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Quand le gouvernement protégera-t-il les droits des jeunes transgenres?

Nous demandons haut et fort, en tant que jeunes citoyens, que le projet de loi permettant le changement de mention de sexe soit adopté avant le mois de juin 2016.
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Monsieur le premier ministre,

Madame la ministre de la Justice,

Nous vous écrivons aujourd'hui parce que nous avons vraiment besoin de votre soutien. Nous savons que vous nous avez entendus, mais nous vous écrivons, car nous avons besoin de voir des actions concrètes. Nous sommes deux jeunes qui vivons des réalités difficiles, en grande partie parce que nos identités de genre ne sont pas respectées ni reconnues. De plus, nous croyons que vous pouvez jouer un rôle important dans l'amélioration de nos vies.

Comme vous le savez, le Code civil, dans sa forme actuelle, ne permet pas le changement de mention de sexe à l'acte de naissance, chez les mineurs comme nous. Cela nous cause bien des problèmes et aujourd'hui, dans le cadre de la journée internationale contre l'homophobie et la transphobie, nous vous lançons un cri du coeur.

Vous savez sûrement que dans les cours d'éthique et de cultures religieuses au Québec, on nous apprend que l'éthique est la réflexion sur les valeurs et les normes qui influencent les personnes à agir d'une façon ou d'une autre. Ces façons doivent respecter au minimum les droits fondamentaux de tous. Dans notre cas, on nous enseigne l'éthique dans un contexte non éthique; on nous demande de nous épanouir dans des environnements qui ne nous permettent pas d'être traités de manière égale à tous les enfants. On nous accorde des droits seulement quand on est certain que cela ne mettra pas les autres inconfortables. Est-ce que nos droits sont moins importants que les malaises qu'une poignée de personnes peuvent ressentir à l'égard des personnes transgenres?

Nous sommes parmi les privilégiés qui ont le soutien de leurs parents. Nos deux familles ont toujours été là pour nous. Par contre, nous sommes aussi conscients que nous sommes chanceux, car nous avons rencontré d'autres jeunes qui n'ont pas la même chance que nous. Sans soutien parental, il est impossible de s'épanouir dans la famille; mais aussi à l'école, car c'est souvent nos parents qui se battent pour nous afin que nous ayons accès aux mêmes droits que les autres enfants. Nous sommes chanceux d'avoir accès à des services de santé. Plusieurs jeunes n'ont pas accès à cela parce que leurs parents ne sont pas là pour défendre leurs droits. Quand le gouvernement du Québec va-t-il se lever pour protéger les droits des plus vulnérables de notre société?

En décembre dernier, le gouvernement a trouvé le temps d'adopter le projet de loi 54 visant à protéger les animaux et à leur donner des droits afin d'éviter la maltraitance, ce qui est très bien. Pouvons-nous aussi, les jeunes transgenres, espérer que notre gouvernement trouve le temps de protéger nos droits comme ceux de tous les enfants; ces besoins sont reconnus par les instances internationales et pourtant, notre gouvernement ne semble pas mettre en priorité l'adoption d'une loi pour nous permettre de changer de mention de sexe sur nos documents officiels avant la majorité, un besoin très reconnu.

La députée de Québec solidaire, Manon Massé, a déposé jeudi dernier un projet de loi (le projet de loi 598) qui pourrait, avec la volonté des parlementaires, être adopté avant juin. Cela nous permettrait de commencer l'année scolaire 2016-2017 avec une assurance que notre identité sera respectée et que nous n'allons pas encore être victimes de discrimination dans les écoles, les services de santé et autres. C'est une question de priorité. Nous avons aussi entendu dire que la ministre fédérale de la Justice annoncerait très prochainement que de nouvelles protections seront ajoutées à la Charte canadienne des droits et libertés en lien avec l'identité de genre et l'expression de genre comme motif de discrimination au Canada. Quand le gouvernement du Québec nous donnera-t-il ces droits-là, pourtant déjà acquis par nos amis dans six des dix provinces canadiennes?

Monsieur le premier ministre, Madame la ministre de la Justice, vous avez le pouvoir d'appeler ce projet de loi et de réécrire l'histoire du Québec. Aujourd'hui, nous demandons donc haut et fort, en tant que jeunes citoyens, que le projet de loi permettant le changement de mention de sexe soit adopté avant le mois de juin 2016.

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