Le gouvernement Trudeau est, en raison du massacre à Paris vendredi dernier, en porte-à-faux avec les Québécois.
Le sondage Léger Marketing dévoilé mardi indique que 73% des Québécois redoutent des actes terroristes sur notre territoire, que 64 % de ceux-ci veulent maintenir ou augmenter les frappes aériennes contre l'État islamique, qu'ils doutent à 59% que les forces policières puissent contrôler efficacement les réfugiés. Conséquence inévitable, 60% des gens interrogés souhaitent abaisser le nombre de migrants accueillis.
Ce sondage correspond au mouvement qu'on a senti dans la population depuis quelques jours. La peur et le doute se sont installés.
La question des réfugiés a dominé les travaux de l'Assemblée nationale. Le gouvernement Couillard a tenté de faire baisser la pression en insistant sur le fait que le nombre réel de nouveaux arrivants est de 2400, puisque 3600 sont déjà identifiés par la machine administrative. (La part du Québec, sur 25 000, est de 6000).
Le premier ministre Philippe Couillard convient que la commande est «exigeante» ,mais réalisable, dit-il, dans un échéancier aussi court. Il n'a pas hésité mardi à passer par-dessus les doutes émis par 2 de ses ministres au dossier, Pierre Moreau (Sécurité publique) et Kathleen Weil (Immigration), pour persuader les citoyens.
Le message du gouvernement québécois pêchait par incohérence. Le premier ministre québécois a raté, par ailleurs, une belle occasion de retirer les propos déplacés qu'il a tenus dimanche sur le PQ et la CAQ et leur «lourd passif». Philippe Couillard a saboté dimanche la stature qu'il avait manifestée la veille.
En fait, Québec est dans le noir en ce qui concerne le programme des réfugiés et souhaite que le fédéral se dépatouille avec sa promesse électorale comprimée dans un calendrier irréaliste.
Pendant ce temps, le nouveau premier ministre canadien poursuit sa tournée internationale et rejette les appels qui lui sont adressés, autant sur les frappes aériennes en Irak que sur une modulation du programme de réfugiés.
(À Toronto, des responsables mentionnaient qu'ils devront recevoir autant de monde, en 5 semaines, que durant les 5 dernières années, soit 6000 personnes.)
On fait sans doute le pari à Ottawa, qu'à long terme, il est plus payant de coller à ses promesses électorales. Le problème c'est que nous vivons dans un nouvel univers politique depuis le 13 novembre, comme le démontrent la France et la Russie qui travaillent, main dans la main, pour effacer l'EI de la surface de la Terre.
La nouvelle ne semble pas s'être rendue dans l'avion de Justin Trudeau .
VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST