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Les coupures vertes

C'est dommage de se servir de l'argumentation d'économie verte pour justifier des changements organisationnels d'ordre financier.
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Depuis plusieurs années, sur la base d'arguments environnementaux, les pratiques des entreprises et des organisations sont se modifiées. Le fait de distribuer des verres aux employés et de les inciter à les remplir dans les abreuvoirs pour diminuer la vente de bouteilles d'eau en est un exemple. Si cette dernière pratique apparait louable, ce qui est par contre irritant, ce sont les nombreux changements d'ordre financier qu'on tente de nous dissimuler sous les arguments écologiques.

Plusieurs entreprises et organisations n'envoient désormais plus de factures par la poste. D'autres nous incitent à opter pour les factures virtuelles. Toujours, c'est par souci de l'environnement qu'on nous présente ces modifications. La logique étant alors qu'en imprimant moins, l'entreprise ou l'organisation en question réduit la consommation inutile de papier, ce qui est bénéfique pour l'environnement.

Des commerces, des entreprises et même des institutions scolaires tentent d'être « sans papier », c'est-à-dire qu'elles tentent de ne plus imprimer leurs documents, leurs rapports et leurs réalisations en les rendant uniquement disponibles en format électronique. Par ces actions, elles affirment vouloir faire leur part pour l'environnement.

Certains cafés et certains bistros n'offrent plus de contenant de cafés en styromousse et exigent que les clients amènent une tasse. Quelques-uns ont remplacé les bâtonnets en plastique, ceux servant à brasser le café, par des pâtes alimentaires. La volonté derrière ce changement serait de réduire la pollution causée par les contenants et les bâtonnets.

Dans les supermarchés et les dépanneurs, les sacs en plastique sont désormais chargés aux clients. Cela aurait pour objectif d'inciter ces derniers à amener leurs propres sacs réutilisables et, par conséquent, de diminuer la consommation excessive de sacs de plastique.

Dans plusieurs entreprises et organisations, les nouveaux bureaux qui sont construits sont désormais des cloisons à aires ouvertes. On affirme que de telles cloisons sont construites dans des matériaux plus environnementaux et seraient, au final, moins polluantes et plus énergétiques que les bureaux fermés conventionnels.

Or, les entreprises sont moins soucieuses de l'environnement que de faire du profit, qui est, rappelons-le, leur objectif fondamental.

Ne pas envoyer de facture par la poste permet à l'entreprise d'économiser une tonne d'argent sur les frais de poste, l'achat de papier, les frais d'imprimerie et les enveloppes. Bien entendu, une telle affirmation paraîtrait très mal. Affirmer que l'envoi des factures se fera uniquement par Internet par souci d'environnement passe un peu mieux.

Être « sans papier » permet aussi de réduire les frais d'impression, l'achat de papiers et les coûts reliés à l'espace physique qui doit être réservé à l'archivage. Plusieurs affirment toutefois que ce changement s'inscrit dans une optique de « virage vert ».

En plus de ne pas devoir donner des sacs comme auparavant, les supermarchés et les dépanneurs chargent désormais à leurs clients chaque sac qu'ils doivent utiliser. Ils doivent être heureux d'avoir adhéré aux valeurs écologiques. C'est la même chose pour les cafés qui sauvent de l'argent en ne fournissant plus de gobelets en styromousse.

L'aménagement de cloisons à aires ouvertes plutôt que la construction de bureaux normaux fermés fait économiser des tas d'argents à l'entreprise. Comme toujours depuis quelques années, ce changement est justifié sur la base d'arguments écologiques.

Oui, plusieurs changements notables sont bénéfiques pour l'environnement. Et les changements apportés par les commerces, les compagnies et les établissements le sont parfois. Il faut toutefois ne pas se montrer crédules au point de croire que tous les changements sont dans un dessein écologique. Ils sont généralement d'ordre financier. C'est dommage de se servir de l'argumentation d'économie verte pour justifier des changements organisationnels d'ordre financier. Il y a 20 ans, lorsqu'ils voulaient se restructurer, ils parlaient de mondialisation. Maintenant, ils peuvent parfois se servir de l'argument écologique.

Il est vrai qu'une bonne partie des problèmes écologiques réside dans la surproduction, la surutilisation et la surconsommation. Mais il reste que les changements « verts » des entreprises, des organisations ou des institutions sont généralement à dessein économique et peuvent faire de l'ombre aux vraies actions qui ont de véritables visées écologiques.

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Mai 2017

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