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La Charte des valeurs québécoises, un ballon dégonflé

Si c'était un ballon d'essai il s'est rapidement dégonflé, au point où ne voit pas trop comment le ministre Bernard Drainville pourra relancer une Charte des valeurs québécoises sous cette forme.
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Si c'était un ballon d'essai, il s'est rapidement dégonflé, au point où ne voit pas trop comment le ministre Bernard Drainville pourra relancer une Charte des valeurs québécoises sous cette forme.

Les réactions étaient hostiles mardi après la publication dans les pages du Journal de Québec-Journal de Montréal de ce qui serait la première mouture de la Charte promise par le gouvernement Marois le printemps dernier.

La nouvelle était trop détaillée pour ne pas avoir été coulée sciemment et le ministre des Institutions démocratiques n'a rien fait pour la démentir. Ce silence est révélateur.

Quand Charles Taylor, co-président de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, affirme que légiférer en ce sens serait digne de la Russie de Poutine, vous êtes mal parti!

Selon la fuite du Journal, le gouvernement péquiste veut bannir tous les signes religieux dans l'ensemble du réseau public: écoles, hôpitaux, CPE, tribunaux, ministères. Dehors les turbans, burqas, niqabs, hidjabs, kippas et croix chrétiennes.

En l'absence d'explications, on ne sait pas comment serait appliqué un règlement aussi tatillon et qui l'appliquerait. Un Témoin de Jéhovah, par exemple, pourrait-il porter une croix à la boutonnière?

Pour mémoire, précisons que la Commission Bouchard-Taylor a produit 37 recommandations et suggérait que les signes ostentatoires soient interdits pour les représentants de la Justice et les policiers. Cette Commission a permis de ventiler en pleine crise des accommodements mais eu peu de suites législatives.

Le projet de loi 94 s'est perdu dans les dédales parlementaires, mais il allait beaucoup moins loin que cette Charte en devenir.

Le gouvernement Charest proposait une laïcité dite ouverte qui n'interdisait pas les signes religieux chez les fonctionnaires mais exigeait que les services publics soient donnés à visage découvert.

On apprenait par ailleurs dans cette nouvelle que la Charte serait à géométrie variable et des hôpitaux - comme l'hôpital Juif de Montréal - pourraient s'y soustraire pour une durée de 5 ans. L'équivalent d'une clause dérogatoire.

Bien des spécialistes doutent que la nouvelle Charte, si elle voit le jour, franchisse le test de la constitutionnalité car elle heurte de plein fouet les Chartes québécoise et canadienne qui garantissent la liberté de religion et interdit toute discrimination. Un pique-nique pour les avocats qui voudront la tailler en pièces.

Deux thèses circulaient hier dans les milieux politiques sur l'origine de cette fuite. Soit qu'elle provienne du bureau du ministre Drainville qui voulait tester l'opinion publique, soit du coeur du pouvoir qui voulait démontrer au jeune ministre que les Québécois ne sont pas d'humeur combative en ces matières.

Mais cela demeure des spéculations.

On savait que ce dossier allait prendre une tournure politique quand le gouvernement a annoncé qu'il optait, assez pompeusement comme si nous avions des valeurs uniques, pour une Charte de valeurs québécoises, plutôt qu'une Charte sur la laïcité.

Le politique a sûrement pris des notes quand le ballon s'est mis à perdre de l'altitude après son lancement.

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