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L'essentialisme religieux est une imposture

Par «essentialisme religieux», j'entends la notion que l'appartenance religieuse serait un trait essentiel de la personne, et que les adhérents d'une communauté religieuse partageraient certaines caractéristiques essentielles à cette religion. Cette attitude se manifeste surtout à l'égard des minorités religieuses, notamment aux musulmans.
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Par « essentialisme religieux », j'entends la notion que l'appartenance religieuse serait un trait essentiel de la personne, et que les adhérents d'une communauté religieuse partageraient certaines caractéristiques essentielles à cette religion. Cette attitude se manifeste surtout à l'égard des minorités religieuses. En effet, le mot « musulman » a été corrompu par cette présupposition, comme si les musulmans constituaient un bloc monolithique, ayant davantage en commun entre eux qu'avec les non musulmans. Cette évolution du sens du mot n'est pas que le fruit du hasard. Que l'appartenance à la communauté musulmane fasse partie intime de l'identité de l'individu est précisément ce que prônent les apologistes religieux - surtout les intégristes et les radicaux. Cet essentialisme convient à leurs fins politiques.

Brouiller la distinction entre l'acquis et l'inné

L'essentialisme religieux est complètement faux. Une religion n'est ni une ethnie, ni une race, mais plutôt une idéologie, un ensemble de croyances, comme des opinions politiques. Un individu peut adhérer ou non à ce système de croyances, ou l'abandonner pour en adopter un autre ou n'en adopter aucun. L'appartenance religieuse n'est pas génétique et n'est surtout pas un attribut inné ou immuable de l'individu. Considérons la provenance de cette appartenance. La religion à laquelle adhère un croyant est en général entièrement déterminée par le milieu dans lequel il a vécu durant son enfance : c'est le résultat de l'endoctrinement des enfants, sauf pour les cas peu nombreux des gens qui se convertissent à l'âge adulte.

La distinction entre caractéristiques acquises et innées est d'une importance capitale. La nier revient à nier la liberté de conscience de l'individu, car, si ses croyances sont immuables, alors il n'est pas libre de choisir. Par exemple, le mot « Juif » s'utilise dans les deux contextes, pour indiquer à la fois un système de croyances et une ethnie. Cette confusion est à l'origine de nombreuses mésententes : un individu qui critique la religion s'expose à de fausses accusations d'antisémitisme.

En matière de religion, il est toujours important de faire cette distinction entre croyants et croyances, entre êtres humains et idées, car les êtres humains seuls ont des droits. Les droits humains ne s'appliquent ni aux idéologies ni aux croyances auxquelles les humains peuvent adhérer. Les apologistes religieux, par contre, persistent à brouiller la démarcation entre religion et ethnie.

Islam, islamisme et apostasie

L'islamisme est une idéologie politico-religieuse radicale inspirée de l'islam. Il n'est pas distinct de l'islam, mais plutôt un sous-ensemble de celui-ci et compatible avec ses principes. L'islamisme en prend le pire, les aspects les plus rétrogrades, obscurantistes, inégalitaires, antidémocratiques et totalitaires, afin de l'imposer de façon intransigeante.

En prônant l'essentialisme islamiste, c'est-à-dire en assimilant les musulmans à une communauté homogène (comme le font les bigots comme Donald Trump et les dupes complaisantes comme Justin Trudeau), les inquiétudes légitimes dues au radicalisme islamiste se transforment en antipathie dirigée contre les musulmans en général. Ceci à son tour consolide l'idée fausse de l'essentialisme. C'est précisément ce que cherchent les islamistes radicaux, car leur but est de fomenter du ressentiment chez l'ensemble des musulmans, pour que ceux-ci se perçoivent comme victimes et cibles d'hostilité, afin de favoriser la radicalisation chez eux.

La condamnation de l'apostasie par l'islam indique aussi la nature non essentielle de l'appartenance religieuse. Youssef al-Qaradâwî, théologien islamiste égyptien et mentor de la confrérie des Frères musulmans, avoue que l'islam n'aurait jamais survécu sans le châtiment pour apostasie, allant jusqu'à la peine de mort. Il s'agit du déni absolu de la liberté de conscience de toute personne ayant eu la malchance de naître dans cette religion.

Encore pire, beaucoup de non-musulmans tombent dans le piège essentialiste qui sous-tend cette condamnation de l'apostasie, comme si les pratiques et tenues religieuses étaient obligatoires et incontestables, devant alors être accommodées. Ainsi, on entérine le communautarisme religieux (connu aussi sous l'appellation « multiculturalisme »), une idéologie essentialiste et anti-laïque qui accorde davantage d'importance à l'appartenance ethnoreligieuse de l'individu qu'à sa liberté de conscience. Comme l'interdiction de l'apostasie, ce déterminisme ethnoreligieux constitue une menace pour la liberté de conscience.

« Islamophobie », blasphème du 21e siècle

Le 26 octobre 2016, le parlement canadien a adopté à l'unanimité une motion condamnant l'« islamophobie », faisant écho à une résolution similaire adoptée le 1er octobre 2015 par l'Assemblée nationale. Chacune de ces actions constitue probablement la mesure la plus écervelée jamais prise par les législatures canadienne et québécoise. De toute évidence, l'unanimité a été atteinte par intimidation, les députés ayant sûrement peur de se faire accuser de « racisme », d'« intolérance » ou d'autres injures spécieuses. Ils se sont fait berner.

Pourtant, la soi-disant « islamophobie » est une imposture, car le suffixe « phobie » indique une peur irrationnelle, alors qu'il n'y a rien d'irrationnel à avoir peur d'une idéologie ou d'une religion. Ce terme sert tout simplement à censurer les critiques de l'islam et de l'islamisme, critiques non seulement légitimes, mais en fait nécessaires dans toute société qui se prétend libre. Les accusations diffamatoires d'« islamophobie » et de « racisme », brouillent délibérément la ligne entre attributs acquis et innés.

Le voile appartient au fanatisme

Le voile islamiste sous toutes ses formes - hijab, tchador, niqab, burqa, burkini, etc. - est un vêtement imposé par les islamistes, pas par l'islam en général. Il n'appartient qu'au sous-ensemble radical et politisé de l'islam. Dire que le voile est « musulman » est une sérieuse erreur qui conforte l'essentialisme, comme si le simple fait d'être musulmane obligeait une femme à porter le voile, comme si ce voile constituait un aspect essentiel de son identité.

L'islam politique mène actuellement campagne dans le but d'imposer ses symboles et ses valeurs partout où il peut trouver une ouverture. La promotion du voile islamiste fait partie de cette campagne de provocation et d'exhibitionnisme identitaires. Toute femme qui le porte volontairement participe un tant soit peu à cette campagne et devient ainsi complice des courants les plus rétrogrades et fanatiques de l'islam.

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