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Pour un leader syndical (ou étudiant) le vrai test de leadership dans un conflit c'est d'être capable de vendre un règlement pour reprendre le travail (ou les études). C'est là où nous en sommes dans cet interminable printemps étudiant.
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Pour un leader syndical (ou étudiant) le vrai test de leadership dans un conflit c'est d'être capable de vendre un règlement pour reprendre le travail (ou les études). C'est là où nous en sommes dans cet interminable printemps étudiant.

La pression est maintenant sur la FECQ, collégiale et la FEUQ, universitaire. Le gouvernement Charest a bougé de façon significative vendredi en lissant sur 7 ans la hausse des frais de scolarité. Il a aussi remis 39 millions de dollars dans le régime des prêts et bourses et introduit le remboursement proportionnel au revenu. En temps normal, les associations étudiantes auraient sauté sur cette offre, mais nous ne sommes pas en temps normal.

Au début de la grève, le premier ministre Jean Charest faisait la nuance que les étudiants ne sont pas des employés du gouvernement et qu'il n'est pas leur employeur. Mais ce conflit est bâti sur le modèle des revendications syndicales, sauf que de tels actes de vandalisme n'auraient jamais été tolérés si commis par une organisation établie. Il y a quelques mois la population s'est scandalisée du brasse-camarade dans la construction et précipité l'adoption de la loi sur le placement.

Hier, le premier ministre a fait comme un patron d'entreprise qui soumet son offre dite finale directement à ses employés, en passant par-dessus la tête des «instances». C'est une manoeuvre assez risquée mais elle s'imposait à ce stade-ci. On lui a tellement reproché de «bretter» qu'on serait mal venu de lui dire qu'il ne peut pas s'adresser directement à la population pour faire connaître les propositions gouvernementales. Quant aux leaders étudiants, ils ont joui d'un temps d'antenne sans précédent depuis deux mois pour exposer leurs arguments.

Il est illusoire de penser que la CLASSE pouvait être partie prenante d'une entente négociée. A moins bien sûr de remettre les frais de scolarité au frigo, d'ouvrir la porte à la gratuité scolaire, d'obtenir la démission du gouvernement et de faire élire une coalition Marois-Khadir.

Un leader, (Gabriel Nadeau-Dubois) qui n'a pas le pouvoir de faire un appel au calme avant une manif a-t-il le pouvoir de conclure une entente avec un gouvernement honni et de la vendre à la nébuleuse étudiante? Il est vrai qu'il n'est qu'un simple porte-parole.

Les associations étudiantes ont annoncé dès le départ qu'elles allaient casser la décision de ce gouvernement qui a reculé chaque fois que la chaleur se faisait sentir. Sa fermeté sur une décision budgétaire peut lui rapporter quelques appuis dans l'électorat mais ce serait courir après le trouble que de déclencher des élections en pleine crise sociale. Le PLQ devrait d'ailleurs songer à annuler son conseil général du week-end prochain si la grève n'est pas terminée.

Dans une négociation il faut savoir tracer une ligne entre l'objectif poursuivi et les gains obtenus. Poursuivre la lutte mais à quel prix et pour obtenir quoi? Le gouvernement a commis plusieurs erreurs stratégiques et surtout sous-estimé la grogne citoyenne mais son offre est sensiblement améliorée.

Les vrais leaders sont capables de faire sortir leur monde mais peuvent aussi les faire rentrer pour savourer une demi-victoire.

La manif du 27 avril

La manif du 27 avril à Montréal

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