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Le ministre Bernard Drainville exhorte les Québécois à «se mettre sur le téléphone» et à appeler leurs élus pour faire passer sa Charte des valeurs québécoises.Il confirme ainsi que le gouvernement Marois cherche, en fait, à mobiliser la population autour d'un thème qui pourrait le porter jusqu'aux élections d'ici quelques mois. Une campagne de publicité de 2 millions $confirme cette impression.
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Le ministre Bernard Drainville exhorte les Québécois à «se mettre sur le téléphone» et à appeler leurs élus pour faire passer sa Charte des valeurs québécoises.

Il confirme ainsi que le gouvernement Marois cherche, en fait, à mobiliser la population autour d'un thème qui pourrait le porter jusqu'aux élections d'ici quelques mois. Une campagne de publicité de 2 millions $

confirme cette impression.

En position minoritaire, le Parti québécois sait que ses 5 propositions n'ont aucune chance de se matérialiser, à moins d'un appui populaire sans équivoque.

Déjà, les premières réactions sont plutôt mauvaises, notamment chez les candidats à la mairie de Montréal, et nous n'en étions mardi qu'au dévoilement des grandes orientations en matière de neutralité religieuse et d'encadrement des accommodements.

Le texte du projet de loi sera connu à l'automne et devra passer par des consultations, puis une commission parlementaire, ce qui nous mène au printemps et à un gouvernement qui peut tomber à tout moment...

Il serait odieux de se bâtir une plateforme électorale en tripotant dans les droits des individus ou des minorités.

Il faut rappeler qu'il n'y a pas actuellement de crise des accommodements raisonnables et que les rares cas se règlent souvent au niveau local. Le ministre responsable des Institutions démocratiques a expliqué qu'il était lié par un engagement électoral, une résolution du PQ, dont le déclencheur remonte...à 2007.

Le projet de Charte de Bernard Drainville est plombé par des incohérences. On bannit certains signes religieux dans l'appareil public, mais on maintient le crucifix à l'Assemblée nationale, on soumet tous les employés de l'État à un code vestimentaire, sauf leurs patrons, les élus de tous les niveaux (y compris scolaire), on fait du mur-à-mur tout en permettant à des institutions de s'y soustraire, on prévoit un droit de retrait temporaire pour 5 ans mais renouvelable (jusqu'à quand?), on établit un régime à 2 vitesses dans le monde de l'éducation (au primaire et secondaire les signes religieux trop visibles seront interdits pour «protéger nos enfants des influences»?).

Les municipalités pouvant se soustraire, le maire Jean Tremblay de Saguenay pourrait donc continuer de réciter sa prière pendant que l'on sortirait la croix, le voile ou le kippa des officines gouvernementales.

Deux réponses du ministre en conférence de presse ont paru faibles. Sur la question de la constitutionnalité de cet amendement à la Charte québécoise, il a dit posséder des avis juridiques solides, en ajoutant ceci: «C'est aux élus et aux citoyens de parler...dans l'avenir on ne sait pas ce qui va arriver».

Il a admis, par ailleurs, ne disposer d'aucune évaluation sur le nombre d'employés qui devraient se dépouiller de signes religieux ostentatoires.

Si le gouvernement veut réellement parvenir à ses fins, il devrait écouter les oppositions et scinder son futur projet de loi. Il y a de la place pour une position commune des parlementaires sur la primauté de l'égalité homme-femme, le service public à visage découvert, et des balises pour les accommodements dits raisonnables.

La section qui bannit les signes religieux de tous les employés de l'État va frapper un mur dans ce Parlement.

Incidemment, le gouvernement-employeur aurait pu se contenter d'une directive ou d'un guide à l'intention de tous ses salariés au lieu de recourir à un amendement à la Charte québécoise.

Le PQ a toujours affectionné les grandes manoeuvres et la Charte des valeurs québécoises n'y échappe pas. On a tout fait pour donner un caractère solennel à cet événement: présentation à la première ministre, photo-op, conférence de presse dans le hall du Parlement, sans compter les fuites répétées dans les médias les semaines précédentes.

Dans l'opposition, le PQ a beaucoup reproché au PLQ d'exploiter la crise étudiante à des fins électorales. Ce serait pire d'exploiter une crise qui n'existe pas.

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