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Raisonnable, pas radical!

Le Canada peut encore devenir un chef de file sur les questions d'énergie, des droits humains ainsi que dans les discussions et les négociations internationales. Les solutions ne sont pas radicales. Il s'agit simplement d'adopter des mesures raisonnables, comme le ralentissement de la production de sables bitumineux, l'élimination des subventions gouvernementales à une industrie qui n'en a pas besoin, l'augmentation des redevances, la mise en place d'une réserve pour les temps difficiles, l'adoption d'habitudes de conservation d'énergie et le soutien au développement d'énergies renouvelables.
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Cesser complètement de consommer du pétrole? Demain n'est pas la veille! Mais cela ne veut pas dire que nous devons continuer d'agir comme si de rien n'était.

Au Canada, « agir comme si de rien n'était » signifie augmenter de façon fulgurante l'exploitation des sables bitumineux et en vendre le bitume le plus rapidement possible au plus offrant. Cela signifie continuer d'importer la moitié du pétrole que l'on consomme (en grande partie du Moyen-Orient), tout en exportant le combustible produit au pays. Cela signifie accorder encore plus avantages fiscaux et davantage de subventions gouvernementales aux compagnies productrices de combustibles fossiles, tandis que nos industries manufacturières et à valeur ajoutée pâtissent en raison de l'inflation du prix du pétrole. Cela signifie aussi de basses redevances et de ne pas prévoir de réserve pour les temps difficiles.

Tout cela dépeint un avenir plutôt sombre: une économie chancelante alors que s'épuisent les sources de combustibles fossiles sans énergie renouvelable en quantité suffisante pour les remplacer; une dégradation de la santé pour une population vieillissante à mesure que l'eau, l'air et la terre deviennent de plus en plus pollués; une augmentation des sècheresses, des inondations et de la pénurie d'eau causée par l'intensification des changements climatiques.

Malgré cela, un avenir meilleur est possible. Le Canada peut encore devenir un chef de file sur les questions d'énergie, des droits humains ainsi que dans les discussions et les négociations internationales. Les solutions ne sont pas radicales. Il s'agit simplement d'adopter des mesures raisonnables, comme le ralentissement de la production de sables bitumineux, l'élimination des subventions gouvernementales à une industrie qui n'en a pas besoin, l'augmentation des redevances, la mise en place d'une réserve pour les temps difficiles, l'adoption d'habitudes de conservation d'énergie et le soutien au développement d'énergies renouvelables.

Nous devons également consommer les combustibles fossiles plus efficacement (en anglais). Le transport est un parfait exemple qui consomme environ 75 % de tout le pétrole en Amérique du Nord. Près de 85 % de l'énergie crée par la combustion de l'essence est gaspillée. Plus de la moitié de l'énergie restante est consacrée à déplacer l'automobile même qui pèse entre 10 et 20 fois plus lourd que ses passagers. En somme, l'efficacité énergétique du transport n'est que de 1 %...

Pour régler le problème, il faut d'abord enrayer la mauvaise foi du discours. Voyons ce que notre premier ministre affirmait récemment (en anglais) lors de son séjour en Chine : « Nous respecterons notre engagement, qui consiste à placer les intérêts des Canadiens devant celui des bailleurs de fonds étrangers qui cherchent à entraver le développement au Canada, pour favoriser plutôt l'importation d'énergie provenant de régions de la planète qui sont moins stables. »

Comment la vente de notre bitume brut à la Chine et aux États-Unis nous rendra-t-elle moins dépendants de « l'énergie provenant de régions de la planète qui sont moins stables »? Comment les intérêts canadiens sont-ils servis par la vente de nos ressources et de nos industries à des pays ayant d'atroces antécédents en matière de respect des droits de la personne et une augmentation rapide de production de gaz à effets de serre?

Et pourquoi nous entêtons-nous à exploiter les combustibles fossiles de la planète le plus rapidement possible, sachant que les ressources sont épuisables et que les changements climatiques sont un enjeu réel et très grave?

Pour l'auteur et environnementaliste Bill McKibben, l'industrie des combustibles fossiles et les gouvernements qu'elle finance placent leurs profits devant l'avenir de la planète et refusent de reconnaître la réalité des changements climatiques (en anglais) pour une raison tout à fait consternante : la valeur de cette industrie « est largement fondée sur des réserves de combustibles fossiles qui ne seront pas exploitées si l'enjeu des changements climatiques est pris au sérieux. » (nous traduisons)

Il souligne également que, « d'année en année, ExxonMobil fait plus de profits qu'aucune autre compagnie dans l'histoire n'a pu en faire. Et Chevron n'est pas loin derrière. En fait, toute l'industrie baigne dans l'argent. » (nous traduisons) Ralentir leur production - ou même admettre que l'avenir de l'humanité dépend de notre volonté de laisser une partie de la ressource dans le sol - nuirait trop à leur chiffre d'affaires.

Alors, les politiciens et représentants de l'industrie font usage de pseudoarguments pour faire taire ou pour discréditer ceux qui voudraient ramener le débat sur des terrains rationnels. Ils nous accusent d'obstruer l'industrie et nous traitent d'hypocrites en raison notre usage énergétique personnel alors qu'il est impossible de se dissocier complètement de l'économie et des infrastructures basées sur l'exploitation de combustibles fossiles.

Nous devons prendre un recul collectif et aborder la question de manière sensée. Et par « nous », je parle de vous et moi. Par « nous », je parle des gouvernements qui ont le mandat de nous représenter. Ils peuvent bien nous qualifier d'extrémistes pour se donner bonne conscience... mais nous savons bien que ce que nous proposons est simplement raisonnable.

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