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Fête du Québec: confiance et fierté

Dans quelques années, le Québec pourra être fier du chemin parcouru.
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Êtes-vous fiers d'être Québécois par les temps qui courent? En cette fête du Québec, devons-nous ou pouvons-nous être fiers d'être Québécois? La Commission Charbonneau a révélé des pratiques d'affaires qui nous ont tous affectés collectivement. Avons-nous véritablement été surpris? Sans doute plus de 90% du milieu des affaires savait ce qui se passait. Des dizaines de personnes du milieu des affaires et du milieu des professionnels m'ont avoué avoir agi en tant que prête-noms dans les années 1990 et 2000 à la demande de leurs employeurs, alors que ces derniers le faisaient à la demande des politiciens... Dix pour cent des entreprises de construction avaient créé le système et au moins un autre 50% y participait, soit avec plaisir ou soit parce qu'elles considéraient qu'elles n'avaient pas le choix de le faire. Le milieu des affaires était en déroute.

Comme le disait récemment madame Diane Lemieux, PDG de la Commission de la construction du Québec, on aimerait bien tourner la page, mais il faut en premier l'écrire. C'est ce que sont en train de faire les commissaires de la Commission Charbonneau. Sans doute, la Commission fût longue et, pour plusieurs personnes, un long supplice. Plusieurs ont été écorchés par celle-ci. Certains le méritaient, d'autres non. Mais cette Commission est un passage obligé pour collectivement souhaiter mieux faire et mettre en place une culture des affaires plus intègre. Comme l'énonçait madame France Charbonneau le 14 novembre 2014: «La confiance du public en nos institutions doit être restaurée. La corruption et la collusion, phénomènes mondiaux, ont un impact majeur sur la confiance des Québécois et se répercutent dans toutes les sphères de la société. Plusieurs personnes ont rapporté que la quête du Québec vers l'intégrité est citée en exemple à travers le monde. Les Québécois ont fait preuve de beaucoup de courage. Ils peuvent donc être fiers et garder la tête haute.»

Je pratique l'éthique et la gouvernance depuis bientôt douze ans et souvent les gens me demandent si nous sommes pires qu'ailleurs. C'est vrai que notre sang latin a teinté notre manière de faire des affaires et nous avons mis en place des modèles d'affaires basés sur l'amitié, les retours d'ascenseurs, les prête-noms, le marché au noir, etc. Mais fondamentalement, le Québécois n'est pas si pire que cela. Pour avoir vu ce qui se passe ailleurs, plusieurs pays ont vécu ce que nous vivons actuellement: la Hollande, l'Afrique du Sud, etc. Plusieurs autres pays et provinces canadiennes auraient sans doute avantage à également avoir une Commission Charbonneau, car il n'y a pas de frontières à la collusion et à la corruption. Un modèle d'affaires qui a si bien fonctionné au Québec pendant autant d'années est assurément répété un peu partout.

On me demande également si nous sommes pires aujourd'hui qu'il y a vingt ou cinquante ans. Plusieurs témoignages me portent à penser que nous ne sommes pas pires qu'avant. Par exemple, le grand-père de l'un de mes clients me disait: «À mon époque, quand les libéraux étaient au pouvoir, on peinturait nos camions en rouge, pis quand le PQ prenait le pouvoir, on les peinturait en bleu... Pas facile aujourd'hui pour mes petits-enfants de faire des affaires. Plein de paperasses à remplir, pas le droit d'aller dîner, pas le droit de donner d'enveloppes...»

Si la marmite a explosé au cours des dernières années, c'est parce que les Québécois ont voulu qu'elle explose. À l'heure de l'information instantanée, des «journalopoliciers», des gens qui sont de plus en plus éduqués mais, surtout, qui posent des questions, il est plus difficile et il sera de plus en plus difficile pour les criminels en cravate de nous frauder. Ils essaieront de nouveau, ils réussiront de temps en temps, mais de moins en moins facilement.

Plusieurs d'entre vous sont cyniques. À force de se faire mentir et de voir ces abus, il est normal d'être par moment découragé. Mais comme le disait Napoléon Bonaparte, «Mieux vaut mettre de la fierté dans son attitude que de se reconnaître d'avance vaincu».

En cette fête du Québec, je sais que nous sommes loin d'être parfaits, mais je suis néanmoins fier du chemin que nous avons pris au cours des dernières années. Il faut poursuivre dans cette voie. Je ne suis pas naïf et jamais nous ne serons collectivement purs et intègres, mais si chacun s'améliore juste un peu, cela fera une grande différence.

Mais le changement implique chaque citoyen. C'est la population qui, au bout du compte, dispose des clés d'un changement dans les mentalités et qui doit avoir les exigences les plus élevées au niveau de la transparence, de l'éthique et de la compétence, des ingrédients indispensables à la confiance et à la santé de la vie démocratique.

Sans mettre mes lunettes roses, soyons positifs, il y a de plus en plus de gens qui veulent changer les choses. Le Québec est en train de se réveiller. Dans quelques années, le Québec pourra être fier du chemin parcouru.

Il faut oser la confiance, il faut prendre le pari de la confiance. C'est le plus beau pari que les Québécois puissent prendre. Cette confiance mènera à la fierté, à l'engagement, à l'investissement, à la mobilisation collective ainsi qu'à une meilleure qualité de vie. Nous aurons besoin de tous les Québécois et Québécoises qui voudront contribuer à cet important défi de société. En cette fête du Québec, je souhaite que nous agissions avec maturité, que nous ne nous divisions pas et que nous célébrions tous ensemble. Comme l'écrivait le philosophe Jean-Baptiste Rousseau en 1712: «Un peuple fier chérit tout à la fois, sa liberté, sa patrie et ses lois.»

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Mai 2017

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