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Collusion et improvisation

La mise sur pied de l'Unité anticollusion (UAC), dirigée par Jacques Duchesneau, a ressemblé à la Ligue nationale d'improvisation. Le témoignage de l'ancien chef de police de Montréal devant la commission Charbonneau a démontré que la création de cette unité s'est faite sur le coin de la table, sans que toutes les ficelles soient attachées. Cela confirme qu'on cherchait, avant tout, à rassurer les citoyens.
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PC, Paul Chiasson

La mise sur pied de l'Unité anticollusion (UAC), dirigée par Jacques Duchesneau, ressemblait, à ses origines, à la Ligue nationale d'improvisation.

L'ancien chef de police de Montréal a débuté son témoignage devant la Commission Charbonneau qui enquête sur la corruption dans l'octroi de contrats publics au Québec.

Le rapport Duchesneau et de son groupe de travail, révélé en octobre 2011, avait eu l'effet d'un coup de tonnerre dans le ciel politique québécois. On y exposait l'existence d'un «système dans le système», une gangrène qui rongeait l'attribution des contrats au Ministère des Transports (MTQ).

Or, les premières heures de ce témoignage attendu ont démontré que la création de cette unité a été largement faite sur le coin de la table, sans que toutes les ficelles soient attachées.

Pendant des mois, les enquêteurs de l'UAC n'avaient ni budget, ni locaux, ni ordinateurs, ni cartes d'affaires, ni pouvoirs d'enquête, ni accès aux banques des données, alors que le mandat du groupe demeurait vaseux.

L'Unité a «squatté» les locaux du MTQ à Montréal, qui a vu débarquer cette drôle de bibitte dans ses murs. On comprend que le ministère a hérité, bien malgré lui, d'un groupe de policiers chargée de mettre à jour un système qui permet à des entrepreneurs de s'allier pour partager des contrats, charger des «extras», blanchir de l'argent...

Il est important de mentionner que le rôle de l'UAC, contrairement à celui de l'opération Marteau, est de prévenir, de démonter une mécanique, et non de traîner des bandits en justice.

Après 3 mois de tâtonnement, Jacques Duchesneau, a dû hausser le ton et menacer de quitter le navire pour que les choses se mettent à bouger et obtenir les moyens de ses ambitions.

Parmi ses révélations:

- «insulté», il a refusé de signer un affidavit, lors de son embauche, venant de la filière politique et spécifiant qu'il n'avait pas enfreint la loi électorale (il a été candidat à la mairie) ou qu'il n'avait d'ami dans le crime organisé!

- il a offert au maire Gérald Tremblay de créer un groupe semblable, sans succès

- son mandat ne prévoyait pas la parution d'un rapport, il en a pris l'initiative

- les fonctionnaires du MTQ devaient avoir l'autorisation du sous-ministre avant de rencontrer l'UAC

Malgré tous les obstacles, l'UAC a rencontré 500 personnes et les langues se sont déliées. «Tout le monde avait son petit secret», a-il noté, ajoutant que des entrepreneurs ont trouvé des trucs pour contourner le système en place.

C'est l'ancienne ministre des Transports, Julie Boulet, qui a annoncé la création de l'Unité anticollusion en voulant se donner une «police d'assurance» alors que l'on se préparait à quadrupler les investissements dans le béton (à 4 milliards de dollars). Les reportages de l'émission Enquête soulevaient bien des questions.

Belle initiative, mais on a juste oublié de donner des outils à ce «bébé inattendu», selon l'expression de Duchesneau.

Le gouvernement Charest a tout fait pour éviter de lancer une commission d'enquête sur la construction, modifier des lois, créer l'Unité anticorruption (UPAC) et l'UAC. Aujourd'hui les citoyens ont tout l'arsenal ET une commission.

L'improvisation démontrée lors de la constitution du groupe Duchesneau confirme qu'on cherchait, avant tout, à rassurer les citoyens. Je ne suis pas sûr que ce soit réussi.

Avril 2009

Construction: la (longue) marche vers une enquête

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

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