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Oui à la légalisation, non à la privatisation

La privatisation de la distribution pourrait aussi compromettre le contrôle de la qualité du cannabis et donc sa consommation sécuritaire.
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L'industrie du cannabis est lucrative et en plein essor au Colorado depuis sa légalisation en 2012. L'an dernier, les ventes de cannabis totalisant 700 millions de dollars ont même dépassé celles de l'alcool dans cet État américain. Une augmentation du nombre de consommateurs et donc possiblement des conséquences liées à sa consommation y a aussi été observée. Est-ce vraiment ce que l'on veut pour le Québec? Le groupe de Jeunes médecins pour la santé publique (JMPSP) recommande la précaution.

Selon les données scientifiques et les expériences vécues à l'international, la légalisation du cannabis a plusieurs avantages. Elle permet entre autres un meilleur contrôle de la production de la substance et de son accessibilité, de même qu'une restriction sévère de sa promotion particulièrement auprès des jeunes. Elle donne aussi lieu à une meilleure compréhension de ses effets via la recherche, donnant lieu à une sensibilisation appuyée sur des données scientifiques robustes pour mieux informer la population. Bref, la position de la santé publique est unanime: les bénéfices de la légalisation du cannabis pour la santé de la population excèdent les risques qui y sont liés.

Toutefois, ceci n'est vrai que si des conditions essentielles sont respectées. Dans un mémoire diffusé en avril dernier, les Directeurs de santé publique du Québec recommandent d'accompagner la légalisation du cannabis de mesures visant à 1) prévenir la consommation, particulièrement chez les jeunes, 2) limiter les risques à la santé chez les consommateurs, 3) assurer la sécurité et la protection des Québécois et 4) investir en éducation, surveillance, recherche et évaluation liées au cannabis.

Malheureusement, le comité ministériel présidé par la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, s'enligne vers le non-respect de ces conditions. En effet, la distribution du cannabis par le secteur privé va à l'encontre des bonnes pratiques. Les experts de santé publique préconisent plutôt un modèle de distribution sans but lucratif, tel qu'un monopole d'État où une instance indépendante assurerait un contrôle serré de ladite distribution, tout en garantissant que les revenus générés soient dédiés à la prévention des conséquences néfastes liées à la consommation du cannabis. Mais cette option a été balayée par le gouvernement. Pourtant, les risques décriés par plusieurs dans les médias sont liés non pas à la légalisation de la substance, mais bien aux pratiques de sa commercialisation.

Les tentatives ardues de contrôle de la distribution du tabac nous le démontrent bien, cette industrie trouvant mille et une façons de contourner la loi pourtant stricte.

Lorsque le secteur privé est responsable de la distribution, la restriction de l'accès au cannabis est difficilement régulée, et ce, malgré un encadrement réglementaire serré tel qu'annoncé par le gouvernement. Les tentatives ardues de contrôle de la distribution du tabac nous le démontrent bien, cette industrie trouvant mille et une façons de contourner la loi pourtant stricte.

La privatisation de la distribution pourrait aussi compromettre le contrôle de la qualité du cannabis et donc sa consommation sécuritaire. Bien que le gouvernement Trudeau régule sa production par des permis, des mécanismes de contrôle de la qualité doivent aussi être prévus auprès des distributeurs. Le scénario préconisé par le comité ministériel, où les vendeurs s'approvisionneraient directement auprès des producteurs, ne permet pas la mise en place de cette assurance qualité.

JMPSP réitère donc la position des experts en la matière afin d'amenuiser les effets néfastes du cannabis, soit une distribution sans but lucratif visant la protection de la santé plutôt que via le privé. Nous demandons au comité ministériel présidé par Mme Charlebois de réviser sa position quant à la distribution du cannabis par le secteur privé, au nom de la santé des Québécois.

Ce texte est cosigné par Dr Mathieu Lanthier-Veilleux.

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Mai 2017

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