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Enfin un signe positif pour la langue française avec les «poètes du monde»!

Notre langue recule au sein des organisations internationales et dans les échanges de la plupart des grandes manifestations, tous sujets confondus.
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Dans le flux continu de la production littéraire, les Editions Netbooks viennent de publier une improbable pépite; un recueil de poésie sans nul autre pareil: «Poètes du monde pour le français et la Francophonie ». D'aucuns se demanderont peut-être pourquoi le président de l'AFFOI vient soudainement publier un article sur un recueil de poésie. La réponse se trouve dans les différents éléments qui rendent ce livre unique.

Tout d'abord le contexte de sa rédaction et le thème sur lequel il porte. En novembre 2014, en accompagnement du Sommet de Dakar - qui réunît 80 Chefs d'État et de gouvernements des pays membres et observateurs de la Francophonie - l'Institut de promotion de la langue française à l'international (IPLFI) organisa un concours de poésie sur le thème «Francophonie et langue française». Plusieurs centaines de participants, amateurs et professionnels, originaires de plus de 50 pays différents, firent de ce concours - parrainé par le président Abdou Diouf, alors Secrétaire général de la Francophonie et soutenu par la très honorable Michaëlle Jean, ex-Gouverneure générale du Canada, qui le remplaça à ce poste en janvier 2015 - un incroyable succès. La page Facebook créée pour l'occasion dépassa 20 000 fans et 3,5 millions de vues en 6 semaines.

Mais au-delà de l'impressionnant succès de participation et d'audience du concours, ce sont les poèmes eux-mêmes qui rendent ce livre unique tant ils apportent la preuve incontestable de l'extraordinaire richesse de notre langue, magnifiée par la vigueur du brassage des cultures. C'est un concentré de nuances d'expressions, de ressentis, et de perceptions du monde. Il montre le meilleur de ce que le français peut offrir en partage. Voilà ce qui le rend fascinant. Émotion, engagement, sentiments, témoignages, beauté, militantisme, philosophie, toutes les poésies s'y croisent et s'y mélangent, offrant au lecteur un voyage extraordinaire qui l'emporte des larmes au rire au travers de «perçus» de tous les continents.

Notre langue recule au sein des organisations internationales et dans les échanges de la plupart des grandes manifestations tous sujets confondus. Les partisans et promoteurs de la Langue française et la Francophonie n'ont pas si souvent de raisons de se réjouir. En voici une! Ce recueil de poésie est un signe d'espoir, une démonstration incontestable que tout n'est pas perdu et que la Francophonie et la langue qui la caractérisent ont beaucoup à apporter. Le «vieux routier» de la défense et de la promotion de la langue française que je suis ira même plus loin. Il me semble que ce manuscrit a valeur de symbole. Il arrive à une croisée des chemins. Car certains signes, encore timides mais très réels pour les avertis, semblent indiquer que le «globish» est, lui aussi, un colosse au pied d'argile qui commence à vaciller. Cette perle poétique pourrait bien être annonciatrice d'une ère nouvelle où langue française et francophonie tiendront la place qu'elles méritent.

En attendant je ne peux que vous inviter à vous plonger dans Poètes du monde pour le français et la Francophonie, car c'est un voyage de grande qualité et d'immense plaisir; une croisière que je recommande à tous de faire. Je ne résiste d'ailleurs pas à en partager avec vous quelques «rimages des cinq continents» en amuse-bouche:

Espoir francophone (extrait de l'acrostiche)

On n'est pas d'un pays mais on est d'une langue

N'en déplaise aux frontières qui séparent les êtres!

Unis par le français, cinq continents s'apprennent.

......

Maher Derbal (TUNISIE)

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Je prie pour toi, malheureux de l'autre côté du monde (extrait)

....

Les enfants tuent dans les écoles,

La drogue noircit le goût des rues.

L'argent sépare le cœur des hommes

Et l'égoïsme est une vertu.

Les gens s'épuisent et se combattent

Pour des profits bien éphémères

Une insatiable avidité vous rend malheureux et amers

....

NHIM Akhara (CAMBODGE)

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Mais je vis à Gaza (extrait)

....

J'aimerais me réjouir de la Francophonie

De son message d'espoir, de ses Ètats amis.

J'aimerais croire l'ONU, outillée du français,

Capable d'inspirer l'amitié et la paix.

