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Le PQ perd son meilleur scoreur

Le député de Chicoutimi était un parlementaire redoutable qui excellait dans l'art de déranger ses adversaires.
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Le Parti québécois perd son meilleur scoreur à Assemblée nationale avec le départ de Stéphane Bédard. Le député de Chicoutimi était en effet un parlementaire redoutable qui excellait dans l'art de déranger ses adversaires.

En 2010, le premier ministre Jean Charest avait perdu patience à son endroit et l'avait qualifié de «tête de slinky» parce que, disait-il, ce dernier avait l'habitude de bouger la tête pour mesurer les effets de ses questions sur les journalistes.

Durant ses 17 ans de carrière, il a souvent mené les charges de l'opposition à titre de leader parlementaire et prenait plaisir à déstabiliser ses adversaires. Teigneux, partisan à outrance, Stéphane Bédard connaissait tous les trucs permis par le règlement parlementaire.

Il est donc difficile de comprendre pourquoi le nouveau chef péquiste, Pierre Karl Péladeau, a décidé de tasser le député de Chicoutimi au profit de Bernard Drainville. Cette décision étonnait d'autant que Stéphane Bédard a dirigé le PQ entre le départ de Pauline Marois et l'élection de PKP. Normalement, un chef intérimaire jouit d'une forme de reconnaissance.

Il y a aussi la manière. La démotion surprise de Bédard a été annoncée par voie de communiqué, sans que le chef péquiste ne sente le besoin de la justifier. Encore, jeudi, il a refusé de dire pourquoi.

À 47 ans, le moment est bien choisi pour Stéphane Bédard de lancer une nouvelle carrière, mais tout le monde est convaincu qu'il serait encore député s'il avait conservé son poste de leader. Depuis la reprise de la session, il était complètement éteint.

Les parlementaires lui ont rendu hommage avec une émotion mal dissimulée: Philippe Couillard, François Legault, Jacques Chagnon, Manon Massé. Le discours de PKP détonait par son caractère décousu et, somme toute, insignifiant en pareille circonstance. Quant à Stéphane Bédard il a rappelé à quel point il avait aimé travailler avec Pauline Marois qui lui avait confié le Conseil du Trésor, en plus du poste de leader.

Bon joueur, il a mentionné l'engagement en politique de son nouveau chef qui aurait pu choisir une voix plus facile. Il l'a assuré de sa loyauté, loyauté qui semble être à sens unique. Malgré les ratés du gouvernement Couillard, la mauvaise performance de certains ministres, les compressions dans l'appareil de l'état, l'opposition péquiste ne réussit pas souvent à le pousser dans les câbles.

Avant de quitter la patinoire du Salon Bleu, Stéphane Bédard a tiré dans le but de son équipe en mettant la main sur sa prime de départ de 151 000$. Bernard Drainville déchirait ses habits de leader, il y a quelques semaines, quand des députés libéraux (Gilles Ouimet, Marguerite Blais) ont fait de même.

Fils de Marc-André Bédard, Stéphane est un irréductible indépendantiste qui a connu toutes les étapes de la vie tumultueuse du PQ. Le départ simultané de Gilles Duceppe au Bloc québécois démontre à quel point l'option est en perte de vitesse, quoiqu'en disent les souverainistes depuis l'élection de lundi.

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