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L'entente avec la Caisse et la paralysie du Québec

L'entente commerciale entre la Caisse de dépôt et placement et le gouvernement est une idée brillante qui démontre par ailleurs la paralysie financière du Québec. Elle devrait permettre de débloquer certains projets qui sont dans les cartons depuis belle lurette et qui auraient dû être entrepris par un gouvernement ou un autre.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

L'entente commerciale entre la Caisse de dépôt et placement et le gouvernement est une idée brillante qui démontre par ailleurs la paralysie financière du Québec. Elle devrait permettre de débloquer certains projets qui sont dans les cartons depuis belle lurette et qui auraient dû être entrepris par un gouvernement ou un autre. Lorsque tu traînes une dette qui coûte 30 millions$ en intérêts tous les jours, tes ambitions sont plus modestes.

Le Québec n'a plus les moyens de lancer des grands projets sans enfoncer davantage les jeunes générations déjà remontées contre les «boomers».

L'entente cible pour le moment deux projets montréalais prioritaires: le SLR sur le nouveau pont Champlain et un train à l'ouest de Montréal. Il serait ridicule de construire un nouveau pont vers la Rive-Sud sans y inclure un transport en commun digne de ce nom.

La question est de savoir quand ces projets auraient pu sortir des cartons sans recourir à une autre source de financement? Le Québec aurait-il la capacité, par exemple, de refaire le pont Champlain? Les PPP (partenariats publics-privés) sont brûlés et la présence de la puissante active de la Caisse donne une garantie d'acceptabilité sociale à ces investissements en infrastructures. Il y a déjà un certain temps que le Québec ne rêve plus de grands chantiers et il serait utopique, en 2015, de contempler des projets du type Jeux olympiques, la Manic, la Baie James, construction de métro....quand on coupe dans les services aux élèves.

Le «think big», qui explique en partie le cul-de-sac québécois, est révolu. Les gros investissements lancés par le Québec, CHUM, CUSUM, route175... ont été soit viciés ou marqués par des dépassementsde coûts gênants et provoquent une réticence sociale. Le projet le plus ambitieux du Québec, le Plan Nord, est plombé par la chute du prix des ressources.

Le gouvernement Couillard se défend d'être paralysé au plan financier en soulignant qu'il investira 90 milliards$, sur 10 ans, dans le béton. Cela est vrai, mais ces milliards, qui ne serviront qu'à remettre à niveau des infrastructures, sont empilés sur la dette.

La Caisse vient donc à la rescousse du Québec.

Des questions importantes et légitimes se posent sur cette entente, surtout garantir l'indépendance de la CDPQ face au pouvoir et aux projets qui viendront de partout. La Caisse est-elle capable d'assumer un rôle d'opérateur, de résister aux pressions du public dans le cas de la tarification du transport en commun, de produire des rendements intéressants pour les retraités? Ces questions seront abordées lors de l'étude d'un projet de loi en commission parlementaire et c'est l'endroit parfait pour en débattre.

La réaction du PQ et de la CAQ à cette annonce a été virulente. Pourtant, voilà deux partis qui prônent un rôle accru de la Caisse dans l'économie du Québec. Les oppositions constatent que le gouvernement s'est «gossé» une certaine marge de manoeuvre en infrastructure malgré l'austérité. Les investissements prévus dans l'entente commerciale, du moins, dans une première phase, sont assez modestes et ne feront pas de trou dans le bas de laine des Québécois.

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Avril 2018

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