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La population en a assez de la destruction de l'environnement

Si la prévention est la meilleure façon de diminuer les coûts en santé, pourquoi les gouvernements ne mettent-ils pas plus de moyens en œuvre pour protéger l'environnement? Nous savons depuis longtemps que les facteurs environnementaux, en particulier la contamination de l'atmosphère, de l'eau et du sol, peuvent causer des maladies. Les scientifiques réalisent maintenant que ce lien est encore plus direct que nous ne le croyions.
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Si la prévention est la meilleure façon de diminuer les coûts en santé, pourquoi les gouvernements ne mettent-ils pas plus de moyens en œuvre pour protéger l'environnement? Nous savons depuis longtemps que les facteurs environnementaux, en particulier la contamination de l'atmosphère, de l'eau et du sol, peuvent causer des maladies. Les scientifiques réalisent maintenant que ce lien est encore plus direct que nous ne le croyions.

De nouvelles études démontrent que 60 % des nouvelles maladies infectieuses qui touchent les humains -- celles dont l'incidence augmente rapidement ou qui s'étendent sur de plus grandes zones géographiques -- sont causées par les animaux, et le tiers par des animaux sauvages. La maladie de Lyme, le virus du Nil occidental, le virus d'Ebola, le SRAS, le SIDA... Voici un bref échantillonnage des épidémies transmises aux humains par les animaux. Une étude de l'Institut international de recherche sur l'élevage a révélé que plus de deux millions de personnes meurent chaque année de maladies propagées par des animaux domestiques ou sauvages. Et ces données ne tiennent pas compte de ceux qui ne succombent pas à ces infections.

Selon un article du New York Times, « les maladies émergentes ont quadruplé au cours du dernier demi-siècle ». Cette hausse est principalement due à l'extension de l'empiétement humain sur les habitats de la faune sauvage. Par exemple, une étude a révélé qu'une déforestation de 4 du territoire du bassin Amazonien pouvait augmenter de 50 les cas de paludisme dans la région, les moustiques, vecteurs de la maladie, disposant maintenant de conditions idéales à leur prolifération.

Un autre exemple cité dans l'article démontre bien l'interconnexion des systèmes. Le développement en Amérique du Nord a détruit ou fragmenté des forêts entières et chassé les prédateurs qui y vivaient, causant une explosion des populations de souris à pattes blanches, porteuses de la bactérie causant la maladie de Lyme. Les souris sont incapables de se débarrasser des tiques et de leurs larves, qui absorbent la bactérie par la souris, pour ensuite la communiquer à d'autres mammifères, dont l'humain. Le nombre de tiques infectées par la maladie de Lyme s'est multiplié, communiquant ainsi la maladie à des humains plus souvent.

Dans un article du New York Times, Richard Ostfeld, spécialiste de la maladie de Lyme explique que « quand nous posons des gestes qui érodent la biodiversité dans un écosystème -- par exemple détruire des forêts ou remplacer des habitats par des champs agricoles -- nous nous débarrassons des espèces qui ont un rôle de protection ». Il ajoute aussi que ces actions tendent à favoriser les espèces vectrices de maladies.

Un autre problème semble empirer la situation: le réchauffement climatique. L'étude « Impact of Regional Climate Change on Human Health », publiée dans le journal Nature semble démontrer que les crises cardiaques et les maladies respiratoires causées par les vagues de chaleur, la transmission modifiée de certaines maladies infectieuses et la malnutrition due aux mauvaises récoltes peuvent être liées au réchauffement de la planète. De plus, selon l'étude « Global Warming and Infectious Disease », publiée dans les Archives of Medical Research, les bouleversements économiques et politiques découlant des changements climatiques peuvent nuire aux infrastructures en santé publique et compliquer la prise en charge de la hausse inévitable des maladies.

Des recherches ont aussi démontré que le réchauffement des océans augmente l'incidence de maladies d'origine hydrique, dont celles causées par des bactéries toxiques retrouvées dans les mollusques et les crustacés.

Tout ceci est coûteux : pour l'économie, la santé, et la survie humaine. La Banque mondiale estime qu'une grave pandémie de grippe pourrait coûter jusqu'à trois billions de dollars à l'économie mondiale alors que de son côté Environnement Canada affirme que la pollution atmosphérique, à elle seule, coûte des milliards de dollars annuellement à cause des coûts de soins de santé qu'elle entraîne, des jours de travail manqués et de la baisse de productivité.

Une solution clé, selon l'initiative One Health, est d'évaluer le lien entre les humains, les animaux et la santé de l'écosystème et de gérer nos activités de façon durable et holistique. Cette initiative, basée aux États-Unis, tente de réunir des experts en santé humaine, animale et environnementale pour étudier ces liens.

Un autre domaine de recherche prometteur est celui de l'évaluation du capital national. Même s'il est difficile, sinon impossible, de mettre une valeur marchande sur les divers services que la nature offre, les laisser de côté quand vient le temps de faire les calculs économiques a pour conséquence qu'ils sont souvent ignorés. Les forêts et les espaces verts filtrent l'eau et stockent l'oxyde de carbone. Les espaces verts urbains rafraîchissent l'air ambiant et protègent des orages. De plus, un écosystème équilibré offre une protection contre les flambées épidémiques. Les coûts encourus par la destruction ou le remplacement de ces systèmes par des infrastructures humaines ou, le cas échéant, les sommes nécessaires pour faire face aux conséquences de l'action humaine sont souvent plus élevés que les profits engendrés.

Nous sommes maintenant 7 milliards, et la croissance démographique est inexorable. Devant la demande constante et croissante pour plus de technologie et de commodités modernes, il semble impossible de limiter tous nos impacts négatifs. Mais il est impératif que nous trouvions des moyens de vivre dans les limites et les cycles que la nature impose. Notre santé physique, notre survie, ainsi que la santé de notre économie en dépendent.

Écrit avec les contributions de la rédaction de la Fondation David Suzuki et le spécialiste des communications Ian Hanington.

Pour en savoir plus et mieux comprendre le sujet, veuillez lire le livre Everything Under the Sun (Greystone Books/David Suzuki Foundation), de David Suzuki et Ian Hanington, maintenant en vente dans les librairies et en ligne (en anglais seulement).

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