Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Que veut dire être indépendantiste?

Dans les faits, on préfère souvent cette appellation pour remplacer celle qui est un peu dévaluée de nos jours, soit celle de nationaliste. On l'emploie pour exprimer son attachement à la nation québécoise et à l'État du Québec qui devrait l'incarner.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Dans les débats publics, on entend souvent des gens se dire indépendantistes. Cela signifie sans doute qu'ils veulent que le Québec devienne un pays et exerce tous les pouvoirs d'un État souverain. Cette affirmation identitaire malgré son apparente clarté n'est pas exempte d'ambiguïtés, car elle couvre plusieurs significations: la fierté d'être Québécois, l'attachement à la langue et à la culture, un engagement plus ou moins intense dans un parti qui en fait son objectif. Dans les faits, on préfère souvent cette appellation pour remplacer celle qui est un peu dévaluée de nos jours, soit celle de nationaliste. On l'emploie pour exprimer son attachement à la nation québécoise et à l'État du Québec qui devrait l'incarner.

Mais en raison de cette polyvalence de sens, cette identité peut s'accompagner de comportements politiques contradictoires ou incohérents. Selon les sondeurs, on retrouverait des indépendantistes dans des partis fédéralistes comme la CAQ, il y aurait des indépendantistes qui votent pour des partis fédéralistes sur la scène fédérale comme le NPD et le Parti libéral du Canada au lieu de voter pour le Bloc québécois, enfin il y en a aussi qui votent pour des partis souverainistes, mais qui reportent toujours à plus tard la réalisation l'indépendance.

Il peut donc y avoir un fossé entre ce que l'on affirme être et ce que l'on fait concrètement. Comme on le dit souvent, l'enfer est pavé de bonnes intentions. Pour ceux qui auraient oublié leurs référents religieux, cela signifie que «les bonnes résolutions ne suffisent pas, sans leur réalisation, à éviter le mal et la damnation». Au Québec on a une longue expérience de cette dissonance. Beaucoup se disent indépendantistes comme autrefois on se disait catholique sans aller nécessairement à la messe ou sans agir en fonction de ses convictions.

Il y a plusieurs types d'indépendantistes qui se différencient tant par le contenu du projet que par les moyens préconisés pour l'atteindre.

Chacun est évidemment libre de choisir son identité politique et de moduler l'intensité de son engagement. Il en ressort qu'il y a plusieurs types d'indépendantistes qui se différencient tant par le contenu du projet que par les moyens préconisés pour l'atteindre. Il y a ceux que l'on vient de décrire et qu'on pourrait qualifier d'indépendantistes conditionnels pour qui l'indépendance est une question de conjoncture et constitue un déterminant secondaire de l'action. Ils attendent les conditions gagnantes et entre-temps ils acceptent de fonctionner dans le régime canadien. On retrouve aussi dans cette catégorie ceux qui conditionnent leur adhésion à l'indépendance au projet de société qu'il soit de gauche ou de droite. En délaissant l'action indépendantiste pour valoriser d'autres enjeux, ils servent objectivement le maintien du système politique canadien. Comme le disait si bien Gaston Miron : «Qui ne fait pas l'indépendance la combat.»

Il y en a d'autres qu'on pourrait appeler les indépendantistes structurels qui font primer l'accession à l'indépendance sur le projet de société et qui pensent qu'il faut combattre en tout temps le Canada qui entrave l'épanouissement collectif. Ils mettent l'indépendance au coeur du débat politique et en font un enjeu essentiel de la lutte politique. Ils ne s'accommodent pas occasionnellement du fédéralisme canadien et du statut de province, car ils estiment que cela a pour effet de faire accepter la dépendance et de légitimer le statu quo constitutionnel. Ils ne reconnaissent pas l'autorité de l'État canadien sur le territoire québécois. Ils combattent activement les politiques du gouvernement fédéral. Ces indépendantistes ne tergiversent pas et mettent en tout temps leurs actions en accord avec leur objectif. Ils ne se contentent pas de se dire indépendantistes, ils agissent en conséquence avant, pendant et après les élections.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Pauline Marois

Soirée électorale du PQ: les meilleures photos

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.