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Philippe Couillard ferme la valve

Le premier ministre profiterait du remaniement de son équipe pour faire place aux femmes, aux jeunes, aux régions. Peut-être devrait-il faire plus de place à l'économie.
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Philippe Couillard n'a jamais aimé le pétrole et le gaz de l'île d'Anticosti.

Quand le gouvernement Marois a annoncé, en février 1994, qu'il allait investir 115 millions $ pour mesurer le potentiel d'Anticosti, Philippe Couillard, alors chef de l'opposition, a dénoncé ce qu'il a baptisé la «loto-pétrole».

Ses arguments à cette époque étaient essentiellement de nature économique: il considérait que le public assumait une trop grande part de risque durant la phase d'exploration. Via Ressources Québec, le Québec est actionnaire à hauteur de 35% dans Pétrolia (21% Maurel et Prom, 21% Corridor Resources).

Le premier ministre a exprimé à plusieurs reprises ses réticences face à la mise en valeur de ressources d'Anticosti. C'est durant la conférence sur le climat, à Paris, que son opposition, pour des motifs environnementaux, a éclaté au grand jour.

Depuis, le premier ministre manque de superlatifs pour enterrer Anticosti, «saccage», «destruction d'un écosystème», jamais ce projet ne portera ma signature, tranche-t-il.

Rafraîchissons-nous la mémoire. Sous la pulsion de Bernard Landry, Hydro-Québec avait créé une division du gaz et du pétrole qui possédait les permis sur Anticosti. Le gouvernement Charest les a vendus dans une entente «secrète» à la compagnie québécoise Pétrolia et fermé la division pétrolière d'Hydro.

Gros scandale dénoncé par un lobby écologiste (mené par Daniel Breton) qui dénonce «le vol du siècle»: les libéraux auraient bradé l'avenir pétrolier du Québec. Péquistes et environnementalistes s'entendent alors pour dire que le Québec doit faire comme la Norvège et tirer profit de son pétrole.

C'est dans ce contexte que le gouvernement Marois s'est réapproprié les droits sur Anticosti.

Le «vol du siècle» se dégonfle lorsque Pétrolia dévoile les termes de l'entente avec Hydro. Une clause prévoit une redevance sur chaque baril produit et, de surcroît, Hydro aurait le loisir de réinvestir dans l'entreprise si on exploite un gisement.

Si on se résume, le PQ, le parti de gauche collé sur les écologistes pousse sur le développement d'Anticosti, et le PLQ, le parti qui se définit comme celui de l'économie, refuse de poursuivre le projet plus loin.

Depuis quelques semaines, Philippe Couillard a cherché à fermer davantage de filières énergétiques qu'il n'en a ouvert et même le gaz naturel est, à ses yeux, une ressource temporaire.

Il évoque la fin prématurée de l'exploration qui doit, normalement, se terminer l'été prochain. En effet, comment justifier cet exercice si le gouvernement n'y croit pas?

Combien coûterait ce bris de contrat? Mystère et boule de gomme.

Le premier ministre soutient que les renseignements glanés à Anticosti serviront ailleurs. Or, il ne cesse de faire valoir qu'Anticosti est un écosystème en soi. Il faudrait en déduire qu'on ne peut comparer l'étude du sol à Anticosti avec celui de la Gaspésie.

Loin d'être un écosystème naturel, Anticosti est ravagée par des troupeaux de chevreuils sans prédateurs. C'est devenu le paradis des happy few qui peuvent se payer une chasse sans souci.

L'exploitation du gaz de schiste a avorté au Québec parce qu'on a fait l'erreur de forer près de zones habitées. Maintenant qu'il y aurait du gaz sur une île de 240 km habitée par 200 personnes au milieu du fleuve, on ferme la valve.

Si le Québec est aussi frileux face au potentiel d'Anticosti, on peut craindre qu'il refuse de considérer le potentiel du gisement Old Harry, au cœur de l'océan.

L'industrie forestière est sur le déclin, les projets miniers sont retardés ou abandonnés, le trafic maritime se porte mal, mais le Québec se paie le luxe de ne pas aller au bout de ses capacités.

Qui aurait cru Philippe Couillard plus vert que Martine Ouellet?

Le premier ministre profiterait du remaniement de son équipe pour faire place aux femmes, aux jeunes, aux régions. Peut-être devrait-il faire plus de place à l'économie.

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L'île d'Anticosti vue par le photographe Marc Lafrance

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