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La session de la petite révolution

Philippe Couillard agit comme le grand timonier, mais il lui manque souvent ce flair ou ce réflexe nationaliste qu'avaient des prédécesseurs comme Robert Bourassa ou Jean Charest.
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Le gouvernement Couillard a repris là où celui de Jean Charest a baissé les bras en 2003, déclenchant une petite révolution dans la politique québécoise.

Les électeurs ont voté pour du changement le 7 avril et du changement il y en a eu durant cette courte session parlementaire de 6 semaines. Petit retour en arrière: modification des régimes de retraite des puissants syndicats municipaux (loi 3), récupération d'une partie de la hausse salariale des médecins, abolition des Agences de santé (projet de loi 10), récupération de 300 millions$ dans les budgets des municipalités, fusion annoncée des commissions scolaires, transfert des CLD aux municipalités, obligation pour les entités de l'état de dénombrer leurs employés (projet de loi 15), transformation des Carrefours Jeunesse-Emploi, abolition anticipée de 1150 postes dans la fonction publique, projet de loi pour forcer les médecins à faire plus d'heures (projet de loi 20), introduction de la modulation dans les frais de garderie, présentation d'un mini-budget qui va chercher 600 millions$ de revenus supplémentaires...

Tant au plan législatif que politique, le nouveau gouvernement a bousculé et provoqué, aussi, bien des grincements de dents. L'Assemblée nationale a pourtant ajourné ses travaux sans que le gouvernement ne recoure au traditionnel bâillon de fin de session!

Il profite encore de la poussée que lui a donnée la population en lui donnant une majorité, majorité couplée à un deuxième parti d'opposition, la CAQ, qui partage son analyse sur l'inévitable redressement des finances publiques. Quant au PQ, il est encore en pleine introspection.

Le premier ministre Philippe Couillard n'aime pas le terme «austérité» qui réfère souvent aux coupes brutales dans certains pays européens. C'est une «vue de l'esprit», dit-il. Il est vrai que son administration n'a pas réduit drastiquement le budget de l'État, mais limité sa croissance. Mais elle a donné un sérieux coup de frein qui a des conséquences.

L'ennemi principal de ce gouvernement c'était le scepticisme des électeurs à qui on a promis tant de fois des réformes, avant de plier les genoux devant tous les lobbies. En dressant son bilan, le premier ministre s'est montré inflexible sur un report du déficit zéro, précisant «le gouvernement ne se défilera pas».

On a très bien senti cette semaine l'exaspération des contribuables qui n'ont plus beaucoup de sang à donner.

La mise à jour financière n'avait qu'un objectif: convaincre les Québécois que les ponctions les plus dures ont été faites et que les «vallées verdoyantes» sont à l'horizon.

Au bunker on est convaincu que le mini-budget est la pièce maîtresse qui démontrera que le gouvernement sait où il va.

Au cours des dernières semaines, cette cohésion faisait défaut. Des ministres ont démontré qu'ils n'étaient pas à leur place. On a beaucoup joué dans les structures sans que les résultats ne soient garantis.

La refonte de la carte scolaire est déjà bordélique. En Santé, il faut espérer que le traitement-choc du Dr Gaétan Barrette soit le bon.

Philippe Couillard agit comme le grand timonier, mais il lui manque souvent ce flair ou ce réflexe nationaliste qu'avaient des prédécesseurs comme Robert Bourassa ou Jean Charest.

Il devra vivre avec l'image de celui qui a brisé ses promesses électorales. Toutefois, il demeure le meilleur «vendeur» aux yeux de la population.

Menée par Stéphane Bédard, l'opposition officielle a joué son rôle mais la présence de Pierre Karl Péladeau dans ses rangs a occupé presque tout l'espace médiatique.

Quant à la CAQ de François Legault, elle est condamnée à voir le gouvernement appliquer son programme et redoute l'effet PKP sur son membership.

À la reprise de la session, le défi pour le gouvernement sera de sortir du discours sur l'austérité et de mettre l'accent sur la relance de l'économie.

Ce n'est pas acquis, il reste plus de 1 milliard à récupérer dans la machine et 689 millions$ dans la négociation avec ses 500,000 (environ) employés.

«On va avoir le vent de face», constatait, lucide et fataliste, un conseiller politique.

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