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Protéger notre charte du virus de l'intégrisme

Philippe Couillard devrait, avec son projet de loi 62 sur la neutralité de l'État, régler la question des signes religieux en général.
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La décision de la Cour d'appel, il y a deux semaines, de confirmer le droit d'une musulmane de se faire assermenter comme nouvelle citoyenne avec la figure cachée par un niqab a carrément attisé le feu électoral. On a pu en mesurer l'intensité au débat des chefs du 24 septembre. Cet enjeu persistera et influencera le vote du 19 octobre.

Clairement, pour Mulcair, Trudeau et May, s'appuyant sur la Charte canadienne des droits et libertés, une femme peut s'habiller comme elle le veut et même se cacher la figure en se faisant assermenter à titre de nouvelle citoyenne canadienne. Ce qu'ils nous disent aussi, implicitement, c'est que la Charte protège tous les choix religieux, même si ceux-ci contredisent le droit à l'égalité et à la dignité de la femme, également protégés par cette même Charte, donc que les choix religieux intégristes ont la même valeur que les autres.

Quant à Harper, sa position est plus pragmatique . Pour lui, il est surtout inconvenant et irrespectueux des Canadiens de se cacher le visage le jour de l'obtention de la citoyenneté canadienne. Et pour Duceppe, ce niqab doit être interdit puisqu'il constitue un symbole de soumission et d'infériorisation de la femme. Et il doit être interdit pas uniquement à la cérémonie d'assermentation, mais aussi pour le vote et la représentation politique.

Le 19 octobre, si Harper est élu, il passera une loi, dans les cent jours, pour interdire le visage couvert lors de la cérémonie d'assermentation. On peut présumer que ça n'ira pas plus loin, mais ce sera contesté en cour et refusé, à moins que la clause nonobstant ne soit utilisée ,ce qui est peu probable .

Si Trudeau ou Mulcair gagne l'élection, le niqab aura acquis, par la magie électorale, ses lettres de noblesse et continuera d'être protégé par la Charte canadienne. Ce faisant, on aura préservé le virus de l'intégrisme au cœur même du document le plus fondamental du pays, sa Constitution.

Quant au Québec, peu importe l'issu du scrutin du 19 octobre, étant donné le fort consensus anti-niqab, Philippe Couillard devrait avec son projet de loi 62 sur la neutralité de l'État (déposé par la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, le 10 juin dernier) régler la question des signes religieux en général et, en particulier, protéger notre Charte de ce virus de l'intégrisme, à la satisfaction de tous les Québécois.

Pour y arriver, je suggère qu'apparaisse au coeur de ce projet l'intention d'inscrire dans notre Charte des droits et libertés une déclaration de laïcité (du type remède homéopathique et non remède de cheval qu'était le projet de loi 60) qui pourrait être formulée ainsi:

L'État est neutre mais également laïque. Ce qui signifie que la liberté de conscience y est première et précède tout choix religieux. Cette liberté sera célébrée une fois par année lors d'une journée dite de la laïcité. Les personnels des institutions publiques seront invités, pour ce jour, à laisser librement à la maison tout signe religieux.

Par ailleurs, les choix de signes religieux dans les institutions de l'État, doivent être compatibles avec l'esprit de la Charte donc respectueux de ses valeurs les plus fondamentales, telles la dignité de la personne humaine et l'égalité entre l' homme et la femme. En conséquence, dans l'espace déclaré laïque, soit dans les institutions de l'État, ne sont pas admis les signes religieux suivants: la burqa, le niqab et le tchador.

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