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Faire l'autruche au détriment des générations futures

En 2014, la RAMQ a remboursé des antipsychotiques pour 108 enfants de 5 ans et moins et des antidépresseurs pour 63 enfants de 5 ans et moins.
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Alerte! Les diagnostics de «maladies mentales» explosent chez les enfants! Trouble de déficit de l'attention (TDAH), bipolarité, autisme... La prescription de psychotropes chez les moins de 18 ans, y compris d'antidépresseurs, est à un niveau record.

En 2014, la RAMQ a remboursé des antipsychotiques pour 108 enfants de 5 ans et moins et des antidépresseurs pour 63 enfants de 5 ans et moins. Pire encore, la RAMQ a remboursé des antidépresseurs, des antipsychotiques ou des psychostimulants pour un total de 16 enfants de 2 ans et moins en 2014 (La Presse, 2 février 2016)!

Peut-on vraiment conclure que les enfants sont plus «malades» qu'avant? À qui la faute? On peut toujours se rabattre sur l'argument, confortant à souhait, que l'on dépisterait mieux les problèmes de santé mentale aujourd'hui, mais adhérer à cette seule explication revient à faire l'autruche au détriment des générations futures!

Psychiatre à l'hôpital Rivière-des-Prairies, Laurent Mottron, expert bien connu, affirme passer autant de temps à diagnostiquer de nouveaux cas d'autisme qu'à rejeter des diagnostics suggérés par d'autres médecins ou encore par le système scolaire (L'Actualité, 1er avril 2014).

Voilà qui fait réfléchir à nos valeurs sociétales, notamment aux attentes des parents et du système scolaire vis-à-vis des enfants.

Et si c'était plutôt le regard que l'on pose sur les enfants qui a changé? Notre société tolère de moins en moins la souffrance, la différence, la turbulence et l'originalité. Et s'il fallait davantage s'attarder au contexte dans lequel chaque enfant grandit, à l'anxiété qu'il peut vivre et aux ressources nécessaires pour le soutenir, et ce, au-delà du diagnostic?

Le tsunami de problèmes de santé mentale chez les enfants doit devenir un enjeu majeur de santé publique non pas pour promouvoir une approche de dépistage précoce, mais plutôt pour s'interroger sur les causes réelles de ce phénomène et pour agir sur les conditions de vie des enfants.

Ces enfants seront tatoués pour la vie d'un ou plusieurs diagnostics psychiatriques et consommeront, souvent sur de longues périodes, des médicaments psychotropes susceptibles d'occasionner de graves effets secondaires et dont on ignore les impacts à long terme! Ce seul point doit être suffisant pour faire retentir une tonitruante sonnette d'alarme.

Malheureusement, l'espace de dialogue pour tenir un réel débat de société sur la médicalisation de l'enfance est quasi inexistant! Le problème est que toute critique vaut à son auteur d'être étiqueté «contre la médication» et ferme la porte à tout débat sain.

Pourtant, il ne s'agit pas du tout de culpabiliser les parents d'enfants qui consomment des psychotropes, loin de là. La médication a sa place, mais aujourd'hui, elle en prend trop pour un nombre croissant d'enfants. En plus, il faut s'assurer que les parents aient accès à une information complète pour exercer leur droit à un consentement libre et éclairé.

Mais surtout, il faut s'interroger sur l'ensemble des facteurs qui contribuent à l'avalanche de diagnostics psychiatriques chez les enfants.

Ces facteurs sont si nombreux: le rôle des compagnies pharmaceutiques, l'élargissement des critères diagnostiques du DSM-5, le système scolaire et la «course» aux diagnostics menés par certaines commissions scolaires, le milieu médical et psychiatrique, la prescription de médication «hors indication», le rôle de la famille, des médias d'information et de divertissement, le difficile accès aux services de psychothérapie, etc.

Les problèmes de santé mentale ne sont pas une fatalité. Il faut avoir le courage de tenir un débat porteur d'avenir, pour l'avenir de la santé mentale des adultes de demain.

La série sur la Santé mentale des enfants (Young Minds Matter) est une nouvelle initiative du Huffington Post destinée à ouvrir un débat sur la santé mentale et émotionnelle des enfants, de sorte que les plus jeunes se sentent aimés, appréciés et compris.

À cette occasion, son Altesse Royale la duchesse de Cambridge est rédactrice en chef invitée. Nous allons discuter des problèmes, des causes et surtout des solutions face à la stigmatisation entourant la santé mentale chez les enfants.

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Mai 2017

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