on doit remettre en question cet injustifiable double standard.

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Mai 2017

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