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La porte tournante

La question fondamentale: combien le Québec peut-il recevoir de ces nouveaux arrivants sans provoquer une crise sociale?
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Cette nouvelle vague a un caractère imprévisible.
Christinne Muschi / Reuters
Cette nouvelle vague a un caractère imprévisible.

Il est grand-temps pour les leaders politiques d'envoyer le message que le poste-frontière de Lacolle n'est pas une porte tournante qui peut laisser passer tous les demandeurs d'asile qui veulent forcer leur entrée au pays.

Entendons-nous, le Canada et le Québec ont l'obligation de bien recevoir cette vague de migrants irréguliers ou illégaux le plus convenablement possible. Ils ont aussi l'obligation de mettre les ressources pour que l'analyse des dossiers se fasse avec célérité et ne se perdent pas dans un labyrinthe bureaucratique qui créerait une classe d'apatrides.

La question fondamentale: combien le Québec peut-il recevoir de ces nouveaux arrivants sans provoquer une crise sociale? L'hiver dernier la vague de réfugiés syriens a provoqué des débats, mais on a au moins établi un quota qui permettait d'en mesurer l'impact et de préparer leur arrivée. Cette nouvelle vague a un caractère imprévisible.

La semaine dernière, les autorités se faisaient rassurantes disant que l'opération est sous contrôle face à un flux anormalement élevé de demandeurs d'asile. Puis il y a eu le Stade olympique, le Royal Vic, l'intervention et les tentes de l'armée, la Croix-Rouge... et ce n'est pas fini.

Visiblement, on avait fait le pari qu'on assistait à un gonflement temporaire de ce flux migratoire. Et si c'était, comme le rapportait La Presse citant une source fédérale, la pointe de l'iceberg?

Les États-Unis hébergent 320 000 étrangers chassés de leur pays, une dizaine au total, par des catastrophes naturelles. Ces ressortissants ont obtenu un Statut protégé temporaire qui viendra à échéance dans les prochains mois. On sait que 46 000 Haïtiens ont échappé au séisme de 2010 en gagnant les É.-U.. Le prochain groupe à échéance est celui des Salvadoriens (195,000).

Le Trumpisme fait trembler ces communautés.

Deux millions d'Haïtiens cherchent un pays d'adoption. Le Chili, à lui seul, a ouvert ses portes à 44 000 Haïtiens depuis 6 mois.

Que va-t-il se passer si la pression se maintient pendant des mois sur la frontière du Québec? Le premier ministre Philippe Couillard a senti, depuis quelques jours, l'inquiétude de la population et fait valoir que rien ne garantit que ces migrants seront autorisés à rester de façon automatique. Il était temps de rappeler certains principes.

Quiconque regarde les images télé a l'impression, effectivement, que l'on rentre impunément au Canada en contournant les règles et Legault avait raison de soulever la question.

Malheureusement, il n'a pu s'empêcher de faire de la petite politique en dénonçant les propos du chef caquiste, François Legault, qui a décrit une «passoire» à Lacolle. Quiconque regarde les images télé a l'impression, effectivement, que l'on rentre impunément au Canada en contournant les règles et Legault avait raison de soulever la question.

Le «Denis Coderre show» a beaucoup contribué à répandre l'idée que notre frontière est poreuse et faite pour être piétinée en direction de Montréal-Sanctuaire. Sa conférence de presse avec deux ministres haïtiens était risible. Le gouvernement de la Perle des Antilles semble disposé à exporter ses enfants.

Quant à Justin Trudeau, il est porté disparu. Souhaitons qu'à son retour il se comporte comme un premier ministre soucieux de défendre la frontière de son pays et non comme le GO d'un Club Med.

La crise des migrants est un dossier sensible. Il suffit d'écouter les lignes ouvertes et de lire les médias sociaux pour s'en convaincre. Dans quelques semaines, une Commission va se pencher sur le racisme systémique au Québec, rien de moins. Plusieurs craignent un dérapage.

Nous retrouvons aujourd'hui les mêmes ingrédients qui ont provoqué la crise des accommodements raisonnables il y a quelques années. Il s'agit d'en être conscient et de sortir du jovialisme. Il y a une différence entre faire preuve de bonté et être bonasse.

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