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Honorer la mémoire d'auteurs racistes: le cas Robert Rumilly

Tous les historiens connaissent parfaitement ses idées racistes. Ils ont fait le choix de fermer les yeux et d'honorer quand même sa mémoire.
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Un débat a été soulevé dans la ville de Gatineau sur l'opportunité de changer certains noms de rue commémorant la mémoire d'auteurs connus pour leurs idées racistes ou antisémites. À Québec, la question se pose aussi, notamment à propos des rue Carrel et Robert-Rumilly, mais l'administration municipale ferme la porte à toute révision de la toponymie, alléguant qu'un comité d'experts a déjà statué.

Faire le procès des auteurs d'une autre époque est un exercice périlleux et souvent biaisé. Ainsi, certains voudraient retirer des bibliothèques publiques l'album de Hergé, Tintin au Congo, en alléguant son esprit colonialiste. Mais Hergé n'était pas un théoricien, il reflétait simplement la vision du monde de son époque.

On doit admettre qu'il serait très difficile de parvenir à un verdict clair dans un très grand nombre de situations. Dans le cas de l'historien Robert Rumilly, l'affaire est plus simple. Tous les historiens de formation connaissent parfaitement ses idées racistes. Ils ont simplement fait le choix de fermer les yeux et d'honorer quand même sa mémoire.

Dans le cas de Rumilly, il n'est pas seulement question des idées exprimées privément par un auteur, mais de celles qu'il a écrites et publiées pour les proposer en partage à tous.

De plus, ses écrits les plus virulents ont été publiés à une époque où le racisme était déjà très largement condamné de toute part, aussi bien dans ses fondements théoriques que dans les systèmes sociaux qu'il inspirait, en particulier l'Holocauste, le régime sud-africain d'apartheid et le système de ségrégation en vigueur chez nos voisins des États-Unis. Rumilly n'avait pas l'excuse de l'ignorer et il a choisi de persister dans l'apologie du racisme le plus primaire.

Pour en avoir une petite idée, en voici quelques échantillons qui se passent de commentaires, extraits de son livre Quel monde! Communisme! Socialisme! Séparatisme! (Montréal, Éditions Actualité, 1965):

«La civilisation est l'œuvre de la race blanche et les autres races appliquent leurs plus grands efforts à l'imiter. Ces races peuvent avoir d'autres aptitudes, qui les servent dans un autre milieu géographique. Ce sont tout de même des aptitudes mineures, comparées à celles de l'homme blanc.» (p. 3-4)

«La race blanche a donné infiniment plus aux autres races qu'elle n'a reçu d'elles. Pendant que le génie de l'homme blanc [...] asservissait les forces naturelles et transformait l'existence d'une manière qu'il faut bien appeler fantastique, des peuples de couleur, sans contact avec l'homme blanc, demeuraient à l'état sauvage.» (p. 4-5)

«[...] les Noirs des États-Unis, dans l'ensemble, vivent dix fois mieux qu'ils ne vivraient dans la jungle africaine si leurs ancêtres n'avaient été vendus par des frères de race aux négriers. Les cantiques nègres - les negro spirituals - et le jazz qui en est issu, seule réalisation artistique valable des Noirs, sont l'œuvre de Nègres des États-Unis, c'est-à-dire de Nègres évolués au contact de l'homme blanc.» (p. 5)

«Il existe bien une hiérarchie des races, et il est normal que la race blanche se préserve.» (p. 5)

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