Mais je vis à Gaza

Ces mots écrits de larmes, emportés par le vent

Passent au-delà des armes vers d'autres continents

Où le même jeu absurde de pouvoir et d'argent

Créé d'affreux murs de haine et tue d'autres enfants.

Nous vivons tous à Gaza

Mohammed Malaka (PALESTINE)

Ce poème a reçu en réponse un autre poème dont est tiré l'extrait suivant:

De l'autre côté du mur, moi aussi je pleure pour Gaza (extrait)

Quelle que soit la couleur de sa peau,

Quelle que soit l'origine de son sang,

On n'acquitte pas par un drapeau

L'horreur de la mort d'un enfant!

De l'autre côté du mur, moi aussi je pleure pour Gaza

Des deux côtés les gens ont peur,

Des explosions, de la terreur!

Ils prennent donc pour protecteurs

Ceux qui profitent de la frayeur.

Dès lors les abus sont permis

Et le pire n'est jamais acquis.

Dans tous les cœurs grandit la haine ;

Nous sommes otages des mêmes peines.

De l'autre côté du mur, moi aussi je pleure pour Gaza

La croix l'étoile et le croissant

Ne sont-ils pas symbole de paix?

C'est pourtant en leur nom usurpé

Qu'on abat des enfants innocents

........

Rachel Wiesel (ISRAEL)

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Périple d'une langue (extrait)

Majesté de cette langue aux divers visages,

Voyageant dans l'éther au-dessus des nuées

Et fixant sur les mers ses beaux yeux azurés

Emplis par les lueurs de tant de blonds rivages

Elle fut princesse à Vienne et sous sa noble égide,

Metternich, Talleyrand et le tsar Alexandre

Ouvrirent le grand bal des gracieuses sylphides

Faisant valser l'Europe aux bras des salamandres.

.......

Mélika Golcem Ben Redjeb (Québec)

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Il s'appelait Hervé Gourdel (extrait)

Il s'appelait Hervé Gourdel

Aimait la montagne et la vie

Sa tête fut tranchée sans appel

Un jour d'automne en Algérie !

.......

Mouloud Mektoub (ALGÉRIE)

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Danse immobile (extrait)

Le monde danse une ronde qui provoque l'ivresse

Mais l'arbre centenaire patiente sous le soleil

L'homme s'agite en tous sens pour apprécier sa vie

Mais la pierre millénaire se moque de la raison

Calmons donc ces ardeurs de l'esprit et des mots

Car il nous suffit d'être pour trouver le repos.

Alaina Souvannavong (LAOS)

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Au nom des sans dents(extrait)

Dans les pompeux salons privés de l'Elysée

Se tiennent des propos cruels et méprisants

Le roi élu se moque, non sans légèreté,

De pauvres anonymes qu'il nomme « les sans dents ».

.......

Maximilien Danton (FRANCE)

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Et enfin un poème que je vous livre en entier tant il m'a bouleversé

Rwanda! Pour ne pas oublier!

Elle s'appelait Stella elle était mon épouse

Ils ont violé son corps et mis fin à sa vie

Car elle n'était pour eux qu'un objet méprisable!

Elle s'appelait Judith elle était mon enfant

Souillant son innocence ils rirent de sa terreur

Laissèrent son corps brisé pourrir sur un sentier

La nuit elles accompagnent mes terrifiants cauchemars

Le jour elles envahissent mes pensées hasardeuses

Je ne suis que mémoire, pierre narrant le passé

Vieux monsieur oublié qu'on n'ose regarder

Moi aussi j'ai souffert la cruauté bestiale

Sadique et libérée des légions génocides.

Ils m'ont laissé pour mort

Sans pieds pour voyager, sans mains pour travailler

Le cœur froid d'agonie l'esprit fou de douleur

Chaque jour je veux mourir, enfin les retrouver!

Mais il me faut rester pour honorer leur nom

Elle s'appelait Stella, elle était mon épouse

Elle s'appelait Judith elle était mon enfant

Olivier Kaboneka (RWANDA)

Alors que je boucle cet article, j'apprends que tous les bénéfices de la vente du livre serviront à organiser le prochain concours de poésie qui accompagnera cette fois le Sommet d'Antananarivo à Madagascar en novembre 2016. En cela aussi, ce recueil est unique!

Crédit photo netbook

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