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Non, Gabriel Nadeau-Dubois ne sauvera pas le Québec

On doit reconnaître que Gabriel Nadeau-Dubois et Québec Solidaire sont les seuls à présenter un projet alternatif concret aux dogmes néolibéraux vers lesquelles tend à se diriger le Québec depuis deux décennies.
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Voilà maintenant près de deux semaines que l'ancien co-porte-parole de la CLASSE Gabriel Nadeau-Dubois a officialisé ses intentions de briguer l'investiture de Québec Solidaire dans la circonscription de Gouin, mais aussi le poste de porte-parole homme du parti. Véritable secret de polichinelle dans l'arène politique, cette nouvelle a néanmoins eu l'effet d'une bombe dans l'espace public permettant à Québec Solidaire d'augmenter de 5 points dans les plus récents sondages.

Le discours inspirant de GND ainsi que les défis qu'il y met de l'avant ont su inciter une masse relativement importante de Québécois à lever le majeur au cynisme politique et à s'engager au sein d'un parti politique pour la toute première fois de leur vie. Dans les prochains mois, c'est à tâtons que nous chercherons, eux et moi, à investir le monde de la politique «plate». Celui que nos parents et grands-parents nous ont trop souvent dépeint comme un univers lointain dans lequel seulement les hommes blancs cravatés avaient droit de parole. C'est précisément cette vision sclérosée de la politique que l'arrivée de Nadeau Dubois dans le paysage politique québécois pourrait bouleverser.

Celui ou celle qui rejetterait l'idée que la distance séparant nos instances politiques et les citoyens ordinaires ne devrait pas être révisée (et réduite) m'apparaît être un privilégié ou tous simplement un ignorant (au sens non péjoratif du terme). C'est précisément ce sentiment d'éloignement entre les pôles décisionnels et les gens dits «ordinaires» qui se trouve à être l'une des principales causes du cynisme ambiant. C'est essentiellement cette tendance à se considérer spontanément comme spectateur plutôt que comme acteur du monde politique qui amène les citoyens à accepter passivement le réel, autrement dit à sombrer dans le défaitisme et la résignation. On ne peut leur en vouloir, le sentiment de trahison des différents partis politiques à l'égard de leur électorat au cours des deux dernières décennies n'a su qu'augmenter ce sentiment de cynisme qui, peu à peu, a muté vers un sentiment d'apathie collective. Le recours par les différends politiques aux candidats vedettes tend à accentuer ces sentiments.

Alors à ceux qui se questionnent à savoir si l'arrivée de GND mènera finalement QS au pouvoir, la réponse est non. La candidature de Nadeau-Dubois ne constitue pas le remède aux maux qui gangrènent nos institutions politiques. Elle pourrait cependant en être le catalyseur. En effet, que l'on apprécie ou non le personnage, il faut reconnaître que celui-ci dégage néanmoins un charisme qui semble raviver une flamme trop longtemps éteinte chez une frange de progressistes désillusionnées. Son discours rassembleur a su jusqu'à maintenant unir une gauche parfois disparate sous des concepts clairs: État social, indépendance et altermondialisme. Que l'on considère que ses engagements sont suffisants ou non, on doit reconnaître que GND et QS sont les seuls à présenter un projet alternatif concret aux dogmes néolibéraux vers lesquelles tend à se diriger le Québec depuis deux décennies. Il nous faudrait cependant éviter de céder au réflexe hérité des partis politiques traditionnels nous portant à croire que la seule présence d'un leader charismatique peut suffire à générer une profonde réforme politique. La politique n'est pas et ne sera jamais l'affaire d'un seul homme. Le plus récent cas de Pierre Karl Péladeau au Parti québécois en est un exemple probant.

La montée de Québec Solidaire ne se fera donc pas grâce à GND ou encore aux quelconques candidats vedettes que celui-ci travaillera à ramener dans l'équipe solidaire au cours des prochaines semaines. La vague orange ne se produira qu'à l'unique condition qu'une proportion importante de membres de Québec Solidaire s'investissent et travaillent pour que les dogmes érigés dans l'imaginaire collectif par les principaux partis néolibéraux du Québec soient pulvérisés ou à tout le moins (finalement) remis en question.

La vérité est que pour réaliser son ambitieux projet, GND aura sans doute autant sinon davantage besoin de nous que nous aurons besoin de lui.

Évidemment, la contribution de Nadeau-Dubois est importante, voire essentielle, pour mener un tel projet à terme. Il ne faudrait pas faire preuve d'ingratitude quant au travail que celui-ci a fait et fera au courant des prochains mois. Il s'agit seulement d'éviter de tomber dans le piège du PQ et ainsi croire naïvement que le travail lui incombe entièrement. La vérité est que pour réaliser son ambitieux projet, GND aura sans doute autant sinon davantage besoin de nous que nous aurons besoin de lui.

En ce sens, l'appui à Québec Solidaire ne peut se résumer qu'à une simple adhésion en tant que membre du parti. Bien que cet engagement soit louable et souhaitable, il ne suffira pas à bouleverser de manière suffisante l'échiquier politique en vue des élections générales de 2018. Les batailles politiques, spécialement celles mises de l'avant par Nadeau Dubois lors de son allocution du 9 mars dernier, ne peuvent se cantonner dans les pratiques mobilisatrices archaïques employées par les partis traditionnels. La force d'un parti comme Québec Solidaire se trouve à être sa composition. Il s'agit d'un parti dans lequel une forte proportion de jeunes se retrouvent, le parti dans lequel ils se sentent, eux aussi, «réellement chez eux.»

Dans cette optique, toute forme d'engagement citoyen peut s'avérer un pas en avant pour la création d'un mouvement social d'une amplitude inédite depuis le Printemps étudiant. Et, dieu sait, que l'imagination débordante, d'abord des étudiants, des différentes organisations syndicales puis de la société civile peut permettre de capitaliser sur l'arrivée de Nadeau-Dubois et ainsi espérer faire des gains substantiels dans plusieurs circonscriptions et ce tant à Montréal qu'en région.

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