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L'idée du ministre Bernard Drainville de faire la vie dure aux vire-capot de la politique est séduisante mais je ne suis pas convaincu qu'elle deviendra loi.Le ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne a laissé savoir auque le gouvernement songe à légiférer pour mettre des bâtons dans les roues des transfuges politiques.
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L'idée du ministre Bernard Drainville de faire la vie dure aux vire-capot de la politique est séduisante mais je ne suis pas convaincu qu'elle deviendra loi.

Le ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne a laissé savoir au Soleil que le gouvernement songe à légiférer pour mettre des bâtons dans les roues des transfuges politiques. Élu sous une bannière, un député ne pourrait traverser la Chambre directement. Il devrait siéger comme indépendant, jusqu'aux élections générales, ou faire face à une élection partielle pour faire avaliser son choix par ses électeurs.

Le coût d'une élection complémentaire est évalué à 500,000$. Il est toujours choquant pour un citoyen de constater que son député change de camp, après l'avoir séduit.

Il y aurait une quinzaine de cas de vire-capot à l'Assemblée nationale depuis 40 ans mais la crise interne au PQ et la montée de la Coalition Avenir Québec a créé du mouvement.

La plupart de ceux qui ont changé de parti sont devenus indépendants. C'est le cas de Jean-Martin Aussant qui a lâché le PQ pour former Option Nationale, de Pierre Curzi, de Louise Beaudoin. Les trois péquistes devenus caquistes, Daniel Ratthé, Benoit Charette, François Rebello, siégeaient comme indépendants avant de se présenter pour la CAQ le 4 septembre. (Seul Ratthé a été réélu).

L'histoire politique canadienne et québécoise est meublée de gens qui on retourné leur veste. Le père-fondateur du PQ, René Lévesque a d'abord été un libéral. Lucien Bouchard était ministre conservateur avant de claquer la porte et de siéger comme indépendant avec d'autres représentants du Québec qui ont réagi viscéralement à l'échec de Meech.

Jean Charest était un «bleu» avant d'être un «rouge», Thomas Mulcair était un libéral avant d'être un néo-démocrate mais, dans leur cas, ils ont changé de parlement, A Ottawa le cas le plus récent et le plus renversant est sans doute Lise Saint-Denis (NPD-PLC).

Un député est élu sous une bannière, bien sûr, mais il reçoit son mandat de ses électeurs pour 4 ans. Que l'on veuille ou non, les changements d'allégeance font partie de notre régime parlementaire. Une douzaine de députés, par exemple, peuvent se regrouper et obtenir une reconnaissance en Chambre.

Une loi anti-transfuge brimerait-elle la liberté d'association?

Hier, le ministre Drainville a mentionné que la loi devrait convenir d'exceptions. Pour juger un transfuge il faut tenir compte du contexte politique. Le Bloc est né d'une révolte de parlementaires

devenus indépendants. C'est donc le royaume du cas par cas.

Le leader parlementaire de la CAQ, Gérard Deltell, juge que cette législation ne changerait pas grand-chose à ce qui se fait en pratique. Il est clair pour lui que c'est un «stunt» «une loi-vengeresse» qui s'explique par le statut minoritaire du gouvernement. «Bernard Drainville joue à M. Net pour mousser ses ambitions politiques» commente-t-il.

Selon la CAQ, l'urgence c'est d'abolir les primes de transition des députés démissionnaires. Le gouvernement Marois déjà annoncé son intention de bouger là-dessus et cela mérite de devenir une priorité à la reprise de la session.

A ce chapitre, la CAQ a une épine au pied: Denis Trudel a touché 75 000$ en laissant son poste de conseillère municipale pour devenir députée de Charlesbourg le 4 septembre! Gênant.

Le ministre Drainville fait un lien, fragile, entre l'intégrité des élus et un projet de loi sur les transfuges. Il souhaite contenir le cynisme des électeurs.

Commençons par ne pas promettre n'importe quoi en campagne électorale pour, une fois au pouvoir, larguer ses promesses une à une.

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