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Régis et les vaches sacrées

Le maire Régis Labeaume va se retrouver bien seul dans sa croisade contre les vaches sacrées du monde municipal. Les ministres du gouvernement Charest ont accueilli fraîchement les demandes du maire de Québec pour redonner du pouvoir aux Villes contre leurs gros syndicats.
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Le maire Régis Labeaume va se retrouver bien seul dans sa croisade contre les vaches sacrées du monde municipal. Les ministres du gouvernement Charest ont accueilli fraîchement les demandes du maire de Québec pour redonner du pouvoir aux Villes contre leurs gros syndicats.

S'il y une chose que le printemps étudiant a démontré, c'est que le syndicalisme n'est pas mort au Québec et a même fait des petits. Le maire Labeaume a profité de la tribune de la Chambre de Commerce pour exposer son plan. Il est clair, dit-il, que les Villes se dirigent vers un mur en raison du poids des conventions collectives et des régimes de retraite de leurs employés.

Privées de sources de revenus, elles n'auront d'autres choix que de refiler des charges en croissance fulgurante directement sur les comptes de taxes. Or, le contribuable a l'épiderme sensible. Le monde municipal se plaint depuis longtemps d'être ligoté dans ses négociations. Le résultat c'est que les employés municipaux sont les «gras durs» du système avec une rémunération de 29,2% plus élevée que celle des fonctionnaires provinciaux.

Le maire préfèrerait s'entendre avec ses syndicats, mais, au cas où, propose une série de modifications aux lois du Québec qu'il a présentées à la ministre du Travail, Lise Thériault, celle qui a osé mettre fin au placement syndical dans la construction.

Les municipalités auraient le droit de lock-out, elles détermineraient les services essentiels (définis par les syndicats actuellement ), pourraient éliminer les planchers d'emploi, partageraient les déficits actuariels avec les employés... Quant aux conditions de travail des pompiers et policiers, elles seraient tranchées par 3 arbitres permanents.

Pour dorer la pilule, le maire de Québec veut réduire les pensions des élus. Régis Labeaume a même fait preuve d'une modération, peu habituelle dans son cas, en précisant que les changements ne seraient pas rétroactifs, ne toucheraient pas les employés sur le pas de la retraite et n'élimineraient pas les régimes à prestations déterminées.

Le dossier de la Ville de Québec repose sur des arguments solides. Il y a une nette cassure entre les avantages des groupes organisés et le reste de la société qui ne touchera jamais 70% de son salaire à sa retraite, prise avant 60 ans. On peut ergoter sur les congés de cotisation pris par les employeurs, sur le fait que ces avantages ont été consentis, mais ça ne change rien à l'implacable réalité des chiffres.

Régis Labeaume veut faire des négociations «publiques» et lancer un débat social. Il devra être persuasif avec ses employés et ne pas trop miser sur de l'aide extérieure. Invité à se joindre à la croisade, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a poliment décliné. La Métropole se tourne vers le gouvernement québécois quand vient le temps de renflouer ses fonds de pension, c'est bien commode. Une offensive Montréal-Québec aurait plus d'impact.

Après s'être brulé les doigts avec les étudiants, le gouvernement Charest n'a sûrement pas le goût de prendre de front les grosses centrales syndicales. D'ici les élections, il naviguera sur le pilote automatique.

Ce sera donc les vaches sacrées versus le cowboy solitaire de Québec.

